Lotfi Bel Hadj et le PSG : qui manipule qui ?
L’homme d’affaires franco-tunisien, connu pour son influence politique en Afrique, est aujourd’hui au milieu d’une tempête médiatique qui concerne, cette fois, le club français du Paris Saint-Germain. Entre jalousie et opération de dénigrement, la presse se livre à une étonnante campagne.
C’est le feuilleton annuel du PSG. Chaque saison, le club parisien est ciblé par des polémiques. Mais à l’aube de la Coupe du monde au Qatar, la controverse est cette fois violente. Trahisons, manipulation de l’opinion, chantage et autres accusations graves… « Intrigues à la cour », titre jeudi 20 octobre le quotidien sportif français qui publie notamment un portrait de l’homme d’affaires franco-tunisien Lotfi Bel Hadj.
Depuis plusieurs jours, l’une de ses sociétés est accusée d’avoir mis en place une « armée de trolls » sur les réseaux sociaux. Dans l’entourage de celui que les médias surnomment le « faiseur de présidents », que l’AFP dépeint comme « très intelligent » et doté d’un « bagout extraordinaire », on se demande « pourquoi le nom de Lotfi Bel Hadj est-il jeté au milieu d’autres personnes ayant commis des actes parfois répréhensibles ? ». Tout est parti d’une perquisition dans les bureaux du PSG et de Jean-Martial Ribes, l’ex-directeur de la communication du club, soupçonné de manœuvres avec d’anciens agents de la DGSI, le renseignement intérieur français.
Qui est à l’origine de cette campagne ?
« Quand on est emmerdé par une affaire, il faut susciter une affaire dans l’affaire…», disait l’homme politique Charles Pasqua. D’où la sortie du nom de Bel Hadj. Pour Romain Molina, journaliste spécialiste du football et particulièrement du championnat tunisien, qui a publié une vidéo sur les affaires liées au PSG, la médiatisation des opérations de l’armée numérique est « orchestrée par le clan de Kylian Mbappé ». Ce genre d’agences spécialisées dans les opérations digitales, « il y en a énormément dans le football », assure d’ailleurs Molina qui cite des campagnes similaires effectuées par le FC Barcelone, par le président des Girondins de Bordeaux Gérard Lopez ou par la direction de l’AS Saint-Etienne. Des missions classiques, donc, à condition qu’elles restent la propriété des agences occidentales. C’est d’ailleurs peut-être du côté de ces dernières qu’il faut chercher la réponse à la question de la tentative de déstabiliser le franco-tunisien.
En juin 2020, le rapport de DFRLab, lors de l’« Opération Carthage », dénonçait le fait qu’une société tunisienne travaille pour des gouvernements étrangers. Il faut dire que ces dernières décennies, ce marché était réservé aux grosses agences européennes, comme Havas ou Publicis, ou anglosaxonnes. « Les agences de communication, surtout françaises, n’apprécient pas de voir un franco-tunisien prendre leurs parts sur le marché de la communication en Afrique et voient Bel Hadj comme quelqu’un qui empiète sur leur pré-carré », résume un spécialiste tunisien de la communication politique qui évoque un « colonialisme teinté de racisme ». Sans oublier que Bel Hadj est régulièrement visé par des tentatives de déstabilisation, comme lorsqu’on lui attribue un soutien à Azali Assoumani, le dictateur des Comores, alors qu’il travaillait pour l’opposant à ce dernier. Ou comme lorsqu’on attribue à sa société d’avoir propagé des fake-news, alors que Facebook n’a jamais trouvé la moindre trace de désinformation.
Le site en ligne Mediapart avait révélé le 12 octobre l’existence d’une série de faux comptes Twitter, créés dans le but, et orchestrés par le service communication du PSG via une agence de communication. Le PSG est accusé d’avoir mis en place une « armée numérique » pour discréditer ou influencer des personnalités autour du club
Dans un communiqué, le PSG avait « fermement » démenti ces accusations, affirmant qu’il n’a « jamais contracté avec une agence pour nuire à qui que ce soit ».
Affaire à suivre…
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