Tsunami : y a-t-il un risque pour la Tunisie ?
Le sud de la Turquie et de la Syrie ont été victimes, hier lundi 6 janvier 203, d’un violent séisme de magnitude 7,8 ce qui a engendré plus de 3.800 morts, selon un bilan provisoire.
Cette catastrophe naturelle a provoqué des scènes de panique en Tunisie surtout après la publication du département italien de la protection civile d’un communiqué qui incite les citoyens s’éloigner des zones côtières, mais aussi après l’interruption du trafic ferroviaire en Sicile, à la Calabre et aux Pouilles au sud de l’Italie.
Face à cet état de panique, BN Check a contacté Kheireddine Attafi, responsable à l’Institut de la météorologie et spécialiste en sismologie, pour expliquer ce phénomène et son impact sur notre pays.
L’expert a souligné que les sources de tremblement de terre sont divisées en deux catégories, une cause naturelle liée à l’activité terrestre, et une deuxième liée à l’activité humaine comme les explosions et l’extraction des hydrocarbures.
Il a ajouté que les tremblements de terre naturels, y compris ceux situés aux limites des plaques, sont généralement forts, dépassant six degrés sur l’échelle de Richter, et causent de grandes pertes.
Il existe d’autres tremblements de terre naturels qui se produisent à l’intérieur de la plaque et sont moins puissants, et ce sont des fissures postérieures des limites de la plaque qui sont loin de la Tunisie et se trouvent, par exemple, en Italie, en Grèce et en Turquie.
Le directeur de géophysique à l’Institut national de météorologie a expliqué que les failles sismiques qui se produisent en Tunisie ne sont pas de grande taille, contrairement à d’autres failles qui ont de grandes extensions qui atteignent des milliers de kilomètres. M. Attafi a souligné que les failles situées en Tunisie ont une faible extension, ce qui signifie que l’activité sismique est faible, le maximum enregistré étant de 4,9 degrés sur l’échelle de Richter.
Il a ajouté que l’une des zones qui a connu l’activité sismique la plus intense en Tunisie était Monastir, qui a enregistré en 2013 un tremblements de terre d’une magnitude n’excédant pas 4,5 degrés sur l’échelle de Richter, qui a provoqué des fissures au niveau des bâtiments et des trous dans le sol.
Concernant le tsunami, l’expert a expliqué à BN Check que l’une des causes de ce phénomène est les tremblements de terre, qui sont aussi les phénomènes les plus naturels qui génèrent des tsunamis. Par ailleurs, la fréquence des tsunamis dans les mers est différente de celle des océans. Par exemple, il y a une possibilité d’avoir un tsunami une fois dans les 500 ans dans les mers tandis que ce phénomène peut se produire tous les trois à quatre ans dans les océans.
Il a ajouté que « pour qu’un tsunami se produit en mer Méditerranée, il doit y avoir des raisons à certaines spécifications, la première est la fréquence des séismes forts qui dépassent sept sur l’échelle de Richter et il doit être marin. S’il est terrestre, un tsunami peut se produire, mais à faible degré » .
Kheireddine Attafi a souligné qu’un tsunami nécessite également des conditions géologiques, essentiellement la grande profondeur de la mer, or ce n’est pas le cas en Méditerranée du côté de la Tunisie, par contre, c’est toujours possible à côté de la Turquie et de la Grèce compte tenu de la profondeur.
Dans une déclaration accordée à BN Check, le sismologue Martin Vallée, de l’institut de Physique du Globe de Paris, explique que le risque de tsunami n’est pas forcément accru par le séisme qui a eu lieu en Turquie. Mais de manière générale, il y a un risque de tsunami dans la méditerranée occidentale « il y a des séismes qui sont des sources potentielles de tsunami en méditerranée c’est le cas du séisme qui a eu lieu en Algérie en 2003 », a-t-il déclaré.
Le sismologue affirme que la vague de tsunami dépend de la configuration des côtes, et s’il y a un golfe ou une baie. Il a ajouté que les plus gros tsunamis sont créés par des glissement de la terre ou encore par des séismes. « Vu qu’on ne peut pas prévenir un séisme de manière exacte en temps et en heure, on ne sait pas non plus prévenir un tsunami à l’avance, mais on sait qu’il existe une relation entre le séisme et le tsunami », a-t-il expliqué. En méditerranée, le tsunami peut se produire du côté nord ou sur la côte occidentale, ajoute le sismologue. Pour les signes, un tremblement de terre de très grande envergure qui dure plus de 20 secondes et une diminution rapide et inattendue du niveau de l’eau sous le niveau normal pendant la marée basse peuvent être des indices du tsunami.
En même temps, l’Unesco n’exclut pas la possiblité d’un tsunami en Méditerrannée, ainsi d’après un communiqué publié en avril 2022, le tsunami pourrait bientôt frapper de grandes villes sur ou à proximité de la mer Méditerranée, notamment à Marseille, Alexandrie et Istanbul, avec près de 100 % de chances qu’une vague atteigne plus d’un mètre de haut dans les 30 prochaines années.
Le risque de tsunami dans les communautés côtières méditerranéennes devrait augmenter à mesure que le niveau de la mer monte. Alors que les communautés du Pacifique et de l’océan indien, où se produisent la plupart des tsunamis, étaient souvent conscientes des dangers, il a été sous-estimé dans d’autres régions côtières, y compris la Méditerranée, a déclaré l’Unesco.
L’organisation éducative, scientifique et culturelle de l’ONU avait déjà déclaré que cinq communautés à risque dans la région méditerranéenne rejoindraient quarante autres villes « prêtes pour le tsunami » dans 21 pays d’ici l’année prochaine. Outre Marseille, Alexandrie et Istanbul, ils comprennent Cannes et Chipiona, une ville de la côte atlantique espagnole près de Cadix.
R.A
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