Vastes campagnes de lutte ANTIDROGUE: 2024 ou la capture du gros gibier
L’année 2024 est à marquer d’une pierre blanche pour les forces de sécurité et de la douane qui, sous l’impulsion des directives du Président de la République, ont réussi en quelques mois et suite à des descentes policières bien ciblées à arrêter les gros bonnets de la drogue. C’est que la lutte contre la drogue est surtout une question de sécurité nationale.
Il était grand temps de couper les têtes de cette hydre et de s’attaquer frontalement aux barons de la drogue dans tous les gouvernorats, du pays. Soucieux d’assurer la sécurité des citoyens, le Chef de l’État Kaïs Saïed, n’a eu de cesse de souligner la nécessité de déployer davantage d’efforts en vue d’assurer la sécurité des citoyens de manière continue. Justement, quand on évoque la question de la sécurité, il faut inéluctablement commencer par une lutte efficace contre les réseaux criminels se livrant au trafic de divers produits psychotropes.
La tolérance zéro fait tomber les barons de la drogue
Alerté par la recrudescence de la violence et de la toxicomanie, notamment en milieu scolaire, le locataire de Carthage s’est montré ferme lors de ces multiples réunions avec le ministre de l’Intérieur et a prôné à cet égard «la tolérance zéro». L’ordre a été donné en 2024 de démanteler ces réseaux criminels et il ne fallait pas plus pour que les unités sécuritaires relevant de la Sûreté nationale et de la Garde nationale, spécialisées dans la lutte contre la drogue, aient le cœur à l’ouvrage et s’engagent résolument et avec une détermination infléchissable dans leurs missions.
Il faut préciser que les unités sécuritaires n’ont jamais lésiné sur les efforts et les moyens pour tenter de contenir ce fléau. Toutefois, le suivi continu de la question par le Président de la République qui a tenu dans un court délai de temps plusieurs réunions avec le ministre de l’Intérieur a mis, en toute logique, la pression sur les acteurs de la lutte contre la drogue. Pas de répit dans cette guerre et aucun relâchement en matière de poursuite n’est autorisé. C’est ainsi que les grosses têtes, longtemps «protégées» malheureusement par des parties occultes, ont fini par perdre leur «immunité» et par être démasquées par les unités de police.
Contrôle et descentes policières tous azimuts
La traque des dealers a débuté par le raffermissement des contrôles et rondes policières devant les établissements scolaires, ce qui a permis l’arrestation de plusieurs vendeurs de drogues devant les lycées et collèges (Monastir, Tunis, Ariana, La Marsa …). Avec le renforcement de la campagne, environ 1.400 individus recherchés et qualifiés de dangereux ont été arrêtés dans le cadre d’une campagne sécuritaire menée conjointement par les ministères de l’Éducation et de l’Intérieur à proximité des établissements scolaires. La guerre ne fait que commencer. Le plan d’action vise en première ligne les établissements scolaires en vue de sécuriser les parents et de sensibiliser les collégiens et les lycéens. Ce fut un premier message fort à l’endroit des distributeurs de drogues.
S’ensuivirent en second lieu, les descentes policières nocturnes effectuées après la consultation du ministère public et qui ont conduit, au grand soulagement des citoyens, au démantèlement des réseaux les plus actifs et l’arrestation des plus grands trafiquants de drogue dans le pays. Ces descentes ont été effectuées en particulier au Grand Tunis et à Sousse et ont été accompagnées par un vaste coup de filet dans les milieux des narcotrafiquants.
Fait nouveau, lors de la descente à Sousse, les forces de sécurité ont riposté au tir d’un trafiquant de drogue au moment de la perquisition du lieu où il s’était réfugié, ce qui a conduit à sa mort lors de son transfert à l’hôpital. Les brigades spéciales de la lutte contre les stupéfiants recourent rarement à l’utilisation de leurs armes dans le cadre de leurs missions, mais l’interconnexion ces dernières années de la criminalité transnationale avec le terrorisme a placé nos unités sécuritaires devant la nécessité de répliquer avec force et rapidité aux membres des gangs de la drogue.
La chute des barons de la drogue
Certes, on ne peut cerner de manière définitive le nombre exact de personnes et de dealers arrêtés dans le cadre de cette lutte, car il ne se passe pas un jour sans qu’on n’entende parler d’arrestations et de démantèlement d’un réseau de trafic de produits psychotropes dans l’une des régions du pays. Il est toutefois bien utile d’évoquer à ce titre les plus vastes campagnes qui ont marqué l’année 2024.
