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POINT DE VUE | Un problème de fond

 

On ne peut pas (ne doit pas) ignorer ce qui s’est passé lors du derby tunisois CA-EST à Radès et les tristes incidents de violence qui auraient pu coûter des vies humaines. Seulement, la manière réductrice et pas innocente que plusieurs «observateurs» et «consultants» tentent d’imposer, n’est pas le meilleur moyen de comprendre ce qui s’est passé et les tristes scènes qui ressurgissent de nouveau au stade de Radès. Se contenter de blâmer et d’incriminer une partie du public du CA est quelque chose qui ne va pas décoder le contenu et les dessous de cette violence. Le problème est sûrement plus grave, plus complexe. Nous parlerons plus d’un spectre de violence nourri en grande partie par un fanatisme toléré et orchestré à travers une compétition injuste, un public qui s’est habitué à l’impunité, une approche sécuritaire drastique et pas flexible, des réseaux sociaux qui transmettent la haine jour et nuit entre les supporters, une frustration juvénile extériorisée dans les stades. Pour revenir aux incidents de Radès, il faut revenir au derby aller, et c’est là où les choses ont commencé : pendant plus de 25’, on a permis au public de l’EST d’enflammer le stade avec un usage excessif des «craquages» et des fumigènes, alors que c’est interdit et c’est très dangereux à la moindre mauvaise manipulation. Ce n’était pas un beau spectacle, c’était très laid, c’était très risqué en présence de dizaines de milliers de personnes en plein feu avec le risque que cela pose. Au retour, on était alors obligé, par (fausse) équité, de tolérer l’usage de ces néfastes explosifs par le public du CA. Idem : un stade de Radès plein de feu pendant plus de 20 minutes. Et puis une étincelle qui, sur fond d’excitation, a amené ces tristes événements. Parlons aussi de ce qu’on appelle «la Dakhla» du derby, ou le «Tifo» que le public du CA et celui de l’EST préparent soigneusement avant le début du derby.

Là encore, on a dépassé toutes les limites, et ce, des deux côtés. Des slogans racistes, obscènes, diffamatoires où l’on en arrive à comparer le public adverse à des animaux et des représentations indignes. Et cela est filmé pendant des minutes par la télévision pour que le monde entier regarde cette culture de la haine en live et qui dépasse le cadre sportif. Il faudra à court terme reprendre le calme et freiner les ardeurs en appliquant strictement la loi envers les deux publics de la même façon, car ce deux poids deux mesures est la chose la plus aguichante qui va amener l’escalade. Des propositions ? Pour la saison prochaine, un derby sans fumigènes, sans pétards, sans «craquage» et surtout sans «Dakhla» diffamatoire (et même sans Dakhla tout court!). Juste des drapeaux des deux clubs, et pas la peine de ces scènes qui veulent ressembler aux stades argentins ou brésiliens. Sinon, il faudra traiter ce dossier de violence avec une approche multidisciplinaire pour faire les choses en règle. Ce supporter du virage est quelqu’un de frustré et qui a un mode comportemental différent du prototype du supporter classique. Cela fait des années que l’on tourne en rond sans éradiquer cette violence exacerbée, surtout au stade de Radès. Tan que les racines de cette violence et de cette haine sont «cultivées» et «alimentées» par plusieurs messages et aberrations passés jour et nuit dans des médias partiaux et, bien entendu, les réseaux sociaux, on ne bougera pas d’un iota.

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