Législatives anticipées | Second tour : La déroute des partis politiques
• Les députés âgés de moins de 45 ans seront représentés au sein du nouveau parlement à raison de 47,40% du nombre total des sièges.
• Les candidats indépendants, mais réellement partisans, ne représentent que 8,44% des sièges.
• Le Tribunal administratif reçoit quatorze recours contre les résultats préliminaires
Ceux qui ont fait leurs comptes et n’ont pas hésité à publier la liste des députés élus le dimanche 29 janvier 2023, jour du second tour des élections législatives anticipées, se doivent de revoir leur copie à la lumière des événements qui se sont produits, ces derniers jours, du côté de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie), de la Cour des comptes et aussi auprès des candidats déclarés perdants qui n’ont pas accepté les résultats préliminaires annoncés par l’Instance des élections.
Ainsi, apprend-on que trois parmi les candidats ayant été déclarés perdants ont déjà introduit un recours auprès du Tribunal administratif, contestant la décision de l’Isie qui a procédé elle aussi à l’annulation de trois résultats après avoir constaté des dysfonctionnements et des irrégularités lors de la journée du vote, sans oublier le communiqué publié par la Cour des comptes appelant les candidats à la députation (ceux ayant été élus ou ceux ayant été déclarés perdants) à lui soumettre leurs états financiers sur les dépenses qu’ils ont consenties lors de leurs campagnes électorales.
Maintenant que les dés sont jetés, que les appels de l’opposition à l’annulation du second tour ne sont plus de mise, que les partis politiques soutenant le processus du 25 juillet et ayant participé aux élections sans réaliser les résultats qu’ils attendaient ont annoncé leur disposition à assumer leurs responsabilités (ce qui veut dire qu’ils sont prêts à participer au prochain gouvernement que le Président Kaïs Saïed pourrait former dans les prochains jours) et que les analystes parlent de la possibilité de voir émerger au sein du nouveau parlement trois groupes d’un certain poids, l’on se pose la question de savoir quand le prochain parlement pourrait prendre officiellement ses fonctions et s’il lui est permis, selon la Constitution du 25 juillet 2022 ou selon le décret présidentiel électoral en date du 15 septembre dernier, d’assumer sa fonction législative ou s’il est tenu d’attendre l’élection des membres du conseil des régions et des districts (que certains considèrent déjà comme la deuxième chambre législative) dans la mesure où ce conseil est tenu, selon les prérogatives qui lui sont consacrées dans la Constitution du 25 juillet dernier, de dire son mot pour ce qui est de l’adoption des lois fondamentales, en premier lieu celles relatives à la loi de finances, à la loi sur le budget de l’Etat et aux lois sur les grands projets de développement.
Pour certains analystes et même pour certains constitutionnalistes, qu’ils soutiennent le processus du 25 juillet ou qu’ils s’y opposent, l’essentiel n’est pas de savoir qui va être débouté par le Tribunal administratif ou qui va être repêché par le même tribunal, surtout parmi les sympathisants du Président de la République. Ce qui compte à leurs yeux, c’est bien la nouvelle cartographie du futur parlement, ce qui veut dire quels sont, réellement et effectivement, les partis politiques qui domineront le Palais du Bardo, via les députés élus — faut-il le rappeler à titre personnel selon le décret électoral du 15 septembre dernier — mais qui sont, en réalité, adhérents aux partis politiques les plus influents sur la scène politique nationale mais classés comme des responsables ou des leaders régionaux ou locaux ignorés lors des élections précédentes.
Et quand il a été impossible, selon la loi électorale, pour les partis politiques de présenter des listes partisanes aux législatives du 17 décembre dernier, ces mêmes partis se sont retrouvés dans l’obligation de piocher dans leurs rangs pour choisir des candidats qui acceptent de se présenter en tant qu’indépendants mais qui sont d’accord pour constituer un groupe ou un bloc parlementaire au sein du parlement parlant au nom du parti auquel ils appartiennent effectivement.
Dans le même sillage, l’on s’attend, sur la base des résultats préliminaires des élections en attendant qu’ils soient déclarés définitifs, à la formation de trois blocs parlementaires dont deux partisans représentant le mouvement Echaâb et «Harak Chabab Tounès relevant du Harak 25 juillet». Quant au troisième bloc, il sera constitué des députés élus au nom de l’initiative connue sous l’appellation «Que triomphe le peuple» constitué d’indépendants, de syndicalistes et de militants partisans, tous pro-25 juillet 2022.
Volet présence des jeunes au sein du nouveau parlement, il semble, d’après les résultats proclamés par l’Isie, qu’ils seront au nombre de 73 députés sur 154 élus au premier et au second tour en attendant l’élection des 7 députés manquants lors d’élections partielles destinées à sept circonscriptions électorales à l’étranger n’ayant enregistré au premier tour aucune candidature.
Les 73 jeunes députés sont âgés de mois de 45 ans et le taux de présence féminine parmi eux est de l’ordre de 16%. Sur le nombre total des sièges, ils représentent 47,40%, soit une représentation constituant le double des jeunes ayant accédé aux anciens parlements, ceux élus après la révolution.
Il reste à savoir maintenant quels sont les résultats réussis par les partis politiques via leurs députés.
D’après les indications fournies par Mohamed Tlili Mansri, porte-parole officiel de l’Isie, on découvre, à titre d’exemple, que le parti le Mouvement Tunisie en avant, dirigé par l’ancien ministre Abid Briki, a remporté un siège, que le mouvement Harak 25 juillet a remporté trois sièges, que le parti Achaâb a gagné 12 sièges et que le parti la Voix de la République sera représenté par sept députés.
Une autre précision : les candidats «partisans» ne représentent que 8,44%.
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