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Médicaments : La pénurie, un enjeu de santé publique

 

Dans le paysage complexe des enjeux de santé publique nationale, la pénurie de médicaments se révèle comme étant une préoccupation majeure, affectant directement la vie et le bien-être des Tunisiens. A cet effet, l’augmentation des prix de certains médicaments intervient comme une solution inéluctable, semble-t-il. 

Dans les officines, les prix de plusieurs médicaments ont augmenté. La décision a été prise récemment par la Chambre nationale d’industrie pharmaceutique dans l’ambition de protéger la production pharmaceutique locale, un secteur clé dans le domaine de la santé publique.

Le Conseil national de l’ordre des pharmaciens (Cnopt) a également confirmé ces augmentations qui interviennent, selon lui, conformément aux orientations de l’Etat visant à protéger la production locale des médicaments et la santé publique.

Autant rappeler qu’il s’agit d’une deuxième augmentation de ce type, qui intervient en l’espace de quelques semaines. Au mois de février dernier, une augmentation a été également décidée pour 280 médicaments dont le prix est inférieur à 5 dinars et est compris entre 1 dinar et 1,5 dinar.

Médicaments en rupture de stock

Ces révisions des prix étaient attendues pour cette année, si on se réfère aux déclarations des pharmaciens, mais surtout des labos pharmaceutiques locaux. Joint par La Presse, Tarek Hammami, président de la Chambre nationale d’industrie pharmaceutique, a expliqué précisément que ces nouvelles hausses de prix touchent 320 médicaments produits localement. Les augmentations variant entre 320 et 2000 millimes par boîte. «Cette augmentation concerne seulement les médicaments dont les prix oscillent entre 5 et 10 dinars, c’est une décision approuvée par l’Etat et a été étudiée et discutée avec les ministères concernés», a-t-il fait savoir.

Selon ses dires, il s’agit d’une décision qui touche directement la santé publique et préserve les droits des patients dans la mesure où elle est inévitable pour «maintenir la disponibilité des médicaments sur le marché local et assurer la viabilité de l’industrie pharmaceutique nationale, un domaine crucial pour les citoyens».

Et de préciser que cette décision permettra de réapprovisionner les officines en médicaments qui avaient auparavant disparu en raison de la pénurie qui a prévalu un certain temps. «Nous avons un problème lié essentiellement au coût élevé de la production dans le secteur», a-t-il insisté, rappelant que la dernière augmentation des prix des médicaments produits localement remonte à juin 2021 et a souligné que de nombreux types de médicaments n’ont pas vu leurs prix révisés depuis 5 ou 7 ans, voire plus de dix ans.

La production pharmaceutique nationale exposée à une crise structurelle

S’agissant de la crise liée à la pénurie des médicaments, Hammami a reconnu que de nombreux médicaments sont en rupture de stock et manquent dans les officines.

Le problème réside, selon ses dires, dans les relations directes entre la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT) et les laboratoires ainsi qu’à l’incapacité de recouvrement des créances, vu le manque de liquidités.

En effet, cela fait plusieurs mois que les officines connaissent une pénurie de médicaments qui menace directement les droits des citoyens à la santé.

Alors que les chiffres officiels font défaut et que les données présentées par les différentes parties prenantes ne concordent pas.

Ainsi, le syndicat des propriétaires de pharmacies privées (Spot) a estimé, récemment, que plus de 70 médicaments qui n’ont pas d’équivalents fabriqués localement sont inexistants sur le marché. Et de préciser que la liste des médicaments manquants varie selon les périodes.

Il faut préciser, en outre, que le secteur de la production pharmaceutique connaît depuis plusieurs années une crise structurelle. L’industrie pharmaceutique locale en Tunisie couvre jusqu’à 78% de la consommation locale, alors que seulement quatre entreprises tunisiennes sont autorisées à fabriquer des médicaments biologiques qui ont un lien direct avec la majorité des médicaments manquants. Ces entreprises sont en effet sanctionnées par la hausse du coût de production à l’échelle internationale sans l’intervention de l’Etat pour remédier à cette  situation critique.

Il faudra ajouter que tous les prix des intrants importés ont augmenté à la suite de la hausse des prix du transport, des augmentations salariales et l’augmentation des charges financières.

Cela fait qu’aujourd’hui, la situation financière du secteur est délicate. Pire, les industriels risquent d’arrêter net la production, selon leurs affirmations. Une crise aggravée par la quasi-fermeture de trois grands laboratoires pharmaceutiques étrangers qui ont décidé de quitter le pays pour des raisons financières.

Comment préserver le droit des patients ?

Pourtant, début janvier, lors d’une réunion ministérielle, le ministre de la Santé, Ali Mrabet, a affirmé avoir pris un ensemble de mesures pour redynamiser ce secteur et préserver le droit des Tunisiens à l’accès aux soins et à la santé.

Dans ce sens, il a été décidé de renforcer  l’industrie pharmaceutique par la mise en place de plusieurs mesures, dont la réforme de la loi organisant les professions pharmaceutiques.

Cela passe également par la finalisation de la création de l’Agence nationale du médicament et des produits de santé.

Et enfin par l’ouverture de nouvelles opportunités au profit des jeunes pharmaciens, selon un communiqué publié par le ministère de tutelle.

Or, dans ce contexte, il faut noter que le secteur pharmaceutique, tout en voulant garantir les droits des citoyens, souffre de plusieurs maux qui persistent.

Sur le terrain, les Tunisiens sont toujours sanctionnés par cette crise des médicaments. Entre hausse des prix et pénurie de médicaments, cette situation peut compromettre l’accès des patients aux traitements dont ils ont besoin.

Cela peut entraîner une détérioration grave de leur santé, des complications médicales et même des décès évitables, si on rappelle que les principaux médicaments utilisés pour traiter les pathologies graves peuvent manquer.

Pour résoudre ce problème, il est essentiel de mettre en œuvre des mesures efficaces telles que l’amélioration de la coordination entre les différents acteurs, le renforcement des mécanismes de surveillance des stocks de médicaments ainsi que la transparence dans la gestion des approvisionnements en médicaments.

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