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Affaire des déchets italiens : seize personnes arrêtées en Italie

 

Seize personnes ont été arrêtées et onze mesures conservatoires ont été prises, jeudi 29 février 2024, en Italie, suite à une opération menée par la police judiciaire anti-mafia et la police de protection de l’environnement et de sécurité énergétique, dans le cadre de l’affaire dite des déchets italiens.

Les personnes arrêtées en Italie sont soupçonnées d’avoir commis le délit d’activité organisée en vue du commerce illégal de déchets, d’enregistrement fictif, d’élimination illégale de déchets et d’établissement d’une décharge illégale, ainsi que de fraude en relation avec l’approvisionnement public, indiquent les médias italiens.

L’ancien député, Majdi Karbai, a précisé, dans la matinale de Mosaïque FM, que deux mandats d’amener ont été émis à l’encontre de deux Tunisiens, le directeur général de la société Soreplast qui est en état de fuite, et un fonctionnaire de l’Agence tunisienne de gestion des déchets qui a été poursuivi en Tunisie.

« L’enquête se poursuit en Italie, d’autres personnes seront démasquées mais ce qui est dangereux est que nous avons certes rendu une partie des déchets mais nous avons 1900 tonnes qui ont été brûlés et nous ignorons encore l’identité des coupables. Nous ne savons toujours pas quand ces déchets, qui sont stockés à Msaken, seront restitués. La ministre de l’Environnement avait dit en 2022 qu’ils allaient être restitués et que la Tunisie allait exiger un dédommagement et recourir à la justice internationale. A l’heure actuelle, la Tunisie n’a pas été dédommagée et aucun recours en justice n’a été déposé contre la partie italienne et les 1900 tonnes de déchets brulés sont encore à Msaken. L’affaire n’est pas encore finie ! Bruler les déchets est un mode opératoire de la mafia et aujourd’hui nous ignorons encore qui a commis cela en Tunisie » a-t-il précisé.

 

 

L’enquête, disent les médias italiens, implique des intermédiaires, des entrepreneurs, des propriétaires d’entreprises de traitement-récupération, des sociétés d’intermédiation et des agents publics. Les délits présumés sont relatifs au trafic illicite de déchets, à l’intermédiation fictive de marchandises, à la gestion illicite des déchets, à la construction de décharges illégales et à la fraude dans les marchés publics.

Le trafic de déchets avait pour résultat final l’incinération des déchets, leur abandon ou leur mise en décharge en Afrique. Le tout sur la base d’un contrat signé le 30 septembre 2019, à Polla entre une entreprise de Campanie et une entreprise tunisienne pour le transport de 120 mille tonnes de déchets vers l’Afrique. Deux sociétés d’intermédiation étaient également impliquées dans l’accord, l’une basée à Soverato et l’autre en Tunisie.

 

L’affaire a, rappelons-le, éclaté en 2020 après que la chaîne El-Hiwar a diffusé un épisode de l’émission de Hamza Belloumi « les Quatre vérités » mettant à nu un réseau de trafic dont la mission était de débarrasser l’Italie de ses poubelles. Près de 120 mille tonnes de déchets et matériaux de récupération devaient être acheminées dans des conteneurs vers la Tunisie, chaque année, selon l’accord conclu, alors, entre une société italienne (Sviluppo Risorse Ambientali) installée à Salerne et spécialisée dans la valorisation des déchets, et le propriétaire d’une entreprise tunisienne de traitement de déchets plastiques (Soreplast).

Le contrat signé, 282 conteneurs sont partis, du port de la ville italienne, vers la ville côtière de Sousse en Tunisie avec à bord 7.800 tonnes de déchets dangereux selon la classification de la Convention de Bâle sur le contrôle des mouvements transfrontières de déchets dangereux et de leur élimination. 

La découverte de la contenance des conteneurs par les services de la douane a dévoilé une affaire de corruption tentaculaire. Sept personnes ont été arrêtées, dont un ancien ministre de l’Environnement limogé dans la foulée et de hauts fonctionnaires de la douane tunisienne et de l’Agence nationale de gestion des déchets (Anged). Onze autres suspects ont fait l’objet d’une enquête, dont le consul de Tunisie à Naples.

Deux ans plus tard, la justice tunisienne s’est prononcée sur le sort des prévenus. L’ancien ministre de l’Environnement Mustapha Aroui, a été condamné à trois ans de prison par la chambre criminelle du Tribunal de première instance de Tunis. Trois ans de réclusion ont, également, été prononcés contre trois autres personnes. Le propriétaire de la société tunisienne responsable de l’importation des déchets italiens – en fuite – a, lui, écopé de quinze ans de prison par contumace, et un cadre du ministère de l’Environnement a été condamné à dix ans. L’ancien ministre de l’Environnement Chokri Belhassen – également suspecté d’être impliqué – a, lui, été acquitté. Ces jugements ont été prononcés en première instance.

 

M.B.Z

 


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