VIH/Sida en Tunisie : L’égalité d’accès aux soins, un pilier de la lutte contre le sida
Lassâad Soua, directeur Onusida Tunisie, explique à La Presse que le rôle des communautés s’avère très important pour la prochaine phase, dans la mesure où les programmes de dépistage ciblés contribuent à rompre l’isolement de certaines localités.
La situation des personnes vivant avec le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) s’avère complexe et difficile en raison de divers facteurs médicaux, sociaux et psychologiques. En Tunisie, ces personnes font toujours face à des obstacles sociétaux, tels que la stigmatisation et la discrimination en raison de la méconnaissance de la maladie et des préjugés. Cela peut conduire à l’isolement social, au rejet familial, et à des difficultés professionnelles. Parallèlement, l’accès au système de santé n’est pas toujours garanti. Ce sont les problématiques qui ont été débattues hier à la conférence nationale intitulée : «Le VIH/Sida et les Droits des populations vulnérables en Tunisie, vers une approche inclusive», organisée par avocats sans frontières en Tunisie, OnuSida et l’Organisation internationale de droit du développement, à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le Sida, célébrée le premier décembre de chaque année.
Ramy Khouili, directeur de ASF Tunisie, a dressé un bilan sombre de la réalité de ces personnes et des différentes autres minorités en Tunisie. Pointant l’absence d’une approche inclusive dans la lutte contre ce qu’il appelle le virus du siècle, il rappelle que le Sida n’est pas une maladie normale et reste liée à une stigmatisation sociale continue. Lui qui met en garde contre un relâchement de la riposte contre ce virus, explique que la loi contribue, paradoxalement, à la propagation de cette maladie. «Ces personnes sont dans une situation de peur continue, et malheureusement la législation aggrave leur situation et ne les aide pas à lutter contre cette maladie», a-t-il estimé.
La Tunisie peut compter sur les Nations unies
Pour sa part, Arnaud Peral, coordonnateur-résident et représentant du secrétaire général des Nations unies en Tunisie, souligne l’impératif de redoubler d’efforts pour lutter contre le Sida en militant pour le droit universel à la santé. Ce responsable onusien qui cite des progrès en Tunisie dans la lutte contre cette maladie, notamment sur le plan du dépistage, affirme que des défis persistent. «Les déterminants sociaux et l’égalité de l’accès aux soins doivent constituer un pilier de la lutte contre le sida en Tunisie dans un cadre de riposte face à la stigmatisation et de respect des droits humains», a-t-il dit.
Et de souligner le rôle des communautés dans le renforcement des programmes de dépistage et de prévention, ajoutant que la Tunisie peut compter sur les Nations unies pour renforcer ses programmes de lutte.
Peral qui a également dévoilé un programme conjoint qui sera mis en place en Tunisie et en Algérie, rappelle qu’un cadre a été signé avec le gouvernement tunisien pour la période 2021-2025, incluant la riposte au VIH/Sida à travers une série d’actions.
Le soutien repose également sur l’empathie et l’expérience partagée
Dans ce même ordre d’idées, Lassâad Soua, directeur OnuSida Tunisie, explique à La Presse que le rôle des communautés s’avère très important pour la prochaine phase, dans la mesure où les programmes de dépistage ciblés contribuent à rompre l’isolement de certaines localités. «Développer le mécanisme de surveillance communautaire de la réponse au VIH Sida s’impose et la mobilisation du leadership communautaire est primordiale», a-t-il insisté.
En effet, les communautés peuvent jouer un rôle crucial dans la lutte contre le Sida à divers niveaux, tant sur le plan de la sensibilisation que de la prestation de services. Ces structures doivent offrir un soutien crucial aux personnes vivant avec le VIH. Cela peut prendre la forme de groupes de soutien, de conseillers pairs, et d’organisations communautaires fournissant des ressources psychosociales. Le soutien des pairs est particulièrement puissant car il repose sur l’empathie et l’expérience partagée, sauf qu’en Tunisie, ces mécanismes font défaut en dépit des progrès réalisés.
Les panels de cette conférence ont fait valoir l’importance de mettre en place une approche intégrée impliquant les autorités, les organisations non gouvernementales et les communautés. Des méthodes qui s’avèrent souvent plus efficaces que d’aurres pour faire face à cette pandémie.
Nouveau traitement anti-VIH
En marge de cette conférence, Dr Rajah Rezgui, annonce à La Presse qu’un nouveau traitement contre le VIH commence à être massivement utilisé à l’étranger.
Ce traitement de longue durée d’action se fait par injection intramusculaire administré tous les deux mois. «Cabenuva est un traitement injectable, associant la rilpivirine/Edurant et le cabotégravir/Vocabria. Le cabotégravir agit en perturbant l’enzyme intégrase. Ce médicament est de la classe des anti-intégrase. La rilpivirine agit, elle, en perturbant l’enzyme transcriptase inverse», a-t-il expliqué, affirmant que l’arrivée de ce traitement dans les pays à faible revenu ne va pas tarder.
Notons, enfin, que la conférence qui se poursuit aujourd’hui encore a permis également de mettre en exergue la question des défaillances juridiques au niveau des législations qui ne permettent pas de lutter efficacement contre ce virus.
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