Tripoli-Libye : Le conflit armé de trop
Le facteur surprise des récents événements a pris de court le pouvoir central en place et les Etats voisins ainsi que l’ensemble de la région, puisqu’à peine 24 heures après le déclenchement des hostilités armées, des informations concordantes corroborées par des sources médicales font état d’un bilan provisoire très lourd : 55 tués et près de 150 blessés.
Comme il est de coutume, tout ce qui se passe en Libye a, inéluctablement, des répercussions sur la Tunisie, dans le sens que les deux pays voisins sont étroitement liés à tous les niveaux, politique, économique, financier, social et culturel.
Ainsi, les derniers développements survenus à Tripoli sont appelés, selon les observateurs, à marquer l’actualité tunisienne d’une façon ou d’une autre, d’autant qu’il s’agit, cette fois-ci, de conflits militaires et sécuritaires qui risquent de faire basculer les équilibres géopolitiques fragiles de notre voisin, même si les tentatives se sont multipliées pour remettre de l’ordre entre les différentes factions rivales en conflit.
Il faut dire que le facteur surprise des récents événements a pris de court le pouvoir central en place et les Etats voisins ainsi que l’ensemble de la région, puisqu’à peine 24 heures après le déclenchement des hostilités armées, des informations concordantes corroborées par des sources médicales font état d’un bilan provisoire très lourd : 55 tués et près de 150 blessés.
Selon les premiers éléments fournis par des agences de presse internationales, les combats ont opposé, dans la nuit du lundi et la journée du mardi (14 et 15 août 2023), la “Brigade 444” et les Forces spéciales de dissuasion. Des combats considérés comme les plus violents et les plus meurtriers depuis plusieurs années à Tripoli.
Les affrontements ont été déclenchés suite à l’arrestation du chef de la Brigade 444, Mahmoud Hamza, par la faction rivale. On signale une certaine accalmie lorsque le colonel Hamza a été remis à un autre groupe, l’Autorité de soutien à la stabilité, à la faveur d’un accord négocié par des personnalités en vue de la ville.
Un retour au calme fragile
En effet, tard dans la soirée du mardi, le «conseil social», formé de notables et personnalités influentes de Souk el-Joumâa, secteur du sud-est de Tripoli et fief de la Force al-Radaâ, a annoncé être parvenu à un accord avec le chef du gouvernement siégeant à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah, pour transférer le colonel Mahmoud Hamza à une «partie neutre», sans la nommer.
Dans un communiqué lu à la télévision par son doyen, ce conseil a indiqué qu’une désescalade et un cessez-le-feu devaient être de mise à la suite de cette mesure, ce qui a permis un retour au calme dans la nuit de mardi à mercredi à Tripoli.
Le déclenchement de combats, avec recours à l’arme lourde, a surpris tout le monde dans la mesure où les deux groupes sont parmi les plus influents à Tripoli et appartiennent, à la fois, à l’un des deux gouvernements qui se disputent le pouvoir à l’ouest du pays où il contrôle la capitale Tripoli.
En attendant une confirmation de ce retour au calme, la Tunisie n’a pas tardé à réagir. Dans un premier temps par voie de communiqué rendu public mardi 15 août 2023, le ministère des Affaires étrangères, a appelé au dialogue pour parvenir à une solution pacifique dans les plus brefs délais.
La Tunisie, fidèle à sa position première depuis le déclenchement du conflit, refuse toute ingérence dans les affaires intérieures de la Libye. Le ministère a indiqué que la Tunisie « aspire, aux côtés de ses frères en Libye, à parvenir à une solution strictement libyco-libyenne ».
A titre préventif, notre ambassade en Libye a appelé les ressortissants tunisiens à « faire preuve d’une vigilance extrême, suite à la détérioration de la situation sécuritaire en Libye marquée par de violents combats » dans la banlieue est de Tripoli.
Il va de soi, par ailleurs, que cette nouvelle instabilité intervient à un moment où la Tunisie est lourdement touchée par les flux migratoires. Un conflit armé chez le voisin limitrophe ne peut qu’envenimer davantage la situation également sur la ligne frontalière.
Selon les observateurs, la Tunisie doit passer la vitesse supérieure, en procédant à la conclusion d’accords avec l’Algérie, après celui conclu avec la Libye qui pourrait, d’ailleurs, s’avérer insignifiant après les récents événements. Mais qui, en temps de paix, est fort utile pour contribuer à juguler la crise migratoire dans les deux pays voisins.
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