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Tensions au Proche Orient : Le mouvement de la résistance libanaise lance son opération « Khaybar »

 

Le Hezbollah frappe à nouveau la région de Tel-Aviv et annonce l’utilisation d’un nouveau type de missile, le Fadi-4, selon deux communiqués du parti chiite.

SYNTHÈSE — « À tes ordres, Nasrallah » : c’est par cet appel que le Hezbollah a annoncé hier, dans deux communiqués distincts, deux nouvelles attaques contre la région de Tel-Aviv, dans le cadre d’une nouvelle opération contre l’entité sioniste baptisée « Khaybar* », selon le quotidien libanais « L’Orient-Le Jour ». .

« En riposte aux massacres »

Les tirs de roquettes et missiles revendiqués dans le cadre de cette opération se veulent en « riposte au pilonnage de civils et aux massacres commis par l’ennemi », qui multiplie les offensives depuis plus d’une semaine sur le Liban-Sud, la Békaa et la banlieue-sud de Beyrouth, avec des frappes ayant parfois pulvérisé des familles entières.

Ces attaques ont été menées, selon les communiqués du Hezbollah, aux cris d’« À tes ordres Nasrallah ». L’exclamation « Labayka ya Nasrallah » était scandée par les partisans du secrétaire général du parti Hassan Nasrallah, tué vendredi dernier dans une frappe gigantesque sur la banlieue-sud de Beyrouth.

Ces communiqués sont les premiers mentionnant le chef du parti depuis le 8 octobre, mais ils ne mentionnent pas clairement si l’opération annoncée constituait une riposte à son assassinat.

La première de ces frappes a été menée contre l’armée sioniste et a visé la base de Glilot, sur le littoral de la banlieue-nord de Tel-Aviv, à une centaine de kilomètres de la frontière. Cette base abrite le quartier général du Mossad et de l’unité 8200, chargée de décoder et d’analyser les informations obtenues par les services de renseignements sionistes.

Un quinquagénaire sioniste blessé

Les roquettes ont été interceptées par la défense anti-aérienne sioniste et un éclat de missile intercepteur a blessé un quinquagénaire dans le nord de Tel-Aviv.

La base de Glilot avait déjà été prise pour cible le 25 septembre par le parti chiite, dans une première utilisation officiellement annoncée d’un missile balistique, le Qader-1. Le Hezbollah avait précisé que c’était le Mossad qui était responsable des explosions de bipeurs et talkies-walkies piégés qui avaient fait, les 17 et 18 septembre, des dizaines de morts et des milliers de blessés dans ses rangs. Hassan Nasrallah avait aussi annoncé fin août que ce siège des renseignements avait été visé en riposte à la mort de Fouad Chokor, un commandant militaire de haut rang éliminé un mois auparavant. L’armée sioniste avait cependant démenti toute frappe sur ce complexe.

Dans un deuxième communiqué dans le cadre de cette opération, le Hezbollah a ensuite affirmé avoir visé la base aérienne de Sde Dov, également en périphérie de Tel-Aviv. Cet aéroport, fermé depuis 2019, est situé à huit kilomètres au sud de Glilot. Il ne reste de ce site qu’un terrain vague et la tour de contrôle, après la démolition des bâtiments.

Fadi et Nour

Le Hezbollah affirme avoir utilisé dans cette double attaque des missiles de type «Fadi-4». La formation pro-iranienne avait annoncé pour la première fois une utilisation des missiles de type Fadi, les 1 et 2, lors de ses premières frappes sur Haïfa et sa région, le 22 septembre.

Aucune information n’était immédiatement disponible concernant le Fadi-4. Toutefois, la taille et le poids, et donc la capacité de porter une charge plus importante, de chacun des missiles Fadi révélés jusqu’à présent ayant évolué entre la première et la deuxième génération, l’on peut s’attendre à ce que le 4e de cette série soit plus grand et avec une portée plus longue que les précédents. Le Hezbollah publie pour certains de ses nouveaux missiles une fiche technique détaillant leurs spécificités. S’il l’avait fait pour les Fadi-1 et 2, il n’avait rien publié concernant le numéro 3, révélé il y a une semaine, et ne l’a pas encore fait pour le Fadi-4.

Pour rappel, cette série de missiles porte le nom de Fadi en hommage à Fadi Tawil, un combattant du parti tué lors d’une importante opération contre les Sionstes en 1987. Il était originaire du village de Khirbet Selm, dans le caza de Bint Jbeil, et était le frère du commandant du Hezbollah Wissam Tawil, l’un des premiers militaires de haut rang du Hezbollah assassiné en janvier 2024 par l’entité sioniste.

Outre ces deux frappes annonçant l’opération Khaybar, assorties de communiqués utilisant de nouvelles tournures, le parti a revendiqué une série d’attaques principalement menées sur des mouvements de troupes sionistes à la frontière, sur fond d’annonce par l’armée de l’entité sioniste d’une « opération terrestre limitée » au Liban-Sud.

