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Secteur des composants automobiles : la nécessité de maintenir la position de la Tunisie

Secteur des composants automobiles : la ncessit de maintenir la position de la Tunisie

 

Le secteur des composants automobiles est un secteur stratégique pour la Tunisie. Cependant, il fait face à de nombreux défis, étant confronté à des changements radicaux.

 

Le secteur des composants automobiles, important pour la Tunisie, comprend plus de 200 entreprises, emploie plus de 95.000 personnes et génère un chiffre d’affaires dépassant les 2,4 milliards d’euros, soit plus de 16% des exportations du pays.

Or, le secteur est en train de subir des changements importants. Tout d’abord, l’Union européenne avait décidé la fin des voitures thermiques en 2035, avec l’arrêt des ventes de voitures et véhicules utilitaires légers neufs à essence et diesel ainsi que des hybrides au profit de véhicules 100% électriques. L’objectif étant de réduire à zéro les émissions de CO2 des voitures neuves en Europe à partir de 2035, car un véhicule standard émet en moyenne 4,6 tonnes de CO2 par an et 17% des émissions mondiales sont attribuées au transport routier.

En outre, et à partir de 2026, les industriels qui exportent vers l’Union européenne seront soumis au Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), une taxe sur les émissions carbone liées à la production des produits importés (plus l’empreinte carbone baissera, plus la taxation sera moindre).

Ainsi, des défis environnementaux et énergétiques cruciaux se posent, compte tenu du poids du secteur des composants automobiles en Tunisie et surtout vu que les exigences des constructeurs ont augmenté face aux seuils fixés par les gouvernements, notamment en termes de propreté et d’efficacité énergétique.

 

Ainsi, le secteur se trouve dans une phase charnière ou les enjeux sont énormes, la concurrence rude et chaque faux-pas sévèrement sanctionné. Un marché perdu étant généralement un marché irrécupérable ou difficilement récupérable. Et la Tunisie veut maintenir sa position régionale et demeurer un site de référence qui continue à attirer les constructeurs.

C’est dans ce contexte que les entreprises tunisiennes devraient mettre les bouchées doubles, et afficher des performances exceptionnelles, en matière de durabilité. Car désormais, avant de donner un projet de business à une entreprise, les constructeurs vérifient en l’occurrence leur : neutralité, leur mix énergétique, les émissions de gaz à effet de serre par produit, la propension d’énergie renouvelable utilisée dans la production, la recyclabilité des matières qui sont utilisées et des produits finaux qui seront générés, la chaîne de valeur qui se doit d’être responsable et durable ainsi que les ressources, les processus et les produits plus durables. Adopter une démarche ESG (environnement, social et gouvernance) n’est plus une option, mais une obligation : minimiser l’impact sur l’environnement avec la réduction de leur empreinte carbone, recyclage, circularité, égalité entre les genres, conditions de travail décentes, diversité impact de l’entreprise dans sa communauté et dans son environnement, via les actions RSE, etc.

Un défi qui s’avère difficile sans le soutien de l’État, au moins par l’amendement des lois et l’accélération des procédures, en allégeant la bureaucratie. Le hic c’est que les entreprises tunisiennes sont confrontées aussi au retard en matière de protection de l’environnement, d’énergie renouvelable et propre ou d’efficacité énergétique. Elles essaient tant bien que mal à améliorer leur neutralité carbone et leur mix énergétique, se heurtant à des murs de bureaucratie et d’entraves de tous genres.

 

Malheureusement, le gouvernement essaie de faire de son mieux, mais vu les diverses crises il ne peut pas faire plus. Il a signé en juin 2022 un pacte PPP avec la TAA qui demeure insuffisant.

« Le paysage du secteur automobile est en train de changer et nous en sommes très conscients. Cela se matérialise dans le pacte PPP qui a été signé en juin 2022 avec Tunisian Automotive Association (TAA), qui vise la promotion de l’industrie automobile à l’horizon 2027 et qui contient 31 mesures », avait affirmé, le directeur général des Industries manufacturières au ministère de l’Industrie Fethi Sahlaoui, dans une interview à Business News en novembre 2022.

