Stress hydrique : Le dessalement d’eau de mer, une solution mais à impact environnemental
Dans le paysage aride de la Tunisie, l’eau, élément vital de la vie, se fait de plus en plus rare. Le stress hydrique, une réalité pressante, met en péril les ressources en eau du pays. Des barrages qui s’assèchent aux nappes phréatiques en déclin, la Tunisie est confrontée à un défi crucial.
Les ressources en eau sont devenues rares en Tunisie. L’impact social se fait ressentir de plus en plus. L’Etat s’est lancé dans une stratégie de rationnement de l’eau puisque dans certaines régions, l’eau potable n’est disponible que pendant quelques heures de la journée. Le stress hydrique n’est plus un simple discours porté par les scientifiques et autres écolos, mais une réalité sociale à laquelle sont confrontés tous les Tunisiens, la Tunisie connaissant depuis plusieurs années de longues séquences de sécheresse, même pendant la saison pluviale. En effet, pour les responsables, le stress hydrique est un problème majeur qui résulte de la rareté des ressources en eau dans la région. La Tunisie fait face à des défis sérieux liés à la disponibilité et à la gestion de l’eau, en raison de facteurs tels que la variabilité climatique, la croissance démographique, l’urbanisation rapide, et les pressions exercées par l’agriculture. La situation s’est aggravée par le manque de précipitations accru et l’épuisement des nappes phréatiques.
La situation hydrique s’est améliorée mais reste préoccupante
Heureusement, pour cette saison, la pluie est au rendez-vous ces derniers jours, notamment au nord du pays où l’INM a enregistré d’importantes quantités en termes de pluviométrie, notamment samedi dernier. Le gouvernorat de Jendouba a été particulièrement arrosé avec 88 mm enregistré à Oued Mliz, 49 mm à Aïn Drahem ou 50 mm à Ghardimaou. Idem pour le gouvernorat du Kef où l’INM a relevé 49 mm à Sakiet Sidi Youssef.
Dans cette situation, tous les yeux se tournent vers les barrages. Jusqu’à dimanche, le taux de remplissage des barrages était de 33,8%, soit 9,5 millions de mètres cubes d’eau. Les barrages du Nord étaient remplis à 40%, ceux du Centre à 12% et ceux du Cap Bon à 9% environ. Ces dernières pluies ont amélioré le niveau de remplissage de certains barrages, notamment au nord-ouest.
C’est ce que confirme Ameur Bahba, ingénieur à l’Observatoire tunisien de la météo et du climat, qui estime toutefois que la situation est toujours préoccupante. « La situation hydrique en Tunisie s’est améliorée ces derniers mois, mais reste préoccupante », a-t-il déclaré à La Presse, laissant entendre que certains barrages dans le nord-ouest du pays étaient remplis à plus de 90%. « La Tunisie, précise-t-il, consommait environ un million de mètres cubes d’eau par jour. La situation n’est pas très rassurante, mais elle va probablement s’améliorer grâce aux précipitations prévues les mois prochains». Il a souligné que «les barrages devraient atteindre un taux de remplissage de 50% au moins, pour pouvoir couvrir les besoins de consommation en eau durant l’été », appelant à une stratégie nationale permettant de préserver les ressources en eau et en diversifier les sources.
Le dessalement, une arme à double tranchant
Face à cette situation préoccupante, la Tunisie s’est lancée dans des projets de dessalement d’eau de mer comme alternative sérieuse. Actuellement, trois grands projets de ce genre sont en cours de réalisation dans trois régions différentes.
A Sfax, le projet de la station de dessalement d’eau de mer, dont les travaux de réalisation ont été lancés au mois d’avril 2022, entrera en vigueur cet été. Cet ouvrage est d’une capacité de 100.000 m3 par jour dans une première phase, et de 200.000 m3 par jour dans une deuxième phase.
A Sousse, le taux d’avancement des travaux de construction de la station de dessalement d’eau de mer à Sidi Abdelhamid a dépassé 60%.
Cette station, moyennant un investissement de 128 millions de dinars (MDT), sera en mesure de dessaler près de 50.000 m3 d’eau de mer par jour, dans une première étape. Sa capacité de dessalement peut être portée à 100.000 m3 par jour, dans une seconde étape.
A Gabès, les travaux d’aménagement de la station à Zarat ont atteint un taux d’avancement de 80%, selon les données fournies par la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede).
Cette station, dont la capacité de production atteindra 50.000 m3 par jour, extensible jusqu’à 100.000 m3 par jour, contribuera à répondre à la demande accrue en eau, à améliorer sa qualité et éviter la pénurie en eau potable telle qu’enregistrée ces dernières années pendant les périodes de pic estivales dans la région.
Notons également que la première station de dessalement d’eau de mer en Tunisie, l’unité de Djerba, est entrée en exploitation en mai 2018. Cette technique d’approvisionnement en eau potable est présentée comme la réponse adéquate à la pénurie d’eau qui touche la région. Cette station de dessalement permet actuellement de répondre aux besoins en eau potable de l’île qui sont estimés à 40 000 m3 journaliers en hiver et 75 000 m3 en été, selon les indications de la Sonede.
Bien que cette technique soit une solution potentielle pour faire face à la pénurie d’eau dans certaines régions du monde, elle présente également des défis et des inconvénients qui en font une «arme à double tranchant». Le processus de dessalement, en particulier par osmose inverse, nécessite une quantité importante d’énergie.
Cela peut rendre le dessalement coûteux sur les plans économique et environnemental, surtout si l’énergie provient de sources non renouvelables. Le rejet de saumure concentrée dans l’océan peut avoir des conséquences sur l’écosystème marin, en modifiant la salinité de l’eau et en affectant la vie marine locale.
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