«Sidi Bou Said, ou l’âme lumineuse d’un village haut perché» de Ksenia Filippova à la Galerie Saladin : Impressions et mises en scène
Entre huile, aquarelle et autres techniques mixtes, Ksenia Filippova y diversifie les techniques, les approches, les références et avec elles les formats et les «situations picturales». Elle nous confie avoir, tout de même, une référence pour les grands formats, car ne limitant pas son geste et son propos.
«Sidi Bou Saïd, ou l’âme lumineuse d’un village haut perché», tel est le titre de l’exposition de l’artiste russe Ksenia Filippova, visible actuellement et jusqu’au 15 septembre à la galerie Saladin. Scènes de vie, quotidienneté transfigurée sur toile, Sidi Bou Saïd, ses lieux et ses lumières… c’est ce que nous inspire, à sa lecture, le titre poétique mais néanmoins un peu «bateau» de l’exposition.
En réalité, le propos, esthétique du moins, transcende cet énoncé, et en faisant un petit détour du côté de l’espace d’art tenu avec beaucoup de passion par Ridha Souabni, on découvre que ce qui se trame dans cette exposition va au-delà de cette appréhension narrativo-figurative que suggère son titre.
Entre huile, aquarelle et autres techniques mixtes, Ksenia Filippova y diversifie les techniques, les approches, les références et avec elles les fomats et les «situations picturales». Elle nous confie avoir, tout de même, une référence pour les grands formats, car ne limitant pas son geste et son propos.
On comprend d’emblée que son «style» s’inscrit dans la tradition de l’école impressionniste russe, à laquelle elle intègre des éléments du post-impressionnisme, de l’expressionnisme et parfois de l’art naïf russe. Mais ce qui fait la particularité de la majorité de ces œuvres, c’est le fait qu’elles aient été réalisées en plein air dans différents coins et recoins de Sidi Bou Saïd où l’artiste a pu poser son chevalet pour recueillir in situ, ici et maintenant, des bouts de quotidiens, des mouvements, des scènes de vie, des lumières, des tonalités de couleurs, qu’elle représente directement sur ses toiles ou qu’elle investit comme matériaux et éléments picturaux pour des mises en scène et en situation à venir.
Au-delà de l’instantanéité, il s’agit aussi pour Ksenia Filippova de retenir des «impressions» et des éléments qu’elle peut reformuler autrement ailleurs. On peut dans ce sens reconnaître facilement dans ce foisonnement de touches de couleurs vibrantes qu’elle propose (et ses clins d’œil à Van Gogh), des rues et des lieux mythiques de Sidi Bou Saïd, mais aussi déceler des traits de vie et une quotidienneté (cafés et plages bondés, nuits estivales mouvementées…), propres aux villages méditerranéens. Viennent aussi les observations de l’artiste et son œil de photographe avisée qui assimile différentes composantes des lieux qu’elle arpente et réorganise au gré de son imagination.
Entre autres petits et moyens formats d’aquarelle, huiles et acryliques abordées en technique mixte, ce sont les grands formats qui nous retiennent le plus car dépassant la simple figuration statique, se jouant de la perspective, des proportions et confondant les plans, à l’instar de ses plages et ses mers en aplats de feuilles d’or et d’argent et ses personnages masculins à la silhouette allongée. Des œuvres aux allures de fresques avec ce désir assumé de l’artiste et envie de dépasser les bords de la toile et de déborder.
Née en 1969 à Moscou, Ksenia Filippova est diplômée avec distinction de l’école d’art pour enfants du district de Krasnopresnenskaya de Moscou, ainsi que du département de peinture de la Faculté des arts et de la graphique de l’Université pédagogique de Moscou, où elle a suivi les cours de Valentina Tokareva.
De 1991 à 2000, l’artiste a parcouru les provinces russes, le sud de la Russie et les anciennes républiques soviétiques, à la recherche de nouvelles palettes chromatiques et d’inspirations pour ses études artistiques. Durant cette période, elle a participé activement à des expositions collectives.
En 2000, elle intègre l’Académie de photographie de Moscou, puis l’école des auteurs de Pavel Smirnov. Parallèlement à son œuvre personnelle, elle entame une carrière de photographe professionnelle, collaborant avec des magazines prestigieux et des agences publicitaires, tout en illustrant une série d’ouvrages (elle a effectué dans ce cadre un grand travail autour de villes tunisiennes, en collaboration avec l’Office national du tourisme tunisien). Cette période fructueuse culmine avec une exposition personnelle à l’Union des journalistes de Moscou en 2001.
À partir de 2005, elle commence à explorer assidûment le bassin méditerranéen, s’attachant à capturer la vie méridionale, les scènes de rue, les portraits et les scènes de la vie quotidienne. Elle élabore une série d’œuvres picturales et photographiques, participant régulièrement à des expositions individuelles et collectives.
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