Economie tunisie

Tabarka: Un souci de décollage

La situation actuelle de l’Aéroport international de Tabarka inquiète. Son activité accuse, depuis des années déjà, une baisse de régime préoccupante. Les statistiques sont, à cet effet, dramatiques. En 2010, l’aéroport a accueilli 65.000 voyageurs. Une année après, le nombre s’est limité à 18.000. En 2019 et 2020, le constat s’est aggravé encore plus avec seulement 600 visiteurs. L’année d’après, c’est la disette totale. Un constat désolant qui nécessite une réaction rapide.

La Presse — Décidément, toutes les tentatives pour relancer Tabarka et pour en faire un pôle touristique hautement attractif ont été vouées à l’échec. Pourtant, tous les paramètres sont réunis pour gagner un tel enjeu : un site exceptionnel, un potentiel naturel diversifié et un fond marin très riche, notamment en corail rouge. Sans parler, bien entendu, d’un patrimoine culturel et écologique plutôt rare, dominé, entre autres, par son fort génois ou encore ses fameuses aiguilles, cet ensemble de rochers qui a toujours constitué, à lui seul, l’emblème de la ville.

Et même l’Aéroport international Tabarka-Ain Draham, lancé en 1992, avec l’objectif stratégique de donner de nouvelles ailes à cette région du Nord-Ouest et garantir ainsi son envol, n’a jamais réussi sa mission. Bien au contraire, cette réalisation ambitieuse est en train de devenir une charge lourde aussi bien pour les responsables locaux que pour la tutelle elle-même, en raison d’une activité en chute libre.

Il suffit de rappeler à ce niveau qu’en 2010, à juste titre, cet aéroport a accueilli 65.000 voyageurs. Une année après, le nombre s’est limité à 18.000 visiteurs. En 2019 et 2020, le constat a empiré avec seulement 600 voyageurs.  Une année plus tard, c’est plutôt la disette totale (aucun visiteur !). Une chute libre qualifiée d’incompréhensible et même d’énigmatique pour la majorité des observateurs, tellement l’équation est complexe. Et c’est d’ailleurs  une telle gravité qui a contraint les premiers responsables de l’activité aéroportuaire de procéder à la fermeture de l’aéroport. Il faut dire qu’aussi la reprise de l’activité en 2022 n’a rien apporté de prometteur. Le constat est resté le même.  D’ailleurs, selon les statistiques de l’Office de l’aviation civile et des aéroports (Oaca), tous les aéroports ont connu en 2024 une nette évolution au niveau du mouvement des avions commerciaux, à l’exception de Tabarka qui a failli à la règle générale avec une baisse de plus de 33%. Inadmissible pour un projet qui nécessite, chaque année plus de 8 millions de dinars pour son exploitation et le maintien de son opérationnalité.

Une nouvelle approche de gouvernance

Toutefois, malgré ce constat désolant, l’espoir d’un proche redressement de la situation est de plus en plus d’actualité. D’ailleurs, l’Oaca affirmait, récemment, que le souci prioritaire était de maintenir d’abord l’opérationnalité de l’aéroport. Pour ce qui est de la prochaine étape, on apprend qu’une nouvelle approche de gouvernance et notamment de commercialisation est en train d’être mise en place pour la relance de l’activité. Un financement important serait mobilisé à cet effet.

On espère toutefois que ce programme de redressement ne se limitera pas à l’activité aéroportuaire, car l’échec de l’Aéroport de Tabarka n’est pas isolé.

Toutes les opérations engagées pour la relance de la ville du corail ont été classées rapidement. Pourtant, plusieurs programmes ont connu des débuts encourageants. On se rappelle certainement du festival international de la photo sous-marine, « Corali’s », qui a été suspendu à sa sixième édition, alors qu’il a réussi à assurer à la ville une dimension touristique internationale, en se classant même à la 6e position mondiale. Et même la reprise annoncée en 2019 n’a pas abouti.

On se rappelle aussi des autres rendez-vous, le Jazz notamment, pour longtemps associé à Tabarka, et qui a été « retiré » du circuit culturel et touristique local, faute de budget, dit-on. Même sort pour les autres festivals, le « Latinos » et le « Raï ». Autant de gâchis gratuits et surtout incompréhensibles. De son côté, le projet du « Lézard vert », le train reliant Tabarka à Wechtata, soit un parcours de 18 km, et qui devrait apporter une valeur ajoutée touristique certaine grâce à son concept écologique, n’a jamais vu le jour.

Il faut rappeler que le lancement de ce projet retenu, en 1996 et enfin prêt en 2002, dans le cadre d’un programme de partenariat public-privé, a été dicté par le souci de libérer, progressivement, la ville de la vocation exclusivement balnéaire, et promouvoir ainsi une offre globale et intégrée, comme aime le rappeler l’initiateur du projet, feu Belgacem Wechtati. Il est question d’une offre alternative « qui aurait pour mérite de valoriser et de capitaliser les spécificités propres à la région, jusque-là très mal exploitées ». Malheureusement, le projet a été finalement « classé », faute de financement mais aussi et surtout de volonté.

L’échec de la ville de corail est donc général, ce qui suppose que les solutions de correction devraient être globales.

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