Sylvère Bankimbaga, Ex-président du Club des Dirigeants de Banques et Établissements de Crédit d’Afrique : “Le Trade Finance Gap concernant l’Afrique est estimé à une centaine de milliards de dollars”
Le DGA de la Banque commerciale du Burundi «Bancobu» affirme qu’à mesure que le cadre normatif des banques se renforce, le risque de ne pas pouvoir contribuer à un financement suffisant et pertinent des économies africaines grandit.
Dans son allocution d’ouverture des journées annuelles du Club des dirigeants de banques et établissements de crédit d’Afrique, l’ex-président du Club, Sylvère Bankimbaga, a mis l’accent sur le poids que fait peser la pression réglementaire sur les banques. Il a précisé, dans ce contexte, que la volonté des pouvoirs publics d’agir en fonction de l’inclusion financière mais aussi de réduire la pauvreté justifient la vigilance accrue des institutions monétaires et financières. Pour Bankimbaga, l’enjeu qui s’impose alors n’est pas de réduire les activités bancaires mais de savoir à quel niveau poser le curseur pour que la pression réglementaire soit un adjuvant et non un frein au financement approprié de l’économie sur le continent. “Cette question récurrente prend tout son sens, car très souvent les évolutions réglementaires, issues essentiellement de l’adaptation des textes internationaux, sont présentées, comme entre autres avantages, un moyen pour améliorer la perception du risque sur le continent et, de facto, améliorer l’insertion de l’Afrique à l’économie mondiale”, a-t-il précisé. Il a ajouté qu’au moment où toutes les zones monétaires du continent ont accéléré leur rythme de production de textes normatifs, le de-risking continue à se partager. “Alors que les conseils d’administration et les comités exécutifs de nos établissements de crédit sont de plus en plus familiers avec le reporting KYC, Fatca… et autres normes relatives à la compliance, trouver un correspondant et garder des relations d’affaires, à long terme, devient de plus en plus difficile”, fait-il remarquer. Et de soutenir qu’à mesure que le cadre normatif se renforce, le risque de ne pas pouvoir contribuer à un financement suffisant et pertinent des économies africaines grandit. “Depuis 2012, on estime qu’au moins une dizaine de grands établissements, historiquement très présents sur le continent, ont supprimé le service de cash clearing en dollars à leur clientèle, alors que le Trade Finance Gap concernant l’Afrique est estimé à une centaine de milliards de dollars”, a-t-il précisé. Il a souligné, à cet égard, que les réponses à ce paradoxe doivent être pensées aussi bien d’un point de vue endogène qu’exogène.
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