Vient de paraitre – « La lumière de l’obscur » de Amel Cherif : La promesse d’un monde meilleur

Le titre énigmatique reflète l’essence de cette œuvre en alliant deux termes de sens opposés.
Poétesse et romancière, elle a déjà d’autres recueils à son actif. «La Voix de l’Océan» est paru en 2003 sous forme de CD, poésie et musique. En 2006, «Le Chemin de Corail» décroche le Premier Prix Le Clezio du Grand Prix international de Poésie de la Société des Poètes Français. En 2009, elle publie un autre recueil de poésie, « Fragments de mémoire». Elle a également obtenu en 2020 le Prix du roman féminin tunisien Zoubeida Bchir pour son livre «Derrière la ligne bleue».
«La lumière de l’obscur» comprend des « pensées en poèmes », comme marqué sur la page de couverture. Des textes narratifs brefs sont juxtaposés à différentes formes de poèmes en prose. Il est préfacé par Habib Ben Salha, directeur du Laboratoire de Recherches : Études Maghrébines, Francophones, Comparées.
Pour la présentation visuelle des poèmes, la mise en page est aérée avec des illustrations en harmonie avec les textes.
Le titre énigmatique reflète l’essence de cette œuvre en alliant deux termes de sens opposés. En effet, tous les textes sont construits sur cette dualité de lumière et d’obscurité.
L’univers du livre est évoqué à travers cet extrait de «Lettres» sur la quatrième de couverture : «Une seule coulée d’encre en liberté peut contenir tous les échos de la vie, les joies, les désarrois, les peines, les haines, les crimes, les ruptures, l’amour, la lumière, l’obscur». Ce passage est en écho avec une réplique du célèbre film «Le cercle des poètes disparus» : «On lit et on écrit de la poésie parce que nous faisons partie de l’humanité et que l’humanité est faite de passions».
Plus qu’un livre, une simple compilation d’écrits, l’exploration de l’inconscient et de diverses dimensions universelles prend vie avec les lignes. Des tumultes profonds sont dévoilés pour une invitation à la réflexion, au changement. Cette obscurité émane du fond d’une «âme éclatée», d’une vie «trop pressée, impitoyable», d’«un monde en folie». Amel Cherif s’insurge avec ses textes face à «la souffrance dantesque», à «la cruauté des images médiatiques» où «les gouvernements délirent», «la hargne, le crime, l’indifférence». «Marre», crie-t-elle.
La désillusion, thème omniprésent au fil des lignes, est doublée d’un nouvel absolu qui se déploie, porteur d’un brin d’optimisme, d’une lueur d’espoir en dépit du désarroi. La poétesse se défend en retraçant violemment les lignes de sa main afin de corriger le destin. Elle tente de «s’agripper à une écume», aspire à «reconstruire un monde nouveau de lumières» où le rêve qui «se prolonge nous transcende » et «restitue enfin à la vie un nouvel éclat».
Elle réclame avec ardeur «la liberté de l’homme meurtri», les droits des oubliés, des exilés. D’ailleurs, le recueil comprend un poème dédié à Ahmed Bey qui a aboli l’esclavage et un autre à Chokri Belaid, assassiné par les «apôtres du mal». Passant d’une page à l’autre, d’un poème à l’autre, la progression émotionnelle crée ainsi un fil conducteur pour le lecteur, une invitation à suivre la voie de la poétesse qui «a planté une poussière de lumière » et « tente le plus de rejoindre les étoiles».
La subjectivité du lecteur qui s’approprie le poème devient le ferment de l’interprétation des métaphores. Oscillant entre appréhension et optimisme. L’espoir aux ailes de papillon que l’on voit à la couverture finira-t-il par s’infiltrer vers la clarté d’un jour nouveau ? Un recueil qui trouve toute sa place à une ère où nous sommes tiraillés entre l’amertume de la réalité avec «ses ténèbres épaisses » et « la promesse d’un monde festonné de beauté». Malgré tout ce qui nous ronge de l’intérieur et nous abat de l’extérieur, restons toujours unis « vers ce fil de Lumière».
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