“Crafted in the land of potters”: Une magnifique histoire de terre, d’art et de traditions
Vient de paraître, aux éditions Dar Ben Gacem, un superbe ouvrage consacré à l’histoire d’une collection de céramiques et terres cuites, collection intimement liée à l’histoire de la Tunisie. Une partie de la collection est exposée de façon permanente dans les vitrines et sur les cimaises de Dar Ben Gacem, rue du Pacha et rue El Kahia.
Rien ne trahit plus un homme qu’une collection. Elle révèle ses passions ou ses obsessions, ses forces et ses failles, ses coups de cœur ou ses coups de dés.
Elle révèle un tempérament, celui de l’esthète ou de l’accumulateur, du compulsif ou du calculateur, du poète ou de l’investisseur.
Si Hamida Ben Gacem, curieusement, échappe à toutes ces nomenclatures. Aucune de ces cases ne lui correspond vraiment, ou alors jamais tout à fait.
Sa collection, il l’a commencée un peu par hasard, par nostalgie. C’est parce qu’on lui avait parlé d’un lot de céramiques anciennes mises à la vente par un brocanteur, et qu’il se souvenait de celles qui avaient illustré son enfance, réserves d’huile ou de bsissa dans el beyt el mouna familiale, qu’il décida de les acheter. Non pour leur quelconque valeur actuelle ou à venir, mais pour les préserver de la casse.
Car on brisait les poteries jugées inutiles pour en fabriquer d’autres. Lui se disait que porteuses de souvenirs, elles méritaient un autre sort.
Mais c’était ouvrir la boîte de Pandore
Ralliant ella Alya à sa croisade contre l’oubli, il entreprit une véritable quête, achetant toute terre cuite vernissée, quel que soit son origine, son usage ou sa datation.
C’est ce qui fait de Si Hamida et ella Alya des collectionneurs atypiques, car l’ensemble qu’ils ont réuni, s’il recèle de véritables pièces de musée, comprend également d’humbles objets du quotidien.
Pour eux, la jarre de De Verclos, le tabsi de Qallaline du XIXe siècle, ou l’exceptionnelle lampe à huile de Djerba ont autant droit de cité dans leurs vitrines que le modeste haleb acheté sur un étal de marché.
Et c’est en cela que cette exposition est émouvante. Non par ce qu’elle réunit, encore qu’elle soit magnifiquement composée de superbes témoignages de l’art de la céramique des deux siècles derniers, et qu’on y trouve de réels trésors.
Mais de ce qu’elle révèle de la volonté de ce couple de collectionneurs de préserver une mémoire, un patrimoine, un savoir- faire, et de rendre hommage à ces mains anonymes qui l’ont transmis.
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