Dans un communiqué publié avant-hier en fin d’après-midi, le Hezbollah avait également annoncé sa première utilisation depuis octobre d’une roquette « Nour », un missile de croisière de production iranienne, avec une portée pouvant atteindre 130 km. Ce projectile de plus de six mètres et 715 kilos vole à une altitude de croisière de 5 à 7 mètres. Le parti chiite l’a utilisé pour frapper Kfar Giladi, un village de la région dite du « doigt de la Galilée », à l’extrême nord de l’entité sioniste, face notamment aux villages du caza de Marjeyoun sur l’est de la frontière libanaise.

Les habitants de 28 villages du Liban-Sud sommés d’« évacuer leurs habitations immédiatement »

L’armée sioniste a sommé, hier après-midi, les habitants de 28 villages du Liban-Sud à « évacuer leurs habitations immédiatement » et à se diriger vers le nord du fleuve Awali pour « sauver leurs vies ». Ce fleuve est bien plus haut que le Litani, et son cours suit de près la limite administrative entre le gouvernorat du Mont-Liban et celui du Sud-Liban. En matinée, l’armée sioniste avait déjà enjoint les Libanais à ne pas se rendre au sud du Litani « à bord de véhicules ».

L’armée sioniste a annoncé hier le rappel de quatre brigades de réserve supplémentaires qui vont être déployées sur le front libanais.

Il est à signaler que l’armée ennemie a annoncé que des troupes au sol avaient traversé la frontière pour combattre le Hezbollah dans des villages du Liban-Sud.

L’armée sioniste a précisé dans un communiqué que ces opérations terrestres qui ont débuté avant-hier soir étaient « limitées, localisées et ciblées » contre des « cibles et des infrastructures (…) » du Hezbollah. L’armée n’a toutefois pas précisé le nombre de soldats impliqués dans cette incursion. « Ces cibles sont situées dans des villages près de la frontière (…) », a-t-elle assuré.

« Toutes les affirmations sionistes selon lesquelles les forces d’occupation (sionistes) sont entrées au Liban sont fausses », a affirmé le porte-parole du Hezbollah, Mohammad Afif Naboulsi, à la chaîne Al-Jazeera, ajoutant qu’« il n’y a pas encore eu de confrontation directe au sol » entre le Hezbollah et l’entité sioniste. « Les combattants de la résistance sont prêts à une confrontation directe avec les forces ennemies qui oseraient ou tenteraient d’entrer sur le territoire libanais », a-t-il affirmé.

Les combattants du Hezbollah sont « prêts si Israël décide d’entrer au sol », a affirmé avant-hier le chef adjoint du groupe, Naim Kassem, dans une première allocution télévisée depuis la mort de Hassan Nasrallah. « Israël n’a pas été en mesure d’entamer nos capacités militaires », avait-il encore affirmé.

L’entité sioniste « n’a pas l’intention d’envahir le Liban», ni d’y rester « des mois », a affirmé son ambassadeur en France en fin de matinée. « Nous n’avons pas du tout l’intention d’envahir le Liban. De refaire l’erreur qui avait été faite en 1982 », quand l’entité sioniste avait envahi le sud du Liban, d’où ses troupes n’étaient parties qu’en 2000, a déclaré l’ambassadeur Joshua Zarka au micro de radio France inter. « Je ne sais pas si c’est une question d’heures ou de jours, mais certainement pas une question de mois », a poursuivi le diplomate sioniste, questionné sur la durée de cette intervention militaire.

De son côté, l’armée libanaise a démenti des informations circulant dans les médias sur « son retrait des positions frontalières » dans le sud, dans un communiqué publié sur son site et relayé sur X. « Les unités déployées dans le Sud repositionnent certains postes avancés de surveillance », a précisé l’armée. « Le commandement poursuit sa coopération et sa coordination avec la Finul (Force intérimaire des Nations unies au Liban). »

Après avoir été notifiée par l’armée sioniste de son intention de conduire des incursions terrestres « limitées » au Liban, la Finul a annoncé dans un communiqué son intention « de maintenir ses positions, malgré l’évolution dangereuse de la situation ».

Frappes sur la banlieue sud de Beyrouth et à Aïn el-Héloué

Parallèlement, selon un responsable libanais de la sécurité, s’exprimant sous couvert de l’anonymat, l’entité sioniste a lancé au moins six nouvelles frappes sur le sud de Beyrouth au cours de la nuit, après que l’armée sioniste eut ordonné aux habitants d’évacuer les lieux.

D’autre part, l’aviation sioniste a mené une frappe inédite sur le camp de réfugiés palestiniens de Aïn el-Héloué, en bordure de Saïda, visant le chef des Brigades des Martyrs d’Al-Aqsa, branche armée du Fateh, Mounir Maqdah, qui aurait échappé à cette tentative d’assassinat. Selon un premier bilan, cette frappe a fait au moins six morts, dont le fils de Hassan Maqdah et trois enfants, et plusieurs blessés. Le 21 août, le frère de Mounir Maqdah avait été tué dans une frappe ciblée à Saïda.

