Economie tunisie

Industrie cosmétique : Un potentiel à valoriser

 

La Tunisie compte 60 entreprises cosmétiques structurées employant chacune 6 personnes et plus. Mais selon une étude récente réalisée par le Centre technique de la chimie, le nombre de laboratoires, de petites et moyennes et de très petites entreprises (Tpme) dans ce secteur s’élève à 774, dont 75% opèrent dans l’informel ou emploient des travailleurs au noir.

Contrairement aux secteurs traditionnellement porteurs, tels que le tourisme ou le phosphate qui ont subi les contrecoups des crises politique et économique ayant sévi au cours de la première décennie post-révolution, l’industrie cosmétique s’est pleinement épanouie profitant d’une tendance croissante de la consommation. Selon les professionnels, cette branche a de beaux jours devant elle. Encore faut-il résoudre certains problèmes qui entravent son développement.

Depuis plus de 50 ans

Bien que cette industrie ait existé avant l’indépendance, un véritable noyau dur composé de quelques grandes entreprises, qui ont su garder jalousement le secret de leur réussite, s’est solidement construit vers la fin des années 60 avec le début du processus de libéralisation de l’économie tunisienne. Certains fabricants de cosmétiques sont actifs, depuis plus de 50 ans.

«Ce sont des entreprises familiales où le métier se transmettait de génération à génération», explique, dans un entretien accordé à La Presse, l’ingénieur-directeur au sein de la direction de la Stratégie et du transfert technologique au Centre technique de la chimie, Mohsen Bguili. Aujourd’hui, la Tunisie compte 60 entreprises cosmétiques structurées employant chacune 6 personnes et plus. Mais selon une étude récente réalisée par le Centre technique de la chimie (CTC), le nombre des laboratoires, des petites et moyennes et des très petites entreprises (Tpme) dans ce secteur s’élève à 774, dont 75% opèrent dans l’informel ou emploient des travailleurs au noir.

En effet, cette branche présente une particularité : elle attire les femmes diplômées de l’enseignement supérieur qui choisissent de se spécialiser, notamment dans la fabrication des produits naturels et bio. D’ailleurs, les nouvelles marques de cosmétique qui poussent, chaque jour, comme des champignons et dont les campagnes publicitaires inondent les réseaux sociaux témoignent de cette fièvre entrepreneuriale.

Une croissance à deux chiffres

Sur la période s’étendant de 2005 à 2019, le secteur s’est bien porté. Enregistrant une croissance annuelle de 11% (aux prix courants), l’industrie cosmétique a connu un véritable essor profitant d’un marché en pleine expansion qui a atteint 2.000 millions de dinars en 2019. D’ailleurs le budget beauté des Tunisiens a beaucoup évolué, sur cette même période passant de 30 dinars par an à 113 dinars en 2019. 50% de ce budget sont consacrés à l’achat des produits de parfumerie, selon les données de l’INS.

Même lors de la crise Covid, la baisse des ventes de produits de beauté a été compensée par une forte demande des gels hydroalcooliques. Le secteur a certes été touché de plein fouet par les conséquences de la crise Covid, mais il a fait montre de résilience. «C’est l’une des rares branches de l’industrie chimique qui s’est bien portée durant les dernières années», a affirmé l’ingénieur.

Le marché parallèle, ce concurrent invisible

En 2019, la production locale ne couvrait que 19% de la demande sur le marché, concurrencée par les importations et les produits circulant sur le marché parallèle. Sa part de marché était de 24% en 2015.

Selon Bguili, cette baisse est imputable au développement du marché parallèle qui n’a cessé de gagner du terrain grignotant des parts de marché aux produits fabriqués localement. Car il ne faut pas se le cacher, malgré sa robustesse, le secteur est fragilisé par moult difficultés qui le rongent.

Il s’agit essentiellement de deux principaux problèmes : les difficultés d’accès au financement et la hausse des droits de douane appliqués aux matières premières. «Les droits de douane sont de l’ordre de 30% pour certains intrants. Cette situation ouvre un boulevard au circuit informel qui prospère au détriment du circuit structuré et impacte la compétitivité de l’entreprise tunisienne», a souligné le directeur.

Les entreprises font, aujourd’hui, les frais de la concurrence déloyale à laquelle elles sont confrontées, sur fond de conjoncture socioéconomique difficile qui affecte le pouvoir d’achat des consommateurs. Mais c’est un secteur qui a de l’avenir. Selon Bguili, la branche peut continuer sur cette lancée et profiter de la croissance de la demande. Pour les segments haut et moyenne gammes, le produit tunisien peut vraiment monter en compétitivité et rivaliser avec les produits importés de l’étranger.

Car les entreprises tunisiennes ont acquis le savoir-faire nécessaire et bénéficient des avantages comparatifs indéniables de la Tunisie.

L’activité du secteur dépendra, par ailleurs, de la stabilité des pays limitrophes, en l’occurrence la Libye, un des principaux pays importateurs de produits cosmétiques tunisiens. L’ingénieur affirme, en ce sens, que, selon les retours des entreprises du secteur et en se basant sur les résultats de l’étude réalisée par le CTC, le renforcement du contrôle des produits commercialisés, l’investissement dans des programmes d’appui, notamment, technique ainsi que dans des projets de mise en conformité avec les normes de qualité, la réinvention des emballages (qui, selon plusieurs études, constituent un critère de choix lors de l’achat des produits cosmétiques) et la révision des taxes appliquées aux matières premières outre l’assouplissement de l’accès aux crédits, sont des mesures susceptibles d’améliorer la compétitivité de l’industrie cosmétique tunisienne tant sur le marché local que sur les marchés extérieurs. Les jeunes entrepreneurs peuvent, en outre, profiter du potentiel inexploité offert par la valorisation des matières premières produites en Tunisie, telles que les huiles essentielles et l’argile.

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