Zoomactu | Sonner la mobilisation générale
La Tunisie, à l’instar des autres pays du monde, fait face à un déficit hydrique alarmant qui appelle à un changement profond de paradigme. La gravité de la situation actuelle dicte, désormais, d’appréhender autrement notre rapport à l’eau. C’est pourquoi le gouvernement ne doit pas lésiner sur les moyens et doit sonner la mobilisation générale pour accélérer les projets avec, à côté des grands chantiers stratégiques structurants, des mesures ponctuelles urgentes visant à faire face à la rareté des ressources hydriques. Construction de grands et petits barrages, construction d’unités de dessalement de l’eau de mer, construction de stations de traitement des eaux usées…, tout un ensemble de dispositifs doit être mis en place.
L’enjeu est donc de taille. La gestion des ressources hydriques est devenue aussi une affaire collective qui concerne tout le monde. En ce sens que chaque citoyen devrait bannir, dans son rapport à l’eau au quotidien, le gaspillage. Par ailleurs, le seuil des dégradations spécifiques est préoccupant dans les grands ouvrages, les barrages en l’occurrence. L’envasement de la retenue d’un barrage diminue certes sa capacité de stockage, ce qui affecte son volume utile disponible et, partant, les flux d’irrigation et d’approvisionnement en eau potable et production énergétique. Selon les propos du Président de la république Kaïs Said, «les négligences dans la maintenance des barrages s’élèvent au rang de crimes», faisant savoir que la capacité de remplissage de certains barrages ne dépasse pas le un tiers et d’autres n’ont plus de capacité du tout comme celui d’Oued Akhmas.
Et de rappeler lors de sa rencontre, récemment, avec le ministre de l’Agriculture, des Ressources hydrauliques et de la Pêche, Abdelmonem Belati, et le secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Agriculture chargé des eaux, Ridha Kabbouj, l’arsenal des textes de lois qui n’ont pas été mis en œuvre dont ceux en lien avec les puits profonds et les lacs de montagne.
C’est dire qu’une mobilisation des politiques publiques doit se faire pour juguler les effets de l’envasement et de la sédimentation dans les barrages. Des sols qui se dégradent, c’est la diminution des rendements agricoles, la sécurité alimentaire en question, la gestion des ressources en eau aussi.
Evidemment, le délabrement accru des infrastructures vitaux du pays notamment les ouvrages hydrauliques et en particulier les barrages, faute de maintenance et d’investissement durant les dernières années, ne peut pas être sans conséquences socioéconomiques.
Dans son dernier rapport dur la situation des grands barrages et les risques qui menacent leur durabilité, l’Observatoire national de l’agriculture (Onagri) indique que l’envasement des barrages est l’un des problèmes préoccupants dans la mobilisation des ressources en eaux en Tunisie, précisant que l’envasement des grands barrages (36) est estimé à 675 millions m3 sur une capacité initiale de 2988 millions m3, soit un taux d’envasement moyen de 23%.
Selon les données de l’Onagri, trois barrages présentent un taux d’envasement supérieur à 50%, il s’agit de Mellègue, Siliana et Rmil, pourtant, un seul de ces trois barrages a atteint une durée de vie de 50 ans, les deux autres ont respectivement des durées de vie de 34 ans et de 19 ans. Ces barrages sont situés dans des régions qui sont pour la plupart pauvres en ressources en eaux.
En considérant les mêmes conditions climatiques actuelles et sans aucune intervention visant la réduction de la sédimentation, les barrages de Mellègue et de R’mil seront totalement envasés en 2035 et celui de Siliana en 2047, indique le rapport.
Pour remédier à la réduction des ressources en eaux de surface, un deuxième barrage Mellègue 2 est en cours de construction. Ce nouveau barrage supérieur de Mellègue vise à préserver la ville de Jendouba contre les inondations et à favoriser la création de nouvelles zones d’irrigation. Cet ouvrage s’inscrit dans le cadre du programme des projets du ministère de l’Agriculture qui renferme, entre autres, l’aménagement de quatre barrages, au cours des prochaines années, moyennant une enveloppe de 935,8 millions de dinars. Il s’agit des barrages de Douimis à Bizerte, Saïda à La Manouba, El Kalâa à Sousse et Mellègue supérieur au Kef. Il est prévu aussi le lancement d’opérations de rehaussement des digues pour certains barrages.
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