Economie tunisie

Soutien des projets de décarbonation :  Le rôle crucial des institutions financières

 

Face à la pression croissante des normes environnementales, la décarbonation s’impose aujourd’hui comme un défi majeur pour l’économie tunisienne. Entre financements verts et coopération internationale, comment les entreprises exportatrices peuvent-elles transformer cette contrainte en opportunités ?

Avec le durcissement des normes environnementales et l’instauration de mécanismes pénalisant les industries polluantes, la décarbonation est devenue un enjeu majeur pour l’économie tunisienne, en particulier pour les entreprises industrielles exportatrices. Au-delà des engagements de la Tunisie vis-à-vis de l’accord de Paris, qui vise à réduire de 45 % ses émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2030, la décarbonation représente un gisement financier important grâce aux financements verts mobilisés par les bailleurs de fonds et les grandes institutions financières internationales. Pour braquer les lumières sur cette question cruciale qu’est le financement de la décarbonation, le forum « Décarbo-Med », qui s’est tenu récemment à Tunis, a consacré un panel à ce sujet, auquel ont pris part des experts et des représentants d’institutions financières.

Le rôle qui incombe aux institutions financières 

Prenant la parole, Néji Ghandri, président du Conseil Bancaire et Financier (CBF), a souligné l’importance de cet événement, qui intervient « à un moment où les impacts des changements climatiques se multiplient. Les engagements environnementaux doivent donc se traduire par des actions tangibles, immédiates et pragmatiques ». Il a ajouté que le soutien financier est au cœur de cette transition et que les parties prenantes sont appelées à innover pour trouver des solutions capables de répondre à cette urgence. « Le rôle des institutions financières nationales et internationales n’a jamais été aussi critique. Il s’agit de canaliser les investissements vers les projets verts et d’inventer de nouvelles façons pour financer cette transition », a-t-il insisté.

De son côté, Tom Aschwanden, représentant de la délégation de l’Union européenne en Tunisie, est revenu sur les politiques engagées par l’Union européenne dans le cadre du Green Deal pour accompagner la transition écologique en Europe et dans le monde. Il a affirmé que la création d’un poste de commissaire dédié à la Méditerranée constitue un engagement supplémentaire envers cette région du sud. « Nous sommes très encouragés par ce développement qui devrait nous permettre de répondre encore plus spécifiquement aux particularités de notre région, avec laquelle nous travaillons étroitement », a-t-il précisé. Aschwanden a rappelé que l’Union européenne, bien qu’elle ne contribue qu’à hauteur de 8 % aux émissions mondiales de gaz à effet de serre, impose des normes environnementales strictes à ses industries, dans l’objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici à 2050. Il a ajouté que l’Europe se veut être un acteur clé de la transition écologique mondiale, en collaborant étroitement avec ses partenaires. Cet engagement se traduit par des financements et des crédits internationaux, dont le montant a atteint 28 milliards d’euros en 2022.

La BEI, un partenaire de première ligne

Jean-Luc Revéreault, directeur du bureau de la BEI, a, quant à lui, mis l’accent sur la nécessité d’orienter les financements vers des projets simples, comme l’éclairage public, et d’autres plus complexes, comme les projets d’efficacité énergétique, notamment l’isolation des bâtiments publics, qui permettent de réaliser des économies considérables. « Les financements privés pourraient être alloués à la production d’énergie renouvelable, tandis que les financements publics peuvent être consacrés au renforcement du réseau et à l’efficacité énergétique », a-t-il affirmé. En outre, Revéreault a souligné l’importance de la préparation des projets, une étape cruciale avant l’obtention des financements. Il a indiqué qu’avant qu’un projet atteigne sa maturité financière, un travail de préparation approfondi doit être réalisé en amont.

C’est là qu’intervient la BEI, en fournissant une assistance technique et des conseils pour structurer les projets de décarbonation. Il a également précisé que la BEI joue un rôle clé dans la transition verte de la Tunisie en mobilisant des financements pour les promoteurs publics et privés. Le guide de décarbonation, actuellement en préparation par la BEI et l’Union européenne, est un exemple de cette coopération. Ce guide pratique est destiné aux entreprises tunisiennes et européennes pour les aider à décarboner leurs processus de production, leur permettant ainsi de continuer à exporter vers l’Union européenne sans avoir à payer la taxe carbone aux frontières. Ce guide est en cours d’élaboration en coopération avec l’Agence nationale pour la maitrise de l’énergie (Anme) et bénéficie du soutien financier de l’Union européenne. Revéreault a par ailleurs, évoqué d’autres initiatives, comme celle visant à aider la Société tunisienne de l’électricité et du gaz à renforcer son réseau, notamment avec le projet « Elmed », qui, au-delà des financements, nécessite une assistance technique et une expertise pointue. De plus, un fonds de plus de 400 millions d’euros, provenant de dons de l’Allemagne et géré par la BEI, a été mis en place pour préparer des projets d’hydrogène vert en Tunisie. Ce fonds permettra à des projets privés d’émerger, subventionnés par des dons pour financer l’assistance technique dans plusieurs pays non-européens, dont la Tunisie.

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