Sport

Il faut se rendre à l’évidence !

 

L’Egypte sauvée in extremis contre le Ghana, ce même Ghana qui souffre, l’Algérie et sa cohorte de vedettes qui s’en va, la Tunisie qui plie bagage et qui rentre au bercail, l’état de grâce semble prendre fin pour un bon  nombre d’équipes et cette édition, en terre ivoirienne, est peut-être sur le point de redistribuer les cartes et de nous annoncer de nouvelles prééminences. De toutes les manières, ce genre de « classement » en sport, notamment dans les disciplines collectives, est toujours aléatoire. Les progrès sont si rapides, de génération en génération les joueurs sont si doués, les clubs sont si bien organisés, les techniciens (pas tous !) sont tellement à niveau et à jour que les performances se suivent mais ne se ressemblent pas. On est constamment dans l’attente de nouveaux  bouleversements qui, en fin de compte, font la beauté du sport. Les fans de football sont tristes. L’équipe de Tunisie n’a pu accéder au tour suivant. Bien des questions se posent à propos de cet échec. Mais à notre sens, la question à laquelle il faudrait répondre en priorité est bien celle qui concerne le déroulement de cette rencontre jouée contre l’Afrique du Sud : méritons-nous de gagner et de nous qualifier ?

En football, les succès ne s’expliquent pas. L’échec, quant à lui, n’admet pas les justifications. Ceux qui essaient de l’expliquer bafouent et nous offrent de la littérature réchauffée. Alors que dans les défaites, les plus grands entraîneurs soutiennent qu’il n’y a qu’une seule  justification et elle réside en quelques mots : l’équipe n’était pas prête. Point final. Pour les fans qui n’admettent que la victoire, ils s’empressent de trouver le bouc émissaire, tout en demandant réparation et vengeance (la tête de l’entraîneur et celles des membres de la fédération). La belle affaire !

Personne ne vous dira qu’en sports collectifs, c’est toujours une question de cycles, de groupes de joueurs qui se retrouvent, comme par magie, reliés par un fil invisible mais mystérieux, capables de tout faire. Ensemble. C’est la raison pour laquelle on affirme que la victoire d’un jour  n’est pas le garant de toujours. Elle ne s’imite pas, mais elle se crée par des moyens que possèdent des joueurs qui savent ce qu’ils font sur un terrain, tel que se comportent des guerriers de métier, qui n’ont besoin ni d’un chef qui hurle ses recommandations ni d’un responsable qui harangue à perdre haleine. Ces hommes, ces joueurs, fournissent l’effort et s’appliquent, sachant par avance que la répartition des rôles et la concentration poussent, immanquablement vers la performance, au dépassement. Une image a retenu notre attention : alors que l’on gesticule le long de la touche, l’entraîneur des Bafans Bafanas, assis tranquillement sur le banc, impassible, ne s’est levé qu’au coup de sifflet final pour aller féliciter le reste de son staff et les joueurs.

Il faudrait se rendre à l’évidence. Notre équipe avait-elle les qualités individuelles et collectives qui permettent au staff technique de décider de la stratégie à adopter ? Ce personnel d’encadrement a-t-il les aptitudes pour transformer tous les atouts dont il dispose,  en moyens d’action et en solutions ?

C’est la grande question. Et dans l’état actuel des choses, personne ne semble en mesure d’y répondre en raison de tous les facteurs négatifs qui s’amoncellent et qui finiront par laminer les efforts faits depuis des années.  De tous les sports collectifs, seul le handball semble en mesure de garder la route, tout en reconnaissant qu’il se doit d’élargir davantage son rayon de prospection.

Le basket-ball a presque tout perdu. Le volley-ball vivote dans un vase clos duquel il a du mal à s’extraire. Le football ne sait pas où il va. Parce que dirigé non pas par des techniciens, mais par des personnes qui se sentent capables de tout savoir et tiennent à tout faire à leur façon.

L’état de nos clubs, le rythme de nos compétitions, le laisser-aller qui ronge les catégories jeunes, l’état  lamentable de notre infrastructure, l’absence de moyens financiers, la fuite en avant de certains dirigeants, le refus de personnes capables de sauver une partie des meubles à endosser des responsabilités en raison de la situation catastrophique qui règne et bien d’autres choses encore finiront par avoir raison de la volonté de ceux qui se battent à la manière des Don Quichotte des temps modernes.

Dans ce cas, qui sont les plus à plaindre ?

Cette poignée de supportrices et supporters tunisiens, perchés dans les tribunes du stade de Korhogo, venue encourager leur équipe et qui rentreront chez eux les yeux embués de larmes.

Dommage !

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