Ainsi, les agents de la brigade anti-stup d’El Gorjani ont réussi à arrêter l’un des plus grands trafiquants de drogue opérant à Kairouan et dans d’autres régions du Centre-Ouest lors d’une opération menée dans un quartier de Kairouan en septembre dernier. Le dealer en question est recherché dans plusieurs autres affaires en rapport avec le trafic de drogue. Il servait de relais aux dealers à Kairouan, Sidi Bouzid et Kasserine.
Dans le même cadre, et lors d’un vaste coup de filet dans le Grand Tunis en octobre dernier, une opération d’envergure a été menée grâce à la mobilisation d’un grand nombre d’unités de la Police et de la Garde nationale, sous la supervision directe de hauts responsables du ministère de l’Intérieur et en coordination avec le ministère public. Il s’agit d’une intervention d’une grande ampleur puisqu’elle a également abouti, après de nombreuses perquisitions simultanées dans plusieurs quartiers, à l’interpellation de 205 individus qualifiés de « dangereux » parmi lesquels figurent de gros gibiers.
Comme on l’a déjà signalé, pas de répit lors de ces campagnes. Les unités sécuritaires sont revenues à la charge en décembre dans plusieurs quartiers du Grand Tunis, en coordination avec le ministère public. Cette opération a conduit à l’arrestation de 269 éléments délinquants dangereux en possession d’armes blanches, de diverses quantités de stupéfiants et de sommes d’argent. Parallèlement, les unités de la Garde nationale à Thala (Kasserine) sont parvenues à arrêter plusieurs individus impliqués dans le trafic de drogue et saisir une quantité de substances.
Ce coup de filet en décembre a permis d’arrêter les plus grands dealers dans le pays, soupçonnés d’avoir des liens avec des réseaux internationaux de trafic de stupéfiants. Il a fallu, à cet effet, mobiliser différents services spécialisés relevant de la Sûreté nationale et de la Garde nationale, dont les services de renseignements, les unités d’intervention, les forces spéciales et les unités de secours, pour venir à bout de ces trafiquants très actifs sur les frontières de l’Ouest et du Sud-Est du pays.
Des arrestations à la pelle
Les réussites des brigades spécialisées ont continué avec le démantèlement en décembre d’un réseau de trafic de drogue actif dans la zone de Ain Zaghouan (Tunis) et la saisie de 3,5 kg de cocaïne à l’intérieur d’une voiture. Avant cette opération, les unités sécuritaires ont mené des perquisitions à Kairouan et à Mahdia qui ont aussi abouti à l’arrestation de 432 « éléments dangereux », dont des personnes condamnées dans des affaires de trafic de drogue et diverses affaires de droit commun, selon un communiqué du ministère de l’Intérieur. Ces perquisitions ont également abouti à la saisie de 44 kg de chanvre indien, de 2,5 kg de cocaïne et de 235 comprimés de stupéfiants.
A quelques jours de la fin de l’année, les unités de la Garde nationale de Siliana ont mené une opération sécuritaire qui s’est soldée par le démantèlement d’un réseau criminel impliqué dans le trafic de produits psychotropes à Rouhia (Siliana). Trois individus, dont une femme, ont été arrêtés et placés en garde à vue, selon un communiqué de la Garde nationale.
Les opérations précédemment citées s’inscrivent dans la continuité des actions sécuritaires menées à grande échelle dans tout le pays dans le cadre de l’application des directives présidentielles insistant sur la nécessité de mener une guerre sans merci contre le trafic de drogue. Pour cause, ce fléau est à l’origine de la montée de la criminalité dans le pays et continue à avoir des répercussions graves sur la société et les jeunes en particulier. En outre, et ce qui est encore plus grave «le terrorisme n’a jamais été aussi étroitement lié au crime organisé, au trafic d’êtres humains, aux drogues et aux armes ainsi qu’à la corruption», a averti le représentant de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, d’où le grand intérêt accordé par le Chef de l’État à cette question.
Une stratégie portée sur l’anticipation
Pour bien réussir dans de telles missions hautement délicates, il faut de la précision en matière de renseignements pour se placer dans l’anticipation. C’est grâce à cette stratégie que la direction de la police judiciaire d’El Gorjani et les équipes de contrôle des drogues et la division régionale de Sousse ont mené une opération qualitative qui a consisté à déjouer l’introduction en Tunisie d’une importante cargaison de drogue d’environ 3.000 plaques de chanvre indien (quelque 300 kg) et 25 mille comprimés de stupéfiants, en plus de trois voitures, des bijoux, des montres de luxe, une importante somme d’argent et un certain nombre de meubles en mai 2024, selon le porte-parole du ministère de l’Intérieur.
Les personnes arrêtées font partie d’un réseau international actif entre plusieurs pays et utilisaient des moyens de communication modernes entre elles pour acheminer la cargaison, mais elles ont été arrêtées dans l’un des ports du Sahel alors qu’elles essayaient d’acheminer la cargaison par mer via un bateau de pêche en interceptant leurs communications et en les arrêtant en coordination avec le ministère public.
