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Stratégie nationale de transition écologique : Face aux impacts du changement climatique, la Tunisie essaye de s’adapter

 

Élaborée par le ministère de l’Environnement, la Stratégie nationale de transition écologique (Snte) à l’horizon 2035-2050 promet de contribuer efficacement à la lutte contre le réchauffement climatique. Citoyens et industriels devront toutefois s’impliquer profondément.

Comme le reste de la planète, la Tunisie n’est pas épargnée par les menaces de plus en plus sérieuses du changement climatique. En témoignent l’aggravation de la sécheresse, la hausse des températures et du nombre d’incendies, l’érosion du littoral, la chute du volume de remplissage des barrages, ainsi que les émissions de gaz à effet de serre. Cela sans compter que notre pays figure dans la liste de l’ONU, comme étant « un point chaud de la Méditerranée qui connaît une mortalité massive d’espèces comme les coraux, les oursins et les mollusques.»
Ayant participé au premier Sommet mondial sur le changement climatique tenu en 1992 à Rio (Brésil), la Tunisie fait partie des 84 pays qui ont signé en 1997 le fameux Protocole de Kyoto dans lequel les signataires se sont engagés à réduire de 7,6% chaque année les émissions de gaz à effet de serre. Notre pays est également concerné par l’appel lancé en février dernier par l’ONU, qui exhorte le monde à prendre très au sérieux l’action climatique, à travers l’adaptation, d’ici à 2025, de nouveaux plans nationaux pour le climat qui s’alignent sur l’objectif majeur à atteindre : empêcher la planète de se réchauffer de 1,5 degré.
Pour Hafedh Messaadi, climatologue tunisien, enseignant dans une université privée, « une éventuelle hausse des températures supérieure à 1,5 degré serait, avertissent les experts internationaux, lourde de conséquences, pour ne pas dire catastrophique pour l’humanité. Tout simplement parce qu’elle provoquera inéluctablement des sécheresses, des tempêtes, des événements climatiques extrêmes, la détérioration de l’approvisionnement alimentaire, la mort de 70% des récifs de corail qui fournissent l’alimentation et font travailler des dizaines de millions de personnes dans le monde, outre la montée des eaux qui pourrait forcer des millions de riverains à abandonner leurs domiciles et leurs communautés ».

Les climatosceptiques résistent

P a r a d o x a l e m e n t , l e s sombres p ersp ectives sans cesse martelées par l’ONU, appuyées par tous les écolos romantiques que compte notre univers, sont vues d’un œil moqueur par certains spécialistes occidentaux. Il s’agirait, selon ces climatosceptiques, d’une «hypocrisie d’institutions qui prétendent agir en faveur du climat, alors qu’elles sont à la solde de puissants groupes industriels polluants ».
Contre toute attente, notre interlocuteur reconnaît une part de vérité dans ces propos, «dans la mesure où nous vivons dans un monde où tout est conditionné et régi par des intérêts sordides et des pratiques mafieuses, brassant des milliards de dollars. Toujours est-il que je suis franchement contre l’exagération. Car, qu’on le veuille ou pas, on ne peut pas ignorer l’existence d’un fléau, à savoir le changement climatique». Et notre expert de citer des exemples qu’il considère comme irréfutables. «Primo, énumère-t-il, dans un récent rapport établi conjointement par l’ONU et l’Union africaine, il s’est avéré que le réchauffement de la terre engendre des risques accrus et souvent mortels pour les personnes âgées ou atteintes de certaines maladies comme l’albinisme. Secundo, la plupart des pays injectent d’énormes capitaux dans la lutte contre le changement climatique. C’est le cas, entre autres, du Qatar qui a dépensé plus de 350 millions de dollars rien que pour la mise en œuvre de la stratégie des véhicules électriques qui prévoit l’installation de plus de 600 dispositifs de recharge dans les entrepôts, les stations de bus et de métro et dans d’autres emplacements sélectionnés pour prendre en charge les véhicules électriques ».

