Tourisme tunisien : 2023 se confirme comme une année record
Le tourisme est une industrie pacifique, internationale, qui rapproche les cultures. La lutte contre la saisonnalité va créer des emplois plus nombreux. La montée en gamme du tourisme tunisien, dont on parle depuis plusieurs décennies sans réel impact, devra augmenter mécaniquement les recettes avec le lancement de nouveaux produits et l’encouragement de l’investissement touristique.
Ce lundi 4 septembre, le cœur de la saison touristique estivale a pris fin et seuls les septembristes prendront possession des plages et des monuments pour profiter de l’arrière-saison avec moins de monde et peut-être un meilleur service. S’ensuivra la saison automne-hiver où la Tunisie bénéficie d’un atout rare dans la région : le tourisme saharien dont on espère une belle résurrection après les années de crise et de Covid.
L’année touristique tunisienne est faite. Et quoi qu’on en dise et théorise, elle est balnéaire. Les mois de juillet et août ont atteint des records et tout indique que l’activité touristique sera au moins aussi bonne que 2019 qui fut l’année de référence de l’avant-Covid, mais aussi l’année des meilleurs chiffres réalisés de l’histoire du tourisme tunisien.
Mais où trouver les bons chiffres ? Les plus récents, jusqu’à fin août ; ou les plus anciens et en détail jusqu’à 2022 ?
La difficulté de la pêche aux chiffres est le premier signe qui montre que le tourisme, en tant que secteur d’activité, peut mieux faire. Certains diront même qu’il n’est pas bien tenu. Comment connaître, suivre, réagir, analyser, sans un tableau de bord public et un observatoire ?
Sur le site de l’Ontt, les derniers chiffres s’arrêtent à 2021. Sur l’INS, Institut national de la statistique, ils s’arrêtent à 2022. Nous n’avons pas trouvé de portail du ministère du Tourisme. La Banque centrale publie les indicateurs financiers, ceux des recettes en devises comptabilisées par le circuit formel. Et les derniers chiffres s’arrêtent au 20 août 2023 et confirment que 2023 sera une année record. L’OMT, Organisation mondiale du tourisme, fournit des chiffres différents de ceux de la Banque mondiale. Et, au final, le ministère du Tourisme et ses antennes régionales fournissent de temps en temps quelques chiffres. Tout cela n’est pas structuré ni surtout publié en bonne et due forme, autrement que sous forme partielle et de manière inopinée. Et soudain il y a des chiffres !
L’année d’amélioration de la qualité
Donc, dans ce secteur qui fait vivre directement une bonne centaine de milliers de familles, ni les décideurs ni les médias, ni l’opinion publique ne disposent de chiffres détaillés et régulièrement mis à jour.
Mais quoi qu’il en soit, on présume que les arrivées de touristes non-résidents dépasseront cette année les 9 millions et pourraient atteindre les 10 millions. Les recettes, de leur côté, ont atteint 4,7 milliards de dinars au 20 août. Sur l’ensemble de l’année de référence 2019, elles se situaient à 5,6 milliards. On s’achemine bien vers une année record.
Comme le dit si bien le ministre du Tourisme, Moez Belhassine, dans une récente interview accordée à la TAP et reprise par La Presse, après cette année probablement record, le pays aura besoin de préparer l’année 2024 qui devra être une année d’amélioration de la qualité.
L’apport réel du tourisme à l’activité économique est certainement bien plus important que ne le laissent supposer les rares statistiques que l’on déniche ici ou là. L’hébergement, les nuitées, les recettes en devises, sont certainement au-dessus des chiffres connus, car il y a le phénomène Airbnb qui échappe aux statistiques, le change informel, et comme dans les commerces, les touristes peuvent payer en euros et en dollars.
Un arrangement commercial avec les compagnies low-cost
La marge de progression est énorme. Le coût de création d’emploi dans le secteur est probablement le plus bas qui soit. Le tourisme est une industrie pacifique, internationale, qui rapproche les cultures. Ainsi, la lutte contre la saisonnalité va créer des emplois plus nombreux. La montée en gamme du tourisme tunisien, dont on parle depuis plusieurs décennies sans réel impact, devra augmenter mécaniquement les recettes avec le lancement de nouveaux produits et l’encouragement de l’investissement touristique.
En plus de mettre son portail à jour, l’Ontt est censé signer des contrats avec les principales compagnies aériennes européennes low-cost. Une tendance mondiale à laquelle la Tunisie ne peut plus échapper. Il faudra trouver un arrangement commercial pour que celles-ci s’engagent sur une forte hausse de leurs capacités sur la Tunisie. Une telle hausse signifie évidemment davantage de touristes.
Malgré donc les bons chiffres, ne croyons pas que le tourisme tunisien soit sorti de l’ornière des années 2020-2021. L’amélioration actuelle est en partie due à l’inflation mondiale et à l’érosion de la monnaie nationale. Les performances de 2023 sont un répit, sachons l’optimiser. Il faudra faire un vrai diagnostic et se doter d’une vraie stratégie, avec des dates et des objectifs chiffrés, pour avancer.
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