National

Drame à Zarzis : un an déjà !

 

La ville de Zarzis du gouvernorat de Médenine (sud de la Tunisie) commémore, en ce triste 18 septembre 2023, le premier anniversaire du drame ayant conduit à la disparition de 18 citoyens tunisiens.

Le 18 septembre 2022, la nouvelle s’était rapidement propagée dans la ville de Zarzis et sur les réseaux sociaux. Des Tunisiens ayant tenté une traversée clandestine de la Méditerranée avaient disparu et leurs familles n’ont pas pu les joindre.

Face à l’absence de réactions de la part des autorités locales, des pêcheurs sont partis à la recherche des naufragés et ont commencé à repêcher les cadavres. D’autres, s’adonnant tout simplement à leurs activités économiques en ont découvert une partie en pleine mer. Le drame se transforme en fiasco lorsqu’on découvre, par la suite, qu’une partie des cadavres avait été déjà repêchée et enterrée dans un cimetière destiné aux migrants étrangers non identifiés.

Il s’agissait d’une terrible nouvelle reflétant l’amateurisme des autorités locales et la défaillance du système. Théoriquement, les cadavres doivent être soumis à un examen médical et subir un test ADN avant d’être enterrés. Ceci permettait d’identifier leurs pays d’origine. Une simple photo prise par un pêcheur a dévoilé la vérité à ce sujet. La mère de l’un des disparus a, grâce à la photo, pu identifier son fils. Malheureusement, il ne s’agissait pas d’un cas isolé. La persévérance des parents des naufragés a révélé qu’au moins quatre autres cadavres enterrés dans ce cimetière destiné aux migrants étrangers non-identifiés étaient ceux de citoyens tunisiens.

Tous les habitants de la région étaient outrés. Ils multiplient les protestations jusqu’à la tenue d’une manifestation ayant réussi à mobiliser 7.000 personnes, selon le secrétaire général de l’Union locale du travail de Zarzis relevant de l’UGTT, Hédi Hmidi. « Nous avons organisé cette grève pour adresser un message à l’État. Zarzis n’est pas que la migration et un cimetière pour les étrangers. Ceci est une occasion pour dire au président de la République et sa cheffe du gouvernement que s’ils veulent atténuer l’immigration clandestine, qu’ils abordent le dossier du développement de la région », a-t-il déclaré sur Shems FM.

De plus, plusieurs heurts ont eu lieu entre des habitants de la région et les forces de l’ordre. Du côté du pouvoir exécutif, personne ne s’était rendu à Zarzis. Ni le président de la République, Kaïs Saïed, ni la cheffe du gouvernement en ce temps-là, Najla Bouden, ni les ministres n’avaient fait le déplacement. Pourtant, ces derniers n’ont pas eu de mal à se rendre à Djerba, île se trouvant à quelque 44 kilomètres de Zarzis, soit moins d’une heure en voiture. Ils avaient suivi les préparatifs et avaient assisté au Sommet de la francophonie les 19 et 20 novembre 2022.

Quelques vieillards, enfants et parents avaient essayé d’exprimer leur mécontentement en menant une marche depuis Zarzis vers Djerba. Ils ont été accueillis à coups de gaz lacrymogène et d’arrestations musclées. 

On retiendra du drame quelques déclarations et communiqués de la présidence de la République évoquant l’ouverture d’une enquête et des réseaux criminels profitant de la détresse des gens. Le chef de l’État, Kaïs Saïed est, même, allé jusqu’à affirmer qu’il s’agissait d’un acte prémédité. Les fameux comploteurs, dont il ne cesse d’évoquer l’existence, auraient poussé des Tunisiens à traverser clandestinement la Méditerranée.

Bien évidemment, et comme dans plusieurs affaires nécessitant une véritable intervention de l’État, l’affaire est partie rejoindre la liste des nombreuses enquêtes en cours. Ces fameuses enquêtes qui n’avanceront jamais et qui finiront aux oubliettes.

S.G


lien sur site officiel

Source :

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page