Culture

Exposition sur la Calligraphie arabe: L’écran s’éteint, l’écrit reste !

Le ministère des Affaires culturelles et l’Organisation arabe pour l’éducation, la culture et les sciences (Alecso) organisent une manifestation culturelle conjointe sur la calligraphie et les arts de la calligraphie durant la période du 13 au 21 novembre au Village tunisien de la Francophonie à Djerba, et ce, à l’occasion du 18e Sommet de la Francophonie (19-20 novembre). Une occasion pour redécouvrir l’historique de l’art de la calligraphie à travers une exposition d’œuvres d’art sélectionnées dans le Fonds national des arts plastiques et des collections privées d’éminents artistes tunisiens.

Inscrite au patrimoine immatériel de l’humanité, la calligraphie arabe avait pour origine l’écriture du Coran de la plus belle manière possible. Du coufique au cursif, les styles sont différents et rivalisent de perfection et de beauté, une expression plastique à part entière qui continue à être enseignée en Tunisie et dans le monde. Avant la lettre, la Tunisie était une terre de langues et d’écritures ! Les experts l’attestent ! D’ailleurs, c’est grâce à une épitaphe bilingue découverte dans le Mausolée libyco-punique (à Dougga) que les archéologues ont pu déchiffrer l’alphabet.

Malheureusement, cette épitaphe a été cédée par un bey à un consul britannique qui a détruit le mausolée pour l’extraire.

Les épigraphes de Dougga, inscription sur les édifices pour en indiquer la date, sont écrites dans les trois anciennes langues du pays: le latin, le punique et le libyque. Ainsi, la Tunisie était un pays où coexistaient trois langues. C’est aussi de cette tradition linguistique qu’est née la passion pour l’écrit et l’écriture. La lettre devient une expression plastique et la phrase devient une œuvre d’art imposante grâce à la calligraphie arabe (du grec ancien «Kallos» : beauté «Graphia» : écriture). Dans le livre «Ifriqya treize siècles d’art et d’architecture en Tunisie», Jamila Binous écrit : «Les artisans musulmans savent utiliser la beauté de la calligraphie arabe, la langue du Livre sacré, le Coran, non seulement pour transcrire des versets coraniques, mais dans toutes ses variantes, comme simple motif de décoration de l’ornementation des panneaux de stuc». 

A cela s’ajoute le fait que les Phéniciens ont introduit l’alphabet en Tunisie et l’histoire commence avec la fondation d’Utique. Il est important de rappeler que cette terre a connu 7 écritures : le phénicien, le libyque, le latin, le grec, l’étrusque, l’hébreu et l’arabe.

D’ailleurs, le phénicien est une langue sémitique. Plusieurs mots d’arabe partagent la même racine avec cette langue. Si la calligraphie arabe vient d’être classée par l’Unesco en 2022, c’est parce que la calligraphie kairouanaise (entre autres) témoigne donc d’une longue tradition de l’écriture.

La calligraphie arabe, qui s’enseigne jusqu’à nos jours dans nos écoles, constitue un cordon ombilical qui relie la Tunisie avec son passé prestigieux kairouanais.

C’est une passerelle entre le présent et le passé et c’est un marqueur identitaire très fort de la Tunisie par rapport à son passé arabo-musulman. Ces calligraphies sont encore visibles   à la Grande Mosquée Okba Ibn Nafaa (calligraphie en bas-relief sur une colonne romaine dans le patio, au mausolée Sidi Salem à Menzel Temime et à la Mosquée de Jara à Gabès, calligraphie sur le minaret,  entre autres endroits). 

Quelles sont les plus grandes écoles de la calligraphie aujourd’hui dans le monde ? Elles sont au nombre de trois : l’école arabe avec son centre à Bagdad, l’école persane avec son centre en Iran et l’école ottomane avec son centre à Istanbul. Mais voici un autre style qui s’est développé et qui fait aujourd’hui école, même s’il est moins codé. Il s’agit du style «Maghrebi» qu’on retrouve en Tunisie, au Maroc et en Algérie. Un art qui reste toujours vivant qui s’expose, qui s’exporte et qui se collectionne… Longue vie à l’écrit qui reste lorsque  l’écran s’éteint.

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