Culture

Exposition individuelle de l’artiste visuel Amor Ghedamsi à la galerie de l’Espace d’art Mille-feuilles, La Marsa : Métaphore de l’arbre des origines et de l’anti-péché

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Par Amel BOUSLAMA |

Dans la clarté de la lumière printanière et le vaste espace de la galerie située au premier étage, au-dessus de la librairie Mille-feuilles, l’artiste visuel et écrivain tunisien, Amor Ghedamsi, tient sa quatrième exposition individuelle sous le titre : « L’arbre de l’imaginaire ». Vingt-six œuvres de technique mixte sur toile et carton marouflé, des livres peints et une installation circulaire composée d’un ensemble de robes peintes, sont majestueusement exposés jusqu’au mardi 6 juin 2023.

Afin d’accéder aux arcanes de la pensée mise en œuvre dans sa pratique artistique, il n’y a pas mieux qu’Amor Ghedamsi — dont les parents sont originaires de la ville de Ghadamès — pour traduire par les mots la thématique et la problématique engagées. C’est en nourrissant les racines et s’en nourrissant, que l’arbre croît et grandit en donnant les beaux fruits comme on peut les voir exposés ici. Images métaphoriques, mythes, papiers usagés, finement déchirés puis collés et acrylique de toutes les couleurs s’articulent pour former un langage plastique actuel, dit « contemporain ». Inspirés de l’art de la miniature et de l’enluminure, réminiscences, inconscient collectif, signes et archétypes interagissent en vue de donner à apprécier un temps et un espace plastique, où l’être humain est en parfaite synergie et harmonie avec les végétaux et les animaux. En conséquence, voici le texte de l’artiste et auteur Amor Ghedamsi que j’ai eu l’immense plaisir de traduire de l’arabe :

L’arbre de l’imaginaire

Avant l’arbre du péché originel, l’Histoire de l’Homme n’existait pas encore. C’est avec l’arbre orienté vers la terre que l’histoire des humains a commencé. Mon humanité ne peut pas être située en dehors de cette noble conception. J’ai la conscience d’appartenir à une immense iconographie éparpillée à travers les anciens manuscrits, l’art de la miniature, les arts de la peinture populaire et les morceaux de tissus que les femmes du village nouaient autour des branches des arbres sacrés. Là-bas, au fond du Sahara, dans la ville de Ghadamès, les femmes accomplissent le baptême des nouvelles maisons en dessinant des motifs végétaux sur leurs murs.

L’arbre de l’imaginaire est l’arbre des origines… C’est une notion d’avant le langage, lorsque les entités vivantes parlaient avec les humains et que les uns émanaient des autres. Un monde que je présente et que je ne reproduis pas dans le sens deleuzien du terme. Je suis un artiste local appartenant à ce monde de balayage de toute spécificité sous un ciel de modernité qui nous déverse un torrent d’images semblable à la peste… « Trop d’images rend aveugle » comme le disait Saint-Augustin.

Je parcours les rues de la ville moderne et recueille les affiches publicitaires et collecte les boîtes de conserve rouillées, puis je les mets en osmose avec le dilemme de la modernité. (Cette dernière signifie pour moi un simple médium de l’acrylique et des autres matériaux fabriqués). À travers tout ceci, je me réapproprie un langage oublié que jadis les entités vivantes avaient l’habitude de pratiquer entre elles, c’est le langage d’avant la rupture et d’avant la fêlure.

Je prends des livres publiés et des robes utilisées et transforme leur fonction en vue d’un espace différent, chose que je fais aussi dans mes tableaux, là où la peinture devient apparition, recouvrement, effacement et synthèse afin de reconquérir le sens perdu. Tout ce que je fais à peu près passe à travers une seule question : après être revenu à la vie suite à une inertie et un oubli, quelle trace contemporaine pourrait créer un artisan décorateur dans un souk de libraires à Kairouan ou à Cordoue ou un peintre sous-verre lors des siècles passés ?

Dans tout ceci, je fais mien ce paragraphe puisé dans les écrits de l’un de mes pères spirituels Abdelkébir Khatibi :

« Peut-être qu’il aurait fallu à ce que l’artiste apprivoise le passé quand il invente le futur, afin que le travail artistique s’abstraie et échappe au temps et pour qu’il se réveille de sa léthargie magnétique à travers cette réappropriation éternelle du temps, laquelle appelle au travail, à l’amour et à l’endurance. Tout artiste digne de ce nom est condamné à la solitude, au silence et au regard blessant ».                                           

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