L’entité sioniste a commencé à viser dans la nuit de dimanche à lundi de hauts cadres palestiniens au Liban, tuant dans une première frappe au cœur de Beyrouth, à Cola, trois membres du Front populaire de libération de la Palestine, et dans le camp de réfugiés d’el-Bass, près de Tyr, le chef du Hamas au Liban, Fateh Cherif Amine et sa famille.

Raids aériens en Syrie

Des frappes sionistes ont par ailleurs visé, hier matin, la région de Damas dans la nuit, selon des médias d’Etat syriens.

L’agence de presse officielle Sana a fait état de trois civils tués et de neuf autres blessés dans ces raids.

La télévision syrienne d’Etat a rapporté qu’une journaliste Safaa Ahmad, figure parmi les morts.

La télévision syrienne «pleure la présentatrice Safaa Ahmad, qui est morte en martyre dans l’agression israélienne de la capitale Damas», a-t-elle annoncé dans un communiqué. Plus tôt, l’agence officielle Sana avait indiqué que «les systèmes de la défense aérienne interceptent des cibles hostiles pour la troisième fois cette nuit dans la région de Damas», employant une expression généralement utilisée pour désigner des frappes sionistes.

Une « résolution diplomatique est nécessaire », selon Lloyd Austin

Dans un communiqué publié sur le réseau social X, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, a dit être convaincu (…) qu’une « résolution diplomatique est nécessaire » pour assurer la sécurité des civils « des deux côtés de la frontière », a par ailleurs réaffirmé le chef du Pentagone.

Avant-hier, le président Joe Biden avait laissé entendre qu’il était opposé à des opérations terrestres sionistes, appelant à un cessez-le-feu.

Les ambassades prennent de nouvelles mesures pour leurs ressortissants au Liban

Plusieurs pays, dont le Canada et le Royaume-Uni, ont annoncé avoir affrété des vols pour évacuer leurs ressortissants du Liban. La France a déployé un navire militaire par « précaution », en cas de besoin d’évacuation de ses ressortissants.

Le président du Parlement libanais Nabih Berri, allié du Hezbollah, a demandé à l’ONU d’établir un corridor aérien pour acheminer l’aide humanitaire à près d’un million de personnes déplacées par la campagne de frappes sionistes dans plusieurs régions du pays.

M. Berri, selon un communiqué de son bureau de presse, a appelé l’ONU à « établir un pont aérien qui assure l’acheminement du matériel de secours ». Il a également appelé en même temps le CICR (Comité international de la Croix-Rouge) et la Croix-Rouge libanaise à « remplir leur devoir » en livrant nourriture et fournitures médicales aux Libanais du sud.

L’ONU a mis en garde hier contre les conséquences d’une «invasion terrestre de grande ampleur» de l’entité sioniste au Liban, où l’armée israélienne a annoncé avoir lancé dans le sud du pays une offensive au sol contre le Hezbollah.

«La violence armée entre Israël et le Hezbollah ayant dégénéré, les conséquences pour les civils ont déjà été terribles, et nous craignons qu’une invasion terrestre de grande ampleur d’Israël au Liban ne fasse qu’aggraver les souffrances», a déclaré une porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, Liz Throssell, lors d’un point de presse.

Les dirigeants mondiaux ont appelé avant-hier à la désescalade face au risque de « guerre totale » dans la région. Le patron de l’ONU Antonio Guterres a ainsi dit son opposition à toute « invasion terrestre » sioniste du Liban, tandis que le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, en déplacement à Beyrouth, avait appelé l’entité sioniste à « s’abstenir de toute incursion terrestre » ainsi qu’à un cessez-le-feu.

L’armée sioniste a poursuivi ces derniers jours sa campagne de bombardements au Liban-Sud et dans la Békaa, préparant visiblement le terrain pour mener cette incursion. S’en est suivi un raid massif dans la banlieue sud de Beyrouth, vendredi en début de soirée, ciblant et tuant le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, avant une nuit de frappes intensives sur cette banlieue.

L’invasion sioniste au Liban-Sud intervient une semaine après que l’entité sioniste a lancé une vaste opération militaire aérienne au Liban-Sud et dans la Békaa. Une opération qui avait fait près de 600 morts en une journée lundi et plus d’un millier de tués sur toute la semaine.

Depuis l’ouverture, le 8 octobre par le Hezbollah, du « front de soutien » au Hamas à Gaza, le conflit entre l’entité sioniste et le parti chiite a fait, côté libanais, près de 2.000 morts, 10.000 blessés et un million de déplacés.

 

La Presse de Tunisie avec agences et médias

*La bataille de Khaybar, en 628, six ans après l’hégire, avait opposé le prophète Mahomed et ses compagnons à une communauté juive installée dans l’oasis du même nom, au nord-ouest de ce qui est maintenant l’Arabie saoudite.

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