Démantèlement d’un réseau international au port de La Goulette
Au port de La Goulette, un réseau international de trafic de drogue a été démantelé en novembre dernier par une unité de police de la brigade des stupéfiants. Un autre agent a été arrêté à proximité du port au moment où il s’apprêtait à livrer la cocaïne à la femme du chef de la bande et à son gendre. D’après un communiqué publié par le ministère de l’Intérieur, il s’agit d’un réseau international de trafic de drogue. L’opération menée par la brigade en question a permis la saisie de 23,5kg de cannabis et 2,3 kg de cocaïne.
D’autres membres du réseau, implantés dans un pays étranger, étaient chargés de dissimuler des plaques de drogue dans des conteneurs maritimes à destination du port de La Goulette et d’informer leurs associés pour récupérer la marchandise. Dans le cas de cette affaire, selon le ministère de l’Intérieur, 17 individus ont été arrêtés après coordination avec le parquet du Tribunal de première instance de Tunis et des mandats de recherche ont été lancés à l’encontre de dix suspects.
Pour rappel, le 11 octobre 2023, plus de 10 kg de cocaïne et 64 kg de cannabis ont été saisis au port de La Goulette chez un voyageur en provenance d’un pays européen. La drogue était dissimulée dans son véhicule.
La douane tunisienne : saisie de 237 kg de cannabis
Ce ne sont là que quelques exemples démontrant la grande réussite des unités sécuritaires qui dénote une claire volonté d’endiguer ce fléau. Chapeau bas donc à tous les sécuritaires qui, durant l’année 2024, ont fait preuve d’un grand professionnalisme et d’abnégation dans l’accomplissement de leur devoir. Réaliser de telles performances n’est pas chose facile. Et c’est surtout le travail de renseignement (humain et technique) qui prime dans cette lutte. Il ne faut pas oublier aussi à ce titre les contributions louables de la Douane tunisienne dans cette guerre. Ses agents sont en première ligne de la lutte au niveau des postes frontaliers, des aéroports et des zones portuaires.
A titre d’exemple, les services de la Douane du port de La Goulette ont réussi, au cours de l’année 2024, à déjouer plusieurs tentatives de trafic de grandes quantités de cannabis, totalisant plus de 237 kg. Selon le porte-parole de la Douane tunisienne, le colonel Chokri Jabri, les unités douanières ont saisi environ 33 kilos de cocaïne, 208 de cannabis et plus d’un million de comprimés psychotropes durant les dix derniers mois de 2024. Les saisies les plus importantes ont été enregistrées en mars 2024, avec la découverte de 176 kg de cannabis en une seule opération, avec 1.760 plaquettes cachées à bord d’un camion venant de Marseille.
Il va sans dire que les directives du Président de la République ont créé un environnement de travail stimulant pour les unités sécuritaires (Garde nationale, Sûreté nationale et Douane). Les résultats ne se sont pas fait attendre grâce aussi au soutien et à la dénonciations des citoyens. A cet effet, on rappelle que la direction générale de la Garde nationale a exhorté les citoyens durant cette année à signaler toute activité suspecte liée au trafic de stupéfiants. Un numéro dédié, le 71.860.135, est mis à disposition pour préserver la sécurité et le bien-être de la société et surtout de nos enfants.
Ces opérations sécuritaires, menées avec brio et dans une totale discrétion, ont permis la saisie de bijoux, de voitures et motos, de grosses sommes d’argent, d’armes blanches, d’armes à feu, de cartes bancaires nationales et internationales… Parmi les drogues saisies, des centaines de plaques de cannabis, de la cocaïne, des comprimés d’ecstasy. La « démocratisation» des produits psychotropes ces dernières années dans notre pays ne pouvait durer encore plus, d’autant que les dealers ont eu recours en 2024 à de nouveaux modes opératoires pour échapper aux contrôles et à la vigilance des services sécuritaires, à l’instar de la technique du cheval de Troie.
Certes, ces opérations n’ont pas révélé tous leurs secrets. Les services de sécurité ont un grand intérêt à ne dévoiler que la partie émergée de l’iceberg. La structuration de la vente de drogue en réseau est très complexe, notamment avec la propagation de la drogue de synthèse chez les jeunes et moins jeunes partout dans le monde et non seulement chez nous. La nouvelle notion de narco-Etats dans le monde, où les cartels sont plus puissants que l’Etat lui-même, pousse à ne pas s’arrêter en si bon chemin. D’autant que des pays européens, tout près de chez nous, sont en passe de devenir le premier marché de cocaïne dans le monde.
L’année 2024 s’achève ainsi sur une belle note en matière de lutte, mais gare au relâchement en 2025.
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