Après 68 ans d’Indépendance : Enjeux et défis du développement national
Il est vrai qu’on ne peut réduire le fonctionnement de l’Etat à de simples textes et autres procédures dont certains datent de plusieurs dizaines d’années, qui ne sont plus en harmonie ni en adéquation avec les dernières évolutions et les nouvelles réalités du pays. Un pays qui veut avancer est appelé à être en perpétuel mouvement pour sortir des vieux carcans.
La Tunisie vient de célébrer le 68e anniversaire de son Indépendance acquise haut la main, à la suite d’un long mouvement de libération. Une lutte alliant le mode des négociations et celui de la résistance armée, ce qui lui a conféré le cachet spécial privilégiant l’approche dite des étapes.
Ainsi, dans la foulée de l’accord du 1er juin 1955, il y a eu la proclamation de l’indépendance, le 20 mars 1956, suivie de la « tunisification » des forces de sécurité intérieure, avant d’obtenir l’évacuation totale de l’armée française, le 15 octobre 1963. Le tout couronné par une autre évacuation, celle agricole le 12 mai 1964.
Ensuite, arrive l’époque de l’édification de la Tunisie moderne avec le concours des hommes bâtisseurs. Ainsi, après les 30 ans de l’ère Bourguiba et les 23 ans de l’ère Ben Ali, les Tunisiens ont cru qu’ils sont arrivés au bout de leurs peines, avec la révolution du 17 décembre 2010/14 janvier 2011. Or, encore une fois, la Tunisie a raté le décollage, ne pouvant mettre fin au règne des clans et des « familles ». Une phase triste de l’histoire du pays qui a généré corruption d’ampleur et népotisme.
En effet, par un jeu d’influences et d’interventions téléguidées à partir de l’étranger, les islamistes se sont appropriés la révolution et le pouvoir, pour faire la pluie et le beau temps durant une décennie qualifiée, à juste titre, de décennie noire. En cause, une mainmise sur le pouvoir et une dilapidation de ce qui restait des richesses du pays.
Après l’avènement du processus du 25 juillet 2021 et l’accueil favorable qu’il a reçu, les vieux réflexes ont refait surface pour tirer vers le bas et tenter de vouer à l’échec toute aspiration réformatrice.
Le respect des procédures…
La nouvelle approche est marquée par des considérations nobles dans le sens où elle prône le « compter-sur-soi », le respect de la souveraineté nationale, la répartition équitable des richesses et le recouvrement des biens mal acquis.
Toutefois, les freinages ont prouvé qu’ils ont la peau dure. Il fallait bloquer toute velléité réformatrice avec la réapparition de ces pratiques de monopole, de spéculation, sans compter des tentatives de blocage de plusieurs projets de développement.
Et justement, c’est sur ce dernier point que la machine grince, voire bloque carrément avec un prétendu argument massue, en l’occurrence « la nécessité de respecter les lois existantes ». Lors de son dernier entretien avec le Chef du gouvernement, le Président de la République a réitéré ses appels pour procéder aux amendements de certaines lois, car comme l’a si bien dit le Chef de l’Etat : «Aucune révolution dans le monde ne peut atteindre ses objectifs avec une législation mise en place avant son déclenchement».
Résistance négative
Il faut dire qu’à maintes reprises, le Président de la République, qui croit en l’efficacité de l’homogénéité de l’action de l’équipe gouvernementale, a vivement critiqué les arguments qui défendent « le respect des procédures ».
Il est inconcevable qu’un projet tel que celui de l’hôpital à Kairouan, demeure sans le moindre pas en avant, alors que les fonds alloués sont disponibles. Comme il est impensable que le processus de la conciliation pénale fasse du sur-place depuis plus de deux ans.
Conscient de la persistance de cette mentalité pernicieuse qui se cache derrière les lourdeurs des rouages administratifs, le Président Kaïs Saïed semble déterminé à faire sauter les derniers verrous qui font de la résistance négative.
Il est vrai qu’on ne peut réduire le fonctionnement de l’Etat à de simples textes et autres procédures dont certains datent de plusieurs dizaines d’années, qui ne sont plus en harmonie ni en adéquation avec les dernières évolutions et les nouvelles réalités du pays. Un pays qui veut avancer est appelé à être en perpétuel mouvement pour sortir des vieux carcans.
L’hôpital de Kairouan et la conciliation pénale ne sont que deux exemples, mais probants qui rendent compte de l’état des lieux. Pour peu qu’on réussisse à faire bouger les lignes, ils pourraient servir d’éléments déclencheurs pour un grand nombre d’autres cas.
En résumé, si l’exécutif est déterminé à sortir des sentiers battus, il est plus que temps pour que les dispositions législatives suivent, afin de répondre aux aspirations des Tunisiens.
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