Sport – La vie des clubs : Grenouillage…
Si un de nos ancêtres se réveillait et qu’on l’invitait à s’attabler sur une terrasse de café de Halfaouine ou au Morkadh, et qu’on lui demandait comment en son temps ils procédaient pour créer une association sportive, il nous aurait décrit ce que nous vivons actuellement : un rêve les yeux ouverts. Un cauchemar qui bloque une machine qui ne demande qu’à changer de braquet pour repartir sur les chapeaux de roues.
Il nous dira qu’il suffirait qu’une dizaine de copains se décident à créer un club pour que tout se fasse dans la semaine. Le budget, l’infrastructure, les ressources propres, etc…, cela venait bien plus tard. Une subvention du gouvernorat, le don d’un copain, la contribution d’une entreprise ou d’un parent et le tour est joué. La machine pouvait tourner.
De nos jours, les choses ont changé. Tout d’abord, l’Etat n’a pas à donner de l’argent pour ce genre d’activités. S’il en donnait, ce serait pour un établissement scolaire et ses infrastructures par exemple et non pour encourager ces rêveries sans lendemain.
Ne parlons pas de ce qui se passe au niveau des amateurs. C’est, sans aucun doute possible, un drame que l’on camoufle par des commentaires qui ne veulent rien dire. Surtout que ce sont les équipes professionnelles qui accaparent toute l’attention. Ici, c’est un comité provisoire qui reprend en main une association « professionnelle ».
Là, c’est l’installation d’un groupe de volontaires qui aura à remettre de l’ordre et à préparer la saison, à propos de laquelle le flou n’est plus artistique, mais bien dramatique.
D’où ces honorables personnalités tiennent-elles ce pouvoir et comment vont-elles se comporter pour mener à bien leur mission salvatrice ?
En cas de problèmes, comment expliqueront-elles leur acte volontaire et plein d’attachement à leurs couleurs?
Au rang du subalterne
La loi (et il est interdit d’ignorer cette loi) ne tranche pas en prenant en compte les bons sentiments. Elle exigera des justificatifs. Les comptes, la teneur des dettes et la liste des créanciers et des engagements faits. Combien de comités directeurs de clubs sont-ils partis en laissant l’association endettée jusqu’au cou ? Quelles ont été les suites ?
Voilà l’état dans lequel se trouve notre «professionnalisme». Voilà où en est ce football tunisien mis sous tutelle par la Fifa. Après avoir été des pionniers et des formateurs, nous voilà rangés au rang de subalternes qui doit se contenter d’obéir.
Le ministre de la Jeunesse et des Sports a averti que toutes les fédérations seront tenues d’organiser leur AG dans les semaines qui suivent.
Qu’en sera-t-il des clubs qui brassent des milliards tout en se déclarant en pleine dèche ? Qui est responsable du personnel sportif, des techniciens et des administratifs engagés au nom du club?
Face à ce grenouillage et à ce gribouillage, l’ancêtre retournera là où il était.
Pas parce qu’il se sentira dépassé par les événements, mais parce que ses pairs et lui étaient plus prudents et plus regardants lorsqu’ils avaient à décider de choses aussi importantes.
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