Culture

Festival du Oud au club Tahar-Haddad: Les maîtres des cordes

Le principe est clair pour ce festival, seul le oud est maître sur chaque scène, à chaque rendez-vous, des cordes vibrent et échangent pour dominer les esprits et appeler à déguster la musique et ses variations. Vivement la prochaine session.

Le récital de Charbal Rouhana et Elie Khoury intitulé conversation oud et bouzouk était un moment suspendu dans le temps, un instant de musique pure où les cordes conversent, échangent et se donnent la réplique.

Deux instruments dont chacun évoque un territoire, une culture et une sonorité narrative, mais se rencontrent à travers ses deux artistes dans une zone commune où les sensibilités se façonnent par une grande technicité.  Nous étions loin des performances tape-à-l’œil et des prouesses techniques sans âme. Nous étions bercés par tant de complicité, de synergie jusqu’à l’apothéose. Tous deux natifs du pays des cèdres, Charbel Rouhana et Elie Khoury se sont rencontrés en 1999, autour de leur passion commune pour le oud et le bouzouk. Ils séduisent par leur palette musicale aux timbres chauds et intenses et leur savante combinaison entre un jeu instinctif et une performance technique de haut niveau.

Le temps d’un concert face à un public totalement à l’écoute, le voyage s’est fait par les notes et les mélodies, quand le oud prend le dessus, le bouzouk se fait discret, et quand le bouzouk impose sa tonalité, le oud lui prête le pas. Et quand la passion les enflamme, ils avancent ensemble dans une harmonie parfaite.

Charbel Rouhana, ce prestigieux habitué du festival du oud qu’organise le club culturel Tahar Haddad,  est l’un des grands maîtres du luth oriental à avoir largement contribué à rénover la pratique et les techniques de cet instrument à cordes pincées. Ancien membre de l’ensemble Al-Mayadine formé par Marcel Khalifé, et faisant partie aujourd’hui du Beirut Oriental Ensemble, Charbel Rouhana a accompagné au luth Fairouz, Majda Al Roumi, Julia Boutros, entre autres. Il a aussi composé différentes musiques pour Abdel-Halim Caracalla, chorégraphe et directeur artistique de la célèbre compagnie de danse Caracalla.

Ses talents de musicien et de compositeur sont reconnus bien au-delà des frontières du Liban.

Avec Elie Khoury, ils créent un lien entre l’Orient et son extrême, partent vers des sentiers où il est plaisant de se balader avec passion, recherche et finesse.

L’aventure du festival du oud prendra fin ce soir au Théâtre des régions à la Cité de la culture, avec un autre maître du oud issu de l’école irakienne Nassir Chamma. Un luth et un homme, et nous voilà plongés dans un voyage musical. Des images s’affichent, des souvenirs affleurent, et l’imaginaire nous transporte dans un périple aux mille et une destinations. C’est ce que Nassir, grâce à sa dextérité et à son aisance exceptionnelle, arrive à recréer à l’aide de son fidèle compagnon, le oud. Doté d’une extraordinaire technique dans la précision de son doigté, alimenté par une grande liberté artistique, Nassir introduit sa touche personnelle dans le jeu traditionnel du maqâm.

Ce soir, il promet de réveiller en nous une multitude de sensations par la seule grâce de son oud. Il ne se contente pas de reproduire les grands morceaux du répertoire classique arabe, il innove. Ses recherches et sa curiosité ont ainsi abouti à des découvertes dans le domaine musical, notamment en développant une technique de jeu du luth à une main (pour les personnes handicapées), mais aussi en concevant un luth à huit cordes, une idée qui avait germé un millénaire plus tôt dans l’esprit du théoricien de la musique al-Farâbî. Grande soirée en perspective.

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