Financement participatif : Le démarrage du «crowdfunding» est imminent
L’activité du «crowdfunding» s’annonce prometteuse en Tunisie. Tout est dans l’ordre pour un démarrage en trombe de ce nouveau mode de financement qui servira de véritable rampe de lancement pour les projets portés par les startuppeurs et les jeunes entrepreneurs. Un effort de communication est, cependant, indispensable pour inciter les jeunes à créer un écosystème dynamique autour de cette activité qui devrait révolutionner l’entrepreneuriat jeune.
«On est en ordre de marche pour que les entrepreneurs qui veulent créer les plateformes de «crowdfunding», selon les trois activités, soient en capacité de déposer leurs projets auprès des trois régulateurs. Pour l’instant, il y a très peu de projets déposés… Il faut renverser le sablier pour que les plateformes naissent en Tunisie et portent des projets 100% tunisiens», a fait savoir Mouna Aoun, experte en «crowdfunding» et secrétaire générale de l’entreprise française spécialisée dans le financement collaboratif «KissKissBankBank & Co», lors de la conférence qui a été organisée, récemment, par l’Atic et l’Atuge sous le thème «Crowdfunding : le financement participatif des PME en Tunisie».
Les différentes activités de «crowdfunding»
Aoun a ajouté que les régulateurs tunisiens sont prêts pour le lancement de l’activité, précisant qu’Expertise France travaille, en partenariat avec l’Apii, sur un programme qui s’appelle «Innovi» et qui vise à promouvoir le financement participatif en Tunisie. D’ailleurs, un site internet «Crowdfunding Tunisia» va être lancé très prochainement pour vulgariser ce concept auprès du grand public. Il comportera toutes les informations nécessaires pour faciliter le déploiement de cette activité en Tunisie. Il sera structuré selon des onglets qui seront dédiés pour chacune des parties prenantes du «crowdfunding», à savoir les créateurs de plateformes, les porteurs de projets et les contributeurs.
En tant que membre d’Expertise France, Mouna Aoun a accompagné le processus de mise en place des premières bases du financement participatif en Tunisie qui a démarré en 2016, à l’occasion de la tenue du forum pour le développement du «crowdfunding» en Afrique et la naissance de l’association «Financement participatif Afrique et Méditerranée». Aujourd’hui, tout l’arsenal législatif est prêt. Et le «crowdfunding» est désormais possible en Tunisie à travers trois activités : le «crowdfunding» en investissement qui est régi par le conseil du marché financier; le «crowdfunding» en prêt qui est organisé par la Banque centrale et le «crowdfunding» dons et libéralités dont le régulateur est l’Autorité du contrôle de la micro-finance.
«L’idée du législateur tunisien et du régulateur est d’apporter une solution de financement complémentaire alternative au mode de financement classique existant en Tunisie. L’objectif est de créer de la stimulation dans le financement des start-up, de l’innovation et de l’entrepreneuriat des jeunes diplômés tunisiens mais également de contribuer au développement des territoires», a-t-elle expliqué.
C’est aussi un outil pour sonder le marché
Mettant l’accent sur l’aspect lucratif du «crowdfunding» en «dons et libéralités», l’experte a précisé que cette activité sert à financer l’innovation ainsi que l’entrepreneuriat jeune et féminin. En effet, le «crowdfunding» tire, aussi, son intérêt du rôle qu’il joue en tant que marché test, puisqu’il permet de sonder le marché.
«L’activité du “crowdfunding” permet à des porteurs de projet de tester des prototypes, lancer des ventes privées ou des précommandes et donc de tester un produit, une application, une activité avant même d’avoir à investir dans la création d’un site internet ou avant même de rencontrer ses premiers clients», a expliqué, dans ce même contexte, l’intervenante. Elle a fait savoir que la campagne «crowdfunding» en dons et libéralités consiste à 50% en une opération de communication et 50% en une opération de levée de fonds.
«Le porteur de projet va proposer des contreparties plus ou moins symboliques qui peuvent aller du simple T-shirt à l’effigie de la société jusqu’à des préventes, permettant à l’entrepreneur de vendre, à de premiers clients, le prototype à des tarifs un peu plus élevés qu’en phase de commercialisation. […] A l’issue d’une campagne de communication, le porteur de projet va raconter son histoire et mobiliser autour de lui une communauté qui va acheter le projet», a-t-elle détaillé.
Cette première étape franchie servira de tremplin pour le jeune entrepreneur vers les financements complémentaires bancaires classiques. Aoun a, en ce sens, indiqué qu’en somme, le «crowdfunding» en dons et libéralités permet de mettre à disposition des entreprises un outil de financement complémentaire, qui aide les jeunes à développer l’entrepreneuriat au plus près des territoires.
Il s’agit, selon l’experte, d’un outil d’empowerment et de responsabilisation «hors norme», qui fait vivre les collectivités territoriales en révélant des talents sur les territoires. Elle a indiqué, par ailleurs, qu’il s’agit bien d’une activité complémentaire de microcrédit ou de micro-finance, qui permet aussi à la diaspora de participer au développement d’une activité économique au plus près des territoires dans le pays d’origine.
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