Economie tunisie

Mégaprojets en Tunisie | Chekib Ben Mustapha, Consultant en développement et membre du Bureau Exécutif de Conect, à La Presse : Enclencher un repositionnement du site Tunisie à l’international

 

L’investissement aura, à lui seul, un impact sur la croissance, l’emploi, la balance commerciale, les réserves en devises… Mais l’entrée en exploitation des projets aura un impact plus important encore en dopant la croissance par un renforcement de la demande avec des consommateurs (résidents off-shore, touristes, patients…) à fort pouvoir d’achat.

Le Président Kais Saied a récemment appelé à trouver une solution définitive aux mégaprojets bloqués comme celui du port de la Méditerranée qui devrait être érigé par Sama Dubaï sur les Berges du Lac. Quels sont d’après vous les principaux freins qui ont entravé la concrétisation de ces projets ?

Ces projets ont été lancés dans une période d’euphorie économique avec une forte croissance dans les pays du Golfe du fait d’une hausse continue des prix des hydrocarbures et plus particulièrement à Dubaï avec le secteur immobilier comme fer de lance de l’économie (20% du parc mondial des grues auraient été à Dubaï) et en sus de l’inauguration de projets phares, on y annonçait de nouveaux projets pharaoniques.

A l’international, ces promoteurs se sont lancés dans une multitude de projets d’envergure, à l’instar de la “Porte de la Méditerranés” en Tunisie, l’aménagement de la vallée de Bouregreg à Rabat au Maroc et des complexes immobiliers et touristiques à Alger. Mais la crise économique mondiale est venue brutalement arrêter cet élan avec notamment l’annonce, en novembre 2009, par Dubai World’, qui a créé la Palme de Jumeirah, de son incapacité à rembourser une dette s’élevant à 63 milliards de dollars. Dubaï négocie par la suite l’échelonnement de la dette avec les banques internationales et obtient une aide financière de 20 milliards de dollars d’Abu Dhabi.

Mais la crise perdurera et ces projets à l’international seront gelés. Par la suite, une reprise a pu être constatée avec l’exposition universelle de 2020. Mais il s’agit aujourd’hui du passé et les autorités ont annoncé des mégaprojets dans le cadre de la vision 2030 (extension de l’aéroport Al Maktoum, Palm Jebel Ali, Dubai Creek Tower…). A l’international, on citera notamment, les projets émiratis de «Belgrade Waterfront» en Serbie, pour un coût de 3,5 milliards USD, la péninsule méditerranéenne de Ras el Hikma en Egypte pour 24 milliards de dollars, le développement de projets dans les domaines du tourisme et de l’immobilier sur la côte méditerranéenne, mais aussi et surtout dans les régions de Dakhla et de Tarfaya au Maroc… Les problèmes de financement, qui ont retardé le démarrage de ces grands projets, sont donc aujourd’hui dépassés.

Comment qualifieriez-vous l’attractivité de ces projets en matière d’investissements étrangers?

La Tunisie dispose d’une multitude d’atouts pour l’attraction de tels projets : un positionnement géographique très intéressant (2 à 3 heures de vol des principales capitales européennes, quelques heures des capitales arabes…), une grande ouverture (économique, commerciale, culturelle, logistique…) sur le monde, la disponibilité de compétences reconnues dans la plupart des domaines concernés par ces projets (ingénierie, santé, tourisme…), des prix de l’immobilier et des facteurs de production très compétitifs à l’échelle méditerranéenne…

La réalisation des grands projets dans un contexte de crise aura certainement de multiples impacts sur le plan économique et social. Qu’est-ce que vous en pensez ?

Bien entendu. L’investissement aura, à lui seul, un impact sur la croissance, l’emploi, la balance commerciale, les réserves en devises… Mais l’entrée en exploitation des projets aura un impact plus important encore en dopant la croissance par un renforcement de la demande avec des consommateurs (résidents off-shore, touristes, patients…) à fort pouvoir d’achat.

Une telle demande permettra un développement de l’offre par des services premium et pourra ainsi enclencher une dynamique positive et, à terme, un repositionnement du site Tunisie à l’international. C’était, d’ailleurs, l’objectif annoncé de ces mégaprojets à la fin des années 2000 et c’est pourquoi les terrains qui leur ont été réservés ont été cédés à des tarifs symboliques.

Pour la Tunisie, ce n’est pas une opération immobilière, c’est plutôt un véritable projet de développement. C’est pourquoi il faut faire attention, dans les stratégies en cours d’élaboration pour débloquer la situation de ces grands projets, à ne pas perdre cette ambition de vue et en dénaturer la nature avec des objectifs, à court terme, séduisants, d’un point de vue financier compte tenu des difficultés financières auxquelles fait face le pays, mais qui nous font perdre de la valeur à plus long terme.

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