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Industrie pharmaceutique : Pour devenir un hub régional, la Tunisie doit beaucoup mieux faire

 

La Tunisie, pays au carrefour de l’Europe et de l’Afrique, possède un potentiel significatif pour devenir un hub de production pharmaceutique régional. Grâce à son infrastructure industrielle en développement, aux compétences reconnues et aux accords commerciaux avantageux, elle pourrait attirer des investissements et stimuler la croissance de ce secteur. Cependant, cette ambition est tempérée par des défis notables, notamment des infrastructures logistiques insuffisantes et une réglementation complexe, outre l’accès difficile aux financements.

Cela fait plusieurs années que la Tunisie a dévoilé ses ambitions de devenir un hub africain et arabe pour la production pharmaceutique. Or, ce secteur connaît des difficultés avec le départ annoncé de plusieurs grands laboratoires internationaux installés en Tunisie. Les laboratoires de production pharmaceutique locaux sont également exposés à des difficultés liées notamment aux cadres réglementaires, mais aussi à des problèmes de financement et de hausse des coûts de production.

C’est dans ce contexte qui prévaut sur le plan national que le ministre de la Santé, Ali Mrabet, avait participé récemment à la 77e Assemblée mondiale de la santé, organisée par l’Organisation mondiale de la santé à Genève. Et pendant que le monde continue de faire face aux conséquences de la pandémie la plus grave depuis un siècle, s’est tenue la 77e Assemblée mondiale de la santé sur le thème: «Un monde mobilisé pour la santé, la santé pour tout le monde». L’Assemblée de la santé constitue, de fait, une plateforme pour relever les défis mondiaux existants, tels que le VIH, la rougeole et la poliomyélite, dans le contexte de l’urgence climatique et de la progression de maladies telles que l’hypertension et l’obésité.

L’accord mondial sur la prévention, la préparation et la riposte face aux pandémies et les amendements au règlement sanitaire international, qui marquent un effort concerté des Etats membres pour renforcer les mécanismes de préparation et de riposte à l’échelle mondiale, figurent parmi les sujets centraux traités lors de cette Assemblée.

Renforcement de la coopération avec l’OMS

Pour la Tunisie, c’était aussi l’occasion de se repositionner au cœur de la coopération avec l’OMS, notamment en matière de production pharmaceutique. D’ailleurs, lors de l’allocution qu’il a prononcée à cette l’occasion, Ali Mrabet a fait remarquer que la Tunisie a toujours veillé à davantage de coopération arabe et régionale commune dans le domaine sanitaire et pharmaceutique, et ce, pour faire face aux défis qui se présentent devant les différents Etats dans le contexte actuel. Mrabet a également exposé le progrès enregistré par la Tunisie qui abrite le Centre arabe de coordination des spécialités sanitaires et pharmaceutiques.

D’ailleurs, les moyens susceptibles de renforcer davantage la coopération technique entre la Tunisie et l’OMS, notamment dans le développement de l’industrie pharmaceutique nationale en général et des vaccins en particulier, en exploitant les lignes de financement disponibles, ont fait l’objet d’une séance de travail tenue en marge de la 77e session de l’assemblée.

La réunion s’est déroulée en présence du ministre de la santé Ali Mrabet, de l’envoyée spéciale du directeur général de l’OMS pour les relations multilatérales, Stéphanie Seydoux, et du chargé de coopération avec la Tunisie du programme de transfert de la technologie des vaccins ARNm de l’OMS, Martin Fridoux.

A ce titre, une question se pose: la Tunisie peut-elle vraiment se positionner en un hub de production pharmaceutique à l’échelle arabe et africaine ? Dispose-t-elle des ressources nécessaires pour booster sa production locale ? Peut-elle développer un cadre légal propice à cette activité ?

A vrai dire, la Tunisie a mis en place des initiatives, depuis plusieurs années, pour promouvoir les investissements dans le secteur pharmaceutique, comme le Pacte de partenariat public-privé pour le développement de la compétitivité du secteur pharmaceutique et des dialogues public-privé (DPP) soutenus par la Banque mondiale. Ces efforts visent à améliorer l’attractivité du marché pour les investisseurs étrangers. De même, la Tunisie a adhéré au Programme des ponts du commerce arabo-africain (AATB) visant à renforcer les relations commerciales et à promouvoir les échanges entre les pays africains et arabes. L’Aatb avait organisé des événements pour mettre en contact des partenariats commerciaux à la faveur d’une collaboration dans le secteur pharmaceutique qui se sont avérés une grande opportunité pour notre pays.

Restructurer la PCT ?

Cependant, des pas restent à franchir, si on rappelle qu’actuellement, de nombreux problèmes se posent. L’harmonisation et la flexibilité des réglementations pharmaceutiques ainsi que l’encouragement de l’installation d’unités industrielles à grande échelle s’avèrent un véritable défi pour les autorités tunisiennes.

Tarek Hammami, président de la Chambre nationale de l’industrie pharmaceutique, estime que le volume des exportations du secteur a atteint, selon les derniers chiffres, 300 millions de dinars, ce qui constitue un «faible pourcentage».

Cependant, selon lui, ce volume peut être amélioré et doublé d’ici trois ans grâce à l’amélioration de la situation financière des entreprises fabricantes. «Si l’industrie pharmaceutique locale en Tunisie couvre 78% de la consommation locale, c’est que nous disposons des compétences nécessaires. La question du développement de ce secteur dépend des questions financières et de tout le système sanitaire et du fonctionnement de la Pharmacie centrale qui est en proie à de nombreux problèmes», a-t-il expliqué à La Presse.

C’est le rôle de l’Etat, selon notre interlocuteur, d’encourager ces entreprises à fabriquer davantage, en se concentrant sur les médicaments biologiques et en modifiant les méthodes de traitement des transactions et des commandes auprès de la Pharmacie centrale. Et d’ajouter que le pays a le potentiel de les fabriquer et de développer par la suite l’exportation, ce qui créerait un dynamisme pour l’économie dans son ensemble. Et de rappeler que plusieurs laboratoires locaux et étrangers demeurent confrontés à des difficultés liées à l’envolée des prix des intrants, la hausse des prix du transport, les augmentations salariales et les hausses des charges financières. Tout cela a débouché sur le fait, qu’aujourd’hui, la situation financière du secteur est délicate, a-t-il conclu.

En somme, si la Tunisie dispose déjà d’une infrastructure industrielle pharmaceutique assez développée, avec des compétences reconnues, les procédures réglementaires et administratives lourdes et complexes ralentissent les processus d’approbation des médicaments et des installations des unités de production. Pour surmonter ces obstacles, des efforts concertés entre le gouvernement, le secteur privé et les institutions internationales sont nécessaires afin de créer un environnement favorable à l’investissement et au développement du secteur pharmaceutique et des vaccins en Tunisie.

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