Taxes américaines : un impact indirect majeur pour la Tunisie

L’économiste Bassem Ennaifer a déclaré à Mosaïque, ce jeudi 3 avril 2024, que l’impact indirect des droits de douane imposés par Donald Trump pourrait être bien plus important que leur impact direct.
 

Un excédent commercial avec les États-Unis, mais des incertitudes à venir

Ennaifer a précisé que les exportations tunisiennes vers les États-Unis ont atteint 2,016 milliards de dinars en 2024, avec un excédent commercial d’environ 216 millions de dinars entre les deux pays.

Au cours des deux premiers mois de 2025, les exportations tunisiennes vers le marché américain ont atteint 360 millions de dinars et concernent principalement les dattes et l’huile d’olive, notamment biologique.
 

Un impact direct limité mais une menace indirecte importante

Selon Ennaifer, l’impact direct des nouveaux droits de douane de 28 % imposés par Donald Trump sur les importations tunisiennes aux États-Unis réduira la compétitivité des produits tunisiens sur ce marché. Toutefois, il estime que cet effet restera limité sur la balance commerciale bilatérale, car les exportations tunisiennes vers les États-Unis ne représentent qu’une faible part des exportations totales de la Tunisie.

En revanche, les effets indirects pourraient être bien plus conséquents. En effet, Washington a également instauré une taxe de 20 % sur ses importations en provenance d’Europe. Or, certaines industries européennes s’appuient sur des produits tunisiens, totalement ou partiellement fabriqués en Tunisie, notamment dans le secteur des composants automobiles. Cette nouvelle donne pourrait entraîner une baisse de la demande européenne pour ces produits, alors que l’Union européenne représente environ 70 % des exportations tunisiennes.
 

Des opportunités possibles sur le marché intérieur

Toutefois, Ennaifer estime que la hausse des droits de douane américains sur les produits alimentaires tunisiens n’aura pas d’impact majeur pour la Tunisie. Au contraire, un éventuel surplus de production pourrait être absorbé par le marché intérieur, entraînant une baisse des prix de ces produits.
 

Un enjeu monétaire crucial pour la Tunisie

L’économiste insiste sur l’importance d’améliorer les exportations et d’augmenter les recettes en devises pour assurer la stabilité monétaire du pays.

Enfin, il ne s’attend pas à un changement immédiat des politiques monétaires et protectionnistes de la Banque centrale tunisienne face à ces nouvelles tensions commerciales. Selon lui, la récente baisse du taux directeur de la Banque centrale de 50 points de base reste modérée, et le niveau actuel des taux d’intérêt demeure suffisant pour protéger la valeur du dinar contre les fluctuations économiques mondiales.