Test amical international | Algérie-Tunisie (20h00 à Annaba) : L’obligation de sursaut
Après le visage assez pâlot et la défaite de Malabo, Jalel Kadri et ses hommes sont devant le devoir de rachat.
Certes, Algérie-Tunisie n’est, en apparence, qu’un match amical de préparation et de peaufinage du groupe et de huilage des rouages pour les deux équipes, mais son enjeu est pour nous réel, voire crucial. La défaite humiliante de samedi devant la Guinée équatoriale hante encore les esprits et ses retombées pourraient être lourdes de conséquences pour notre team national que l’on voyait monter en puissance et gagner en confiance. On a perdu la première place et on court le risque de finir deuxièmes même si on termine cette phase éliminatoire par un succès sur le Botswana si cette même Guinée équatoriale parvient à l’emporter dans son dernier match sur une équipe de Libye déjà éliminée. C’est dire l’ampleur et l’immensité du gâchis du déplacement et voyage à Malabo. Ce faux pas inattendu et inadmissible nous a mis dans de beaux draps et nous a placés dos au mur, devant l’obligation de sursaut dans cette partie amicale avec nos voisins algériens, pour éviter une deuxième défaite qui serait un nouveau coup très dur pour le moral et une menace réelle de continuer la rétrogradation dans le classement Fifa, important dans le tirage au sort pour la phase finale de la Coupe d’Afrique 2023 et pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026. Notre adversaire du jour, l’Algérie (34e mondial) derrière la Tunisie (28e), caresse, lui, l’objectif d’améliorer son classement après avoir assuré sa qualification bien avant son match de dimanche contre l’Ouganda. Contrairement à Jalel Kadri, le sélectionneur des «Guerriers du désert», Djamel Belmadi, a joué, à Douala, avec sa deuxième équipe où s’est distingué le jeune Mohamed Lamine Amoura (23 ans), l’auteur des deux buts de la victoire. Il a laissé au repos, entre autres, les Riyadh Mahrez, Aissa Mandy, Mohamed Amine Tougaî, Farouk Bounedjah et Islam Slimani pour compter sur eux dans cette confrontation avec la Tunisie. Ce qui rend la tâche de Montasser Talbi et de ses partenaires assez compliquée, en tout cas pas de tout repos.
Inventer et proposer autre chose
L’obligation de résultat pour Jalel Kadri ne lui laisse pas d’autre alternative que de changer l’approche et le système. C’est-à-dire de couper avec ce visage hyper défensif avec un bloc compact de deux lignes et d’opter pour plus d’audace en attaque. C’est-à-dire d’en finir avec ce football de la peur où le premier souci est de ne pas encaisser de but. Et de revenir au «football spectacle» où on construit les succès en marquant plus de buts que l’adversaire. Cela nécessite quelques changements dans le onze de départ avec un milieu en moins (Anis Ben Slimane) et un attaquant de plus (un joueur de couloir qui écarte le jeu sur le côté, qui multiplie les dédoublements avec le latéral positionné un peu plus haut). Rôle que ne peut remplir Mohamed Ali Ben Romdhane sur le côté gauche car ce joueur est un milieu axial de projection vers l’avant, et bon récupérateur des deuxièmes balles. Cela exige aussi un meilleur positionnement de Hannibal Mejbri par sa reconversion en joueur-station, un cran devant le duo Aïssa Laïdouni-Mohamed Ali Ben Romdhane et un cran derrière l’attaquant de pointe en tant que joueur des dernières passes dans les intervalles. Mieux vaut presser haut les Algériens et les prendre à la gorge dans leur zone que de les laisser développer leur jeu avec un bloc défensif très bas qui leur offrirait beaucoup d’espaces entre les lignes et leur permettrait de faire usage de leurs vertus de techniciens habiles balle au pied et d’être omniprésents et efficaces dans notre surface. Jalel Kadri doit essayer de donner ce grand souffle offensif à son équipe en la dotant d’atouts d’une équipe d’attaque qui utilise autant les couloirs que la profondeur et les passes dans les intervalles. Il doit aussi mettre de l’énergie et de l’intensité dans le jeu pour bien exploiter la variété dans le travail et les manœuvres d’approche. C’est vrai que dans le compartiment offensif, il n’a pas, hormis Issam Jebali et Haithem Jouini, d’attaquants chevronnés, mais tous ces jeunes talents qu’il a convoqués ont des qualités techniques de base qui leur permettent d’exploser au cours d’un match. Les Mohamed Dhaoui, Oussama Bouguerra, Hamdi Lâabidi, Haykel Chikhaoui n’ont besoin que d’être mis en confiance et lancés tôt dans le match, dans un système où les tâches sont claires et les profils sont complémentaires pour donner le meilleur d’eux-mêmes. Dans cette équipe, Ali Mâaloul manque beaucoup sur le couloir gauche, Elyes Skhiri n’a pas encore son égal au milieu et Youssef Msakni ne se fera pas facilement oublier comme patron de l’animation offensive. Néanmoins, ce n’est pas le bon prétexte pour expliquer le revers de Malabo. Une sélection ne doit jamais reposer sur trois ou quatre joueurs piliers. C’est au sélectionneur d’inventer et de proposer dans tous les cas de figure autre chose et d’avoir un management intelligent et assez pointu, avec une stratégie de jeu stable, des idées cohérentes et une très bonne lecture du jeu de l’adversaire. Ce match contre l’Algérie est l’une des rares chances qui restent à Jalel Kadri pour montrer qu’il est capable de demeurer aux commandes pour la CAN 2024 et pour les éliminatoires de la Coupe du monde 2026.
crédit photo : © Mokhtar HMIMA
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