Turquie : arrestations politiques et soulèvement contre Erdogan

Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et principal opposant à Recep Tayyip Erdogan, a été arrêté le 19 mars 2025, faisant face à des accusations de « corruption » et de « soutien à une organisation terroriste », selon le ministre de la Justice turc. Plus d’une centaine de mandats d’arrêt ont également été émis contre ses collaborateurs, des élus et membres de son parti, qui dénoncent un « coup d’État » contre l’opposition.
Le domicile d’Imamoglu a été perquisitionné dans le cadre de ces enquêtes, l’agence Anadolu faisant état d’un soutien présumé au PKK, un groupe considéré comme terroriste par la Turquie et l’Union européenne. L’arrestation intervient alors qu’Imamoglu devait devenir le candidat à la présidentielle de 2028 du Parti républicain du peuple (CHP).
Le maire d’Istanbul avait également appris que son diplôme de 1995, obtenu à l’université de Chypre du Nord, venait d’être annulé par l’Université d’Istanbul, ce qui pourrait l’empêcher de se présenter à la présidence, la loi turque exigeant un diplôme d’études supérieures pour être élu.
Imamoglu a dénoncé à plusieurs reprises un harcèlement judiciaire visant à le disqualifier. « Nous subissons un harcèlement judiciaire au plus haut niveau », a-t-il déclaré en janvier.
La communauté internationale a réagi vivement. Le ministère allemand des Affaires étrangères a qualifié son arrestation de « grave revers pour la démocratie » en Turquie. De nombreux maires européens, dont ceux d’Amsterdam, Paris, Milan, Barcelone et Bruxelles, ont dénoncé son incarcération arbitraire.
Malgré l’interdiction des rassemblements, des manifestations ont eu lieu à Istanbul. Des milliers de personnes se sont rassemblées pour soutenir Imamoglu, scandant « Imamoglu, tu n’es pas seul ». Le président du CHP, Özgür Özel, a dénoncé un « coup d’État contre l’opposition », tandis que la famille d’Imamoglu a exprimé sa conviction que justice serait rendue. Son fils, Mehmet, a critiqué les méthodes utilisées par les autorités : « Arrêter un homme que vous savez susceptible de diriger le pays à l’avenir est un signe de crainte. »
Cette vague d’arrestations a aussi eu des répercussions économiques : la livre turque a chuté à un niveau historiquement bas, et les indices boursiers d’Istanbul ont plongé.
(Source : RFI, France 24)
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