Point de vue | Dirigeants incontrôlables !
Les appels incessants de Néji Jouini, nouveau patron de l’arbitrage tunisien, aux arbitres et aux dirigeants pour réussir la partie décisive de la saison, vont-ils trouver bon entendeur ? Ce n’est pas si évident. Les paroles d’un Néji Jouini habitué à un autre standing au championnat qatari sont belles à entendre, mais difficiles à concrétiser si vite. Les premiers matches du play-out confirment un léger mieux avec des arbitres qui laissent le jeu se poursuivre et qui ne sifflent pas à la moindre faute. On a vu certains arbitres plus stricts envers les bancs des remplaçants, mais il faudra attendre la phase retour où chaque point perdu ou gagné vaudra tant. Néji Jouini a parlé avec les dirigeants des clubs et a essayé de transmettre certains messages. Mais l’homme n’a pas vraiment idée combien les dirigeants et les entraîneurs ont changé.
C’est une autre ambiance, c’est une autre époque beaucoup plus «menaçante» et un contexte beaucoup moins «respectable» que lorsqu’il sifflait. Après des années de normalisation avec les calculs et les dépassements de tous genres dans notre championnat, les dirigeants n’ont plus de lignes rouges vis-à-vis des arbitres. Une bonne partie de ces derniers servent des clubs connus, se trompent de mauvaise foi et changent le cours des matches pour obéir à des instructions. Cela n’a pas commencé avec Wadï El Jary, c’est bien avant que les arbitres ont perdu de leur impartialité et de leur crédibilité. En face, des dirigeants de plus en plus impudiques et indécents. Ils se permettent tout pour gagner un match ou un titre.
Le tout dans une fastidieuse omerta que personne n’a pu briser jusque-là. Les pots cassés, ce sont les quelques arbitres honnêtes qui les payent de leur santé. Face à l’agression, à l’intimidation, aux menaces, au harcèlement de ces dirigeants pendant, avant et après le match, beaucoup d’entre eux cèdent, ou s’en vont. Parce qu’au fond, ils savent que la FTF ne les protégera pas.
Et cela, les dirigeants et les réseaux d’intermédiaires derrière eux le savent, c’est pourquoi ils vont très loin, en usant d’un public violent et déchaîné sur le Net pour acculer un arbitre. Ce sera difficile de démanteler ce réseau infect qui a détruit le football et le championnat depuis des années. Néji Jouini a beau demander à ses arbitres de se faire respecter et de sanctionner les dirigeants fautifs, il lui faudra beaucoup de temps et de subtilité pour faire régner l’ordre et freiner l’élan «inassouvissable» de la majorité des dirigeants actuels.
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