Economie tunisie

Performances et perspectives macroéconomiques de l’Afrique : Les pressions inflationnistes persistent

 

Dans de nombreux pays africains, l’inflation est restée à des niveaux alarmants, avec 19 pays affichant des taux à deux chiffres à la fin de 2022, un nombre qui est resté inchangé en 2023. Des économies clés, telles que l’Egypte, le Nigeria et l’Ethiopie ont vu leur inflation dépasser les 20% en 2023, avec des taux allant jusqu’à 29,4%.

Le dernier rapport macroéconomique de la Banque africaine de développement (BAD), intitulé «Performances et Perspectives Macroéconomiques de l’Afrique», offre un aperçu exhaustif des tendances économiques du continent. Ce rapport met en lumière les développements, les implications et les perspectives qui ont marqué l’année 2023.

Inflation élevée : un défi persistant

L’un des principaux défis macroéconomiques identifiés dans le rapport est la persistance d’une inflation élevée qui continue d’entraver les performances des économies africaines. En effet, depuis le début de la pandémie du Covid-19, l’Afrique a enregistré une augmentation significative de l’inflation, alimentée par des facteurs tant internes qu’externes. En 2023, l’inflation moyenne en Afrique a été estimée à 17,8%, soit une augmentation notable par rapport à la période pré-pandémique (2015-2019) où elle était de 10,1%.

Parmi les pays les plus touchés par l’inflation, on retrouve l’Egypte, le Nigeria et l’Ethiopie, où les taux ont dépassé la barre des 20%. En Ethiopie, par exemple, l’inflation a atteint 29,4% en 2023, ce qui souligne l’ampleur du défi auquel sont confrontées certaines des plus grandes économies du continent.

Les disparités régionales en matière d’inflation sont également soulignées dans le rapport. L’Afrique de l’Est a enregistré le taux d’inflation le plus élevé, avec 30,6%, en grande partie en raison des défis économiques rencontrés par le Soudan, où l’inflation a atteint un pic de 245%. En revanche, l’Afrique australe a connu une baisse de l’inflation, passant de 10,7% en 2022 à 8,5% en 2023, grâce à des politiques efficaces mises en œuvre dans des pays comme l’Angola et l’Afrique du Sud.

Le document ajoute que l’inflation persiste à des niveaux élevés, mais devrait amorcer un déclin grâce à une politique monétaire plus rigoureuse et à la baisse anticipée des prix des produits de base. Pour contrer cette inflation persistante, plusieurs pays africains ont adopté des mesures similaires à celles des économies avancées en resserrant leur politique monétaire. En 2022, certaines banques centrales ont rapidement relevé leurs taux d’intérêt de base, allant de 400 points de base au Mozambique et au Nigeria à 750 points de base au Ghana. Ces deux derniers pays, qui affichent également parmi les taux d’inflation les plus élevés du continent, ont vu ces pressions inflationnistes demeurer significatives malgré ces ajustements.

En outre, les pays n’ayant pas mis en place de cadre explicite de ciblage de l’inflation ont continué de subir des pressions inflationnistes élevées en 2023, par comparaison à ceux disposant d’un tel régime. Cependant, ces pressions sont susceptibles de converger à court et moyen terme, car l’inflation devrait sensiblement diminuer entre 2023 et 2025 dans certains pays non dotés d’objectifs d’inflation, principalement en raison d’une atténuation des facteurs inflationnistes externes. Par exemple, on anticipe une baisse de 158,8 points de pourcentage de l’inflation au Soudan, de 27,2 points en Sierra Leone, de 17,4 points au Zimbabwe et de 14 points en Ethiopie.

Le resserrement des politiques monétaires en Afrique devrait progressivement contribuer à contenir l’inflation grâce à la hausse des taux d’intérêt, qui favorisera l’appréciation des monnaies nationales, ainsi qu’à la poursuite de la baisse des prix internationaux des matières premières, sous réserve de l’atténuation des tensions géopolitiques et des risques associés. De plus, des efforts d’assainissement budgétaire joueront un rôle complémentaire dans cette dynamique. Les variations dans le rythme de désinflation entre les pays reflètent des expositions différentes aux fluctuations des prix des produits de base et des devises, ainsi que des capacités variables de la production nationale à réagir à des prix plus élevés.

Certaines banques centrales africaines ont adopté une approche plus prudente, considérant la source actuelle de pression inflationniste comme étant due à des perturbations des chaînes d’approvisionnement mondiales plutôt qu’à des augmentations de prix induites par la demande intérieure. Ainsi, l’ampleur et la fréquence des ajustements des taux directeurs ont varié considérablement d’un pays à l’autre. Malgré des hausses significatives des taux au Ghana, au Mozambique et au Nigeria, les anticipations d’inflation sont demeurées profondément enracinées et les taux réels sont demeurés négatifs dans tous les pays, remettant en question l’efficacité des outils traditionnels de politique monétaire.

Dans certains pays, l’augmentation des taux directeurs n’a pas suffi à atténuer les pressions inflationnistes, soulignant ainsi la nécessité de recourir à des instruments plus novateurs pour traiter les facteurs d’offre à l’origine de l’actuelle flambée inflationniste. Une nouvelle hausse des taux d’intérêt pourrait entraîner des coûts de crédit disproportionnés et peser sur la croissance. Certains pays, où l’inflation était déjà élevée, ont évité de resserrer leur politique monétaire, en partie en raison des taux d’intérêt déjà élevés, ce qui signifie que de nouveaux relèvements pourraient freiner leur reprise économique.

Les monnaies africaines continuent de s’affaiblir

Parallèlement à ces défis, la dépréciation continue des monnaies nationales exerce une pression supplémentaire sur les économies africaines. Cette dévaluation rend plus difficile la lutte contre l’inflation importée, car elle accroît le coût des importations et peut potentiellement aggraver les pressions inflationnistes déjà présentes.

Ainsi, bien que les mesures de resserrement de la politique monétaire aient été mises en œuvre dans plusieurs pays, elles n’ont pas encore produit les résultats escomptés en termes de maîtrise de l’inflation et de stabilisation des économies nationales. Cette situation soulève des questions quant à la nécessité d’adopter des approches plus nuancées et des politiques économiques complémentaires pour relever les défis actuels auxquels est confrontée l’Afrique.

Sur un autre plan, le rapport souligne également les défis liés aux déficits budgétaires en Afrique. Bien que certains progrès aient été réalisés dans la réduction de ces déficits, notamment au Ghana, en Zambie et en Éthiopie, de nombreux pays continuent de faire face à des pressions budgétaires importantes. La mobilisation des ressources nationales demeure donc un enjeu crucial pour renforcer la stabilité économique et financer le développement durable.

Perspectives futures

Malgré les défis actuels, le rapport offre des perspectives encourageantes d’amélioration à moyen terme pour les économies africaines. Si les politiques monétaires continuent de se resserrer, conjuguées à une éventuelle diminution des prix des produits de base, une réduction de l’inflation est envisageable. Cette perspective témoigne des efforts entrepris par les autorités pour stabiliser les économies et contenir les pressions inflationnistes qui pèsent sur la région.

Cependant, il est important de reconnaître que la situation reste fragile et que les économies africaines demeurent vulnérables aux chocs économiques mondiaux. Les fluctuations des prix des matières premières, les crises financières internationales et les perturbations dans les échanges commerciaux continuent de représenter des risques majeurs pour la stabilité économique du continent.

Dans ce contexte, le rapport souligne la nécessité impérieuse pour les gouvernements africains d’adopter des politiques économiques solides et innovantes.

Ces politiques doivent être conçues pour relever les défis actuels et créer un environnement favorable à une croissance durable et inclusive sur le continent. Cela implique non seulement des réformes structurelles visant à renforcer la résilience économique, mais aussi des initiatives novatrices pour stimuler l’investissement, favoriser l’entrepreneuriat et promouvoir le développement des secteurs clés de l’économie.

La mise en œuvre de telles politiques nécessitera un engagement ferme des gouvernements, des partenariats solides avec le secteur privé et la société civile, ainsi qu’une coopération régionale et internationale accrue.

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