Culture

Mohamed Ali Ben Hamra, producteur et Président du Groupement professionnel de l’industrie cinématographique, à La Presse : «Il faut unifier les efforts pour soutenir le processus de réformes»

 

Producteur de plusieurs courts et longs métrages, Mohamed Ali Ben Hamra est très actif sur la scène cinématographique et prend à bras-le-corps le secteur du cinéma tunisien dans son ensemble. Avec un groupe de cinéastes, il vient de mettre en place le Groupement professionnel de l’industrie cinématographique sous l’égide de la Conect. Elu récemment président du Gpic, Mohamed Ali Ben Hamra explique dans cet entretien ce nouveau projet ambitieux.

Comment est née l’idée du Groupement professionnel de l’industrie cinématographique ?

L’idée est née des problèmes de la législation régissant le secteur cinématographique. En 2011 a été créé par décret le Centre national du cinéma et de l’image (Cnci) qui n’a pas pris la forme d’un établissement public à caractère non administratif (Epna), ce qui ne lui permet pas de disposer d’une autonomie administrative. Le recrutement des employés est soumis à la loi de la fonction publique. Or, il faut plus de flexibilité pour le recrutement des fonctionnaires compétents dans le domaine du cinéma et de l’audiovisuel. Le concept d’accompagnement pour le cinéma n’a pas été révisé depuis la création de la loi 19 de 1960 devenue obsolète et ne répond plus aux exigences du secteur. Malgré l’existence du Cnci, la direction du cinéma du ministère des Affaires culturelles continue à livrer les autorisations de tournage, la carte professionnelle et l’argent. La commission des réformes du secteur cinématographique propose, quant à elle, une restructuration en 16 points concernant la révision de la loi de 1960, le décret 753, le 717 (2001), le guichet unique (2009), la carte professionnelle, la classification des films, etc.

L’absence d’un fonds de garantie pour investir dans l’infrastructure par la création de salles de cinéma, l’absence d’accompagnement des producteurs et autres métiers du cinéma ont nécessité de mettre en place un Groupement professionnel de l’industrie cinématographique dont l’objectif est de faire du cinéma une industrie et de défendre le métier. Chaque membre de ce Groupement a été contacté dans le cadre d’un projet de réforme général et global et surtout pragmatique du secteur. Un syndicat patronal est nécessaire pour l’exécution de ce projet.

Qu’est-ce que ce Groupement et quel rôle va-t-il jouer dans le paysage audiovisuel ?

Le Groupement professionnel de l’industrie cinématographique est un nouveau syndicat patronal au sein de la Conect. Il englobe chaque segment de la chaîne de valeur de l’industrie du cinéma, de la pré-production à la production en passant par la post-production, la distribution, l’exploitation dans les salles de cinéma et sur les plateformes. Toutes les sociétés peuvent adhérer à ce Groupement pour accompagner le projet de réformes qui est, actuellement, entre les mains des députés de l’Assemblée nationale. Ce projet remplacera la loi 19 de 1960 et annulera le décret 86 de 2011 portant la création du Cnci.

C’est aussi un cadre pour organiser des journées d’études avec des experts dans la perspective d’accélérer les deux décrets d’application pour être appliqués dès la promulgation de la nouvelle loi. Un décret d’application de l’organisation administrative et financière et un autre décret concernent le fonds d’encouragement et d’investissement qui remplacerait le fonds de promotion cinématographique et serait alimenté non pas par l’Etat, mais par les professionnels du cinéma et de l’image.

Notre but principal est de fédérer le secteur de l’industrie dans les multiples spécialités afin d’améliorer la coordination avec les instances de régulation : ministère des Affaires culturelles et Cnci ; unifier les efforts pour soutenir le processus de réformes ; proposer de nouvelles réglementations et mettre en place un plan d’action exhaustif. Ensemble, nous forgerons le public du cinéma en Tunisie.

N’est-ce pas un syndicat de trop dans le paysage cinématographique et audiovisuel ?

Mais est-ce que nous disposons d’un syndicat de l’industrie cinématographique ? Les syndicats qui existent actuellement ont participé à la dégradation de la situation du paysage cinématographique. Le syndicat des producteurs créé il y a 8 ans n’a pas fait d’élection depuis 3 ans, le syndicat des producteurs-réalisateurs dont j’étais vice-président et dont les membres m’ont gelé parce que je voulais faire des réformes. Quant au syndicat des techniciens, il a simplement disparu. Aucun de ces syndicats n’a proposé des réformes pour le secteur cinématographique, au contraire, il y a ceux qui se sont opposés à mes propositions.

Pourquoi avez-vous choisi la Conect ?

Parce que l’Utica est absente et est dans un sommeil profond. La Conect s’oriente vers l’industrie culturelle et artistique. En ce qui me concerne, je propose un discours et une réforme du secteur qui sont les résultats des travaux de la Commission des réformes, des rencontres en 2022 avec les professionnels avec le concours du Cnci et du département du cinéma au sein du ministère des Affaires culturelles. La Conect est une solution parmi d’autres d’organiser le secteur cinématographique dans le cadre d’un patronat qui se respecte et respecte ses adhérents. Le bureau directeur du Gpic a été élu selon une charte en six points pour que la Conect prenne connaissance de nos propositions. Nous avons élaboré un plan d’action d’une année pour mettre en œuvre ce projet.

Comment ce Groupement va-t-il participer à la promotion de la production cinématographique ?

On tend à changer le système actuel. Cela fait au moins 13 ans qu’on attend les propositions du ministère des Affaires culturelles, mais rien n’a été fait.

Le Groupement va libérer le secteur grâce à un nouveau Code du cinéma en quatre points essentiels. Le premier point : le Cnci met en œuvre les politiques publiques du cinéma. Il définit les objectifs et élabore la réglementation spécifique à ce domaine. Le deuxième point : la mise en place d’un système de billetterie unifiée pour les salles de cinéma. Le troisième point : l’ autonomie financière qui consiste en une taxe sur les billets de cinéma, les fournisseurs internet, les opérateurs téléphoniques, etc. Le quatrième point : taxe sur les chaînes de télévision avec un prélèvement d’un pourcentage sur la publicité. On prévoit un fonds de 100 milliards par an dont 50% seraient consacrés à alimenter le fonds d’investissement qui fonctionnerait comme un bureau d’expertise, 50% réservés pour la promotion de la production de films avec la mise en œuvre d’un nouveau mécanisme. 10 milliards de subventions pour le documentaire, l’animation, le court-métrage et le premier long-métrage. 10 milliards pour la coopération internationale qui serviront à la coproduction. Un fonds de garantie qui sert aux professionnels du cinéma pour obtenir des prêts auprès des banques. Une sorte de fonds de garantie des investissements culturels pour accompagner les professionnels.

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