Ce pacte comprend six objectifs stratégiques, et 31 mesures et engagements ayant comme finalité de permettre à l’industrie automobile d’atteindre son plein potentiel et un niveau de compétitivité à même d’impacter positivement l’ensemble de l’économie tunisienne.

Ses principaux objectifs sont :

Atteindre des exportations représentant près de 13,5 milliards de dinars en 2027 contre 7,5 milliards de dinars en 2021
Attirer des investissements d’une valeur équivalente à 22% du PIB du secteur en 2027 contre 12% en 2019.
Installer une unité d’assemblage de véhicules électriques (et/ou véhicules autonomes et/ou véhicules connectés) porteuse de transfert technologique avec un investissement de 300 millions d’euros ainsi que deux nouveaux équipementiers automobiles de rang 1 (à titre d’exemple : Continental, Bosch, Denso…) avec un investissement de 100 millions d’euros chacun outre quatre centres de compétences et/ou de recherche et développement
Créer 60.000 emplois additionnels entre 2022 et 2027 pour atteindre 150.000 emplois en 2027
Atteindre un taux d’intégration nationale de 48% en 2027 avec une diversification de la chaîne de valeur et un taux d’encadrement de 19% en 2027 contre 12% en 2021.

Des objectifs qui seront difficiles à réaliser avec les actuels challenges et freins.

En parallèle, l’État s’est engagé à mettre en œuvre 22 mesures :

Infrastructure : quatre mesures pour améliorer l’infrastructure tunisienne et l’efficience logistique à travers notamment la mise à niveau des ports, l’amélioration des lignes maritimes, l’aménagement des zones industrielles, et l’aménagement des sites d’implantation pour les constructeurs automobiles. Ça concerne notamment les quais 8 et 9 du port Radés, le port de Zarzis, le port d’Enfidha dont le parachèvement est prévu pour 2026 ;
Cadre réglementaire et incitatif : huit mesures pour améliorer le climat des affaires via la simplification des procédures administratives et des primes à l’investissement et réinvestissement ;
Emploi & Formation : deux mesures pour assurer l’adéquation entre l’offre et la demande au niveau du marché de l’emploi mais également assurer une disponibilité des profils spécialisées et de qualité ;
Recherche & Développement : trois mesures pour assurer une montée en valeur ajoutée du secteur Automobile ;
Visibilité et Image : cinq mesures pour communiquer, promouvoir et mettre en exergue les potentialités existantes du secteur automobile afin d’attirer les constructeurs automobiles.

 

Face à ses importants enjeux, un panel sera consacré à ce secteur stratégique dans la 21e édition du Tunisia Investment Forum (TIF), qui se tiendra les 12 et 13 juin 2024, à l’Hôtel Ramada Plaza à Gammarth. Sachant que les exportations tunisiennes vers l’Union européenne représentent plus de 70% du total des exportations et qu’une part importante de ces exportations sont des composants automobiles, cette édition intitulée « Forum d’affaires UE-Tunisie » sera un témoignage du partenariat durable entre la Tunisie et l’Union européenne. Elle représentera une étape importante dans l’engagement commun à favoriser l’accroissement des investissements et de la collaboration entre les deux rives de la Méditerranée.

Ce forum, qui mettra en lumière le potentiel de l’économie tunisienne en matière d’innovation et d’investissement durable, se veut une plateforme unique pour forger de nouveaux partenariats, attirer des investissements et présenter le vaste potentiel de la Tunisie en matière d’investissements dans divers secteurs à forte valeur ajoutée, dont celui des composants automobiles.

 

Le secteur des composants automobiles est stratégique pour la Tunisie, d’où la nécessité de maintenir sa position face à une concurrence rude et des changements radicaux.

 

Imen NOUIRA

 


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