Changeons de comportements

Selon Mme Arbia Moulahom, experte internationale en transition écologique et enseignante, « 97% des climatologues dans le monde s’accordent sur le fait que les humains sont responsables du changement climatique et que, outre les sources d’énergie fréquentes, comme le pétrole et le charbon, les industries mondiales des viandes et des produits laitiers sont responsables de 60% des émissions de gaz à effet de serre », mettant en garde contre le risque de voir l’exploitation des terres agricoles réduites de 75%, si ces deux secteurs continuaient à fonctionner à plein régime.
Que faire alors pour espérer éviter le pire ? C’est très simple répond notre interlocutrice, qui estime que «d’après plusieurs études et enquêtes menées récemment en Occident, les solutions les plus efficaces contre le réchauffement climatique conseillent l’usage des fluides frigorifiques et les éoliennes terrestres, la réduction du gaspillage alimentaire, une alimentation riche en végétaux, la protection des forêts tropicales, la généralisation des centrales solaires, de l’usage des véhicules électriques, l’institution d’une agriculture durable et l’investissement dans les toitures voltaïques ».
Et Mme Moulahom d’ajouter : « Non, on ne peut pas tout laisser aux gouvernants. Car il s’agit là d’une cause commune qui implique notre mode de vie. Nous devons, en tant qu’individus, nous adapter et changer de comportements.
Ainsi, est-il recommandé, notamment de limiter l’utilisation du chauffage et du climatiseur, de se déplacer à pied, à vélo ou en transports publics, de prendre moins l’avion, de passer au véhicule électrique, d’opter pour les ampoules LED et les appareils électriques moins gourmands en énergie, de limiter le gaspillage alimentaire, de privilégier les achats écologiques, de développer l’accès aux sources d’énergie renouvelables. Il est même conseillé, lors de la lessive, d’opter pour l’eau froide et le séchage du linge à l’air ». Dans le sillage de la prévention, La Presse a contacté le docteur en nutrition Ridha Mokni, qui estime qu’ «il est bien temps, dans cette conjoncture particulièrement explosive que traverse l’humanité, de troquer l’habituel petit déjeuner de viande et de produits laitiers contre un petit-déj à base de plantes. On ne perdrait rien à le faire pour au moins soutenir les efforts de l’Etat».

Nous sommes sur la bonne voie !

D’ailleurs, la Tunisie a été l’un des premiers pays à avoir signé, puis adopté les solutions recommandées par l’ONU et basées essentiellement sur la nature, pour la conservation de la biodiversité et la restauration des écosystèmes. « Certes, chez nous, faute de ressources financières suffisantes, les grandes réalisations tardent à venir, mais je dois dire que nous sommes sur la bonne voie », fait remarquer Hafedh Messaadi qui nous renvoie à la stratégie nationale de transition écologique (Snte) à l’horizon 2035-2050 élaborée par le ministère de l’Environnement. Selon ce département, « tout a été mis en œuvre pour assurer les conditions de réussite à ce projet du futur ». En effet, pas plus tard que le 9 juillet dernier, ledit ministère et celui de la Santé se sont penchés, en partenariat avec le Pnud, sur la question du changement climatique et de ses impacts sur la santé des Tunisiens, en mettant en avant, à travers études et ateliers de formation, l’importance de l’approche onusienne, la résilience climatique et la décarbonisation des systèmes sanitaires, la planification des services de santé et des infrastructures sur la base d’une cartographie des risques climatiques et le recours au guide développé par l’ONU, pour accompagner l’intégration de la résilience à l’adaptation climatique.
Le mois prochain, une nouvelle session de formation en changement climatique est également prévue. Ouverte aux femmes qui investissent dans l’économie verte dans les régions de Kairouan, Gafsa, Kébili, Gabès, Tozeur, Tataouine et Médenine, cette session est organisée par le ministère de l’Environnement, en partenariat avec le Canada et le Pnud. Ainsi, malgré quelques retards et aléas, nous sommes sur la bonne voie !

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