Culture

Retour sur les Journées chorégraphiques de Carthage 2023 : Ça danse à El Fahs


Les Journées chorégraphiques de Carthage, pour cette 5e édition, ont tenté un projet pilote. Dans une optique de décentralisation et d’investir des lieux extramuros et explorer des espaces improbables comme moteur pour la création et une meilleure diffusion de cet art resté encore à nos jours, incompris. Et le choix s’est porté sur le site de Thuburbo Majus à 60 km de Tunis pour installer une scène convenablement aménagée pour accueillir des spectacles de danse.

Ce site archéologique proche de la ville d’El Fahs est un lieu insolite pour ce genre d’expérience. Une aventure à risque que l’organisation des Journées a tenté.

Le public présent lors des trois soirées était fasciné par la beauté du site millénaire qui remonte à l’époque punique, romanisée par la suite. Identifiée au milieu du XIXe siècle, c’est une ville de superficie totale de 120 hectares environ, qui englobe un noyau urbain d’environ 40 hectares dont 7 seulement ont été fouillés.

Entre colonnes, chapiteaux, portes et temples, la danse a élu domicile telle une partie prenante du décor. Les esprits voyagent, les âmes se rencontrent et la communion fut totale en cette soirée étoilée du mardi 13 juin.

La population locale a aussi fait le déplacement ; familles et enfants ont suivi avec intérêt ce que la scène leur offrait : deux spectacles dont l’