A l’espace Mooja: Tunseya ou l’art du costume feminin
Mapping, projection de films anciens, ou encore de voyages-rencontres avec les artisanes qui ont filé, tissé, brodé ces costumes, Farès Cheraït, entouré de son équipe, propose un nouveau regard, une manière personnelle de présenter costumes et bijoux.
Curieusement, c’est au cœur des sables, sur les confins du désert qu’est né le désir et le projet de cette collection. Etait-ce la mythologie partagée du royaume de l’Atlantide et de ses splendeurs légendaires ? Le fait est que, à Tozeur, quand Abderrazek et Monica Cheraït ont commencé à rêver du musée auquel ils ont consacré leur vie, musée dont la réputation a transformé le destin de la ville, ils ont d’abord voulu constituer une collection de costumes. Des années durant, on les a vus écumer antiquaires, brocanteurs et marchés hebdomadaires. Ils ont traqué la moindre piste, celle des caves et des greniers, des héritages dispersés et des partages familiaux. Cela avec méthode, rigueur et cohérence. Car, pour eux, il s’agissait de retrouver le fil d’Ariane : celui qui, d’une région à une autre, d’une époque à la suivante n’avait qu’une motivation : offrir aux femmes la majesté que leur confère la parure. Kaftans, fermlas, serouals, bediyas, foutas, kmajas ont été filés, cousus, brodés, gansés pour que les femmes de Hammamet, Djerba, Sfax ou Mahdia soient toutes uniques dans leur splendeur.
Farès Cheraït, quant à lui, est tombé dedans quand il était petit. Vivre au milieu de ces costumes d’apparat qui racontent l’histoire de ces cités antiques, la culture de ce pays millénaire et le savoir-faire de ses artisans et artisanes ne pouvait que laisser des traces, soulever des échos.
Styliste formé auprès des plus grands—Alaïa, et bien d’autres—, il a décidé d’accueillir et de mettre en valeur cette collection familiale, à l’aune d’un regard moderne et contemporain, selon une scénographie respectueuse et innovante. Dans son espace-galerie Mooja, repensé et réaménagé pour la circonstance, transformé en un véritable musée du costume selon une scénographie inspirée des grands musées parisiens, telles les expositions « L’Orient des femmes» au Quai Branly, ou encore l’exposition Schiaparelli au musée des arts décoratifs, il rend hommage à cette collection. Car le goût de la parure n’est pas anodin : il reflète une société policée qui a su surmonter les aléas du nécessaire pour ériger le superflu en code de vie et d’esthétique.
Mapping, projection de films anciens, ou encore de voyages-rencontres avec les artisanes qui ont filé, tissé, brodé ces costumes, Farès Cheraït, entouré de son équipe, propose un nouveau regard, une manière personnelle de présenter costumes et bijoux.
La collection Tunseya, du musée Dar Cheraït, scénographiée et mise en scène par Farès Cheraït, est accueillie par l’espace Mooja, musée éphémère. Elle voyagera par la suite à travers diverses capitales européennes où elle témoignera de l’éclat et du raffinement de l’art de la parure en Tunisie.
Qu’on se le dise : il est exceptionnel de voir un si bel ensemble présenté avec un tel talent. Il ne faut surtout pas en manquer la visite.
Exposition Tunseya
Espace Mooja Place Mendes France. Mutuelleville
Du 16 mars au 21 avril
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