Economie tunisie

Zoomactu | Moody’s dégrade la note souveraine de la Tunisie : Les effets seront visibles

 

Coup sur coup,  l’Agence de notation américaine Moody’s a annoncé la semaine dernière la dégradation de la note souveraine de la Tunisie à long terme, en devises et en monnaie locale, la faisant passer de Caa1 à Caa2 avec perspective négative. Elle a, également, abaissé la note de la Banque centrale de Tunisie (BCT), qui est légalement responsable des paiements sur toutes les obligations du gouvernement de Caa1 à Caa 2 assortie d’une perspective négative.

Moody’s explique que la poursuite de la détérioration des finances publiques, le retard accusé dans l’exécution des  grandes réformes structurelles et celui de l’accord avec le FMI, l’instabilité macroéconomique du pays, la faiblesse des indicateurs de développement et de gouvernance, le niveau élevé de la dette publique globale et des déficits du budget persistants, sont les principaux motifs de cette dégradation.  Voilà donc une ultime alerte pour le gouvernement et ses départements ministériels.

Selon Moody’s, cette dégradation est expliquée par l’incertitude quant à la capacité du gouvernement à mettre en place des mesures qui puissent répondre aux besoins de financement élevés. Et d’avertir: ««Si un financement important n’est pas assuré, la Tunisie risque un défaut de paiement de sa dette».

L’agence avait déjà mis en garde que les risques pesant sur le profil de crédit de la Tunisie resteront orientés à la baisse, même dans le cadre d’un éventuel accord avec le FMI.

Et d’ajouter que ««les nouveaux retards prolongés dans la mise en place d’un nouveau programme du FMI éroderaient les réserves de change par le biais de prélèvements pour le paiement du service de la dette, exacerbant ainsi les risques de balance des paiements et la probabilité d’une restructuration de la dette qui entraînerait des pertes pour les créanciers du secteur privé ».

D’après Radhi Meddeb, expert en économie, la perspective négative « veut dire que si nous n’arrivons pas à nous reprendre très vite et très fort, nous serons de nouveau dégradés. Cela veut dire tout simplement que nous ne pourrions plus rembourser nos dettes, payer nos céréales, nos carburants, nos médicaments. Le Dinar serait dévalué, peut-être plus.  Pendant ce temps-là, nous continuons à empêcher les trains du phosphate de circuler, les puits de pétrole de produire.  Nous faisons fuir les investisseurs internationaux. Nous faisons peur à ceux locaux et nous prenons du retard sur la transition énergétique, la numérisation de l’administration, la réforme de notre système d’éducation, de celui de la santé…».

De son côté, Moez Hadidane, universitaire et expert en économie et marché financier, précise que «la Tunisie fait face à une situation décisive avant d’atteindre la phase de non remboursement de certains de ses engagements financiers.

Elle se trouve actuellement dans l’obligation d’entamer immédiatement les réformes, et ce, suite à la dégradation par Moody’s de sa note souveraine». Une dégradation signifie que le gouvernement et la BCT sont exposés à des risques élevés et à d’incapacité d’honorer les engagements financiers.

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