Economie tunisie

Rym Bouderbala, maître de conférences à l’ISCAE à La Presse: “L’ESS est un autre paradigme: de création de richesses”

L’économie sociale et solidaire rompt avec le modèle extractif qui repose sur  l’exploitation des ressources. C’est un modèle qui incite à l’innovation et qui bénéficie à toutes les parties prenantes.

Rencontrée en marge du débat, qui a été récemment organisé à l’Institut supérieur de comptabilité et d’administration des entreprises (Iscae) autour du thème de l’économie sociale et solidaire, Rym Bouderbala, maître de conférences, est revenue sur l’état des lieux de l’ESS en Tunisie. Soulignant que l’économie sociale et solidaire constitue «un autre paradigme de création de richesses, basé sur l’inclusion», l’enseignante universitaire a fait savoir que ce modèle a fait ses preuves dans plusieurs pays à travers le monde. L’inclusion passe, dans ce cas, par l’encouragement des citoyens à l’innovation, car, en innovant, ils créent de la valeur. «Avec l’ESS on ne va pas être dans le modèle extractif basé sur l’exploitation des ressources. On pousse plutôt les gens à créer de la richesse dans un contexte qui bénéficie à toutes les parties prenantes. Parce que pour que l’entreprise perdure, il faut qu’elle soit dans une stratégie gagnant-gagnant avec les différents partenaires», a-t-elle souligné dans une déclaration à La Presse.

Un arsenal législatif étoffé, mais…

Bouderbala a fait savoir que, suite à l’adoption de plusieurs textes de loi relevant du registre social et solidaire, la Tunisie s’est dotée d’un arsenal législatif relatif à l’Economie sociale et solidaire. Il s’agit, en premier lieu, de la loi RSE (qui a été promulguée en 2018), mais aussi de la loi relative à l’ESS, adoptée en 2020. «La loi RSE n’a pas été complétée de décrets d’application permettant d’identifier les entreprises pratiquant la RSE, qui doivent être, en vertu de cette même loi, reconnues par un haut comité. Cette labellisation leur permet de bénéficier de financements spéciaux et d’aides via les fonds verts», a-t-elle indiqué, précisant que le principal objectif derrière l’instauration d’une loi RSE en Tunisie était de contribuer à la réalisation des Objectifs de développement durable pour lesquels s’est engagée la Tunisie.

Elle a indiqué que la loi relative à l’ESS — qui exige, également, la labellisation des entreprises de type social et solidaire — est venue rajouter une couche à cet arsenal législatif. Bouderbala affirme, en ce sens, que le modèle de l’ESS est une expérience qui a réussi dans plusieurs pays. Le commerce équitable, qui a le vent en poupe en Europe, peut être, dans ce cas, un exemple édifiant. «L’entreprise économique solidaire est dotée d’un avantage concurrentiel. Quand on est dans le social et solidaire, les gens préfèrent acheter le produit directement au producteur sans passer par la kyrielle d’intermédiaires qui font gonfler les prix. C’est une autre manière de créer de la valeur», a-t-elle insisté.

Selon la chercheuse, l’entreprise sociale et solidaire peut être une entreprise viable qui rompt avec le modèle des incitations fiscales qui a montré ses limites. «On a vu des entreprises qui sont créées sur la base des avantages fiscaux et qui mettent la clé sous le paillasson, au bout de cinq ans, une fois qu’elles n’avaient plus droit à ces avantages. […] Si on continue comme ça, le pays devient un paradis fiscal», a-t-elle souligné.

S’assurer des préalables

En effet, pour que le modèle de l’ESS puisse réussir en Tunisie, l’enseignante universitaire recommande d’adapter ce concept au contexte tunisien. «Il ne faut pas inventer la roue. Il faut rester sur ce qui est fait, tout en tenant compte de la culture qui prévaut dans la société tunisienne. Car le Tunisien aime avoir sa propre propriété», fait-elle remarquer.

S’agissant des entreprises communautaires, Bouderbala a précisé que la loi de finances 2023 a prévu une ligne de financement de 20 millions de dinars au profit de ces structures. A en croire l’enseignante universitaire, le financement de ce type d’entreprise demeure un point problématique puisqu’il provient, entre autres, des fonds issus de la réconciliation pénale, et que ces fonds ne sont pas toujours définis et restitués.  «Entre-temps, le financement proviendra des fonds de l’Etat. Mais est-ce que ce modèle va réussir ? Tout ce qu’on sait, c’est que les études qui ont été réalisées dans d’autres pays tiennent compte des spécificités contextuelles et culturelles. Maintenant, il faut cocher les cases, évaluer les préalables pour s’assurer que ce modèle puisse réussir en Tunisie», a-t-elle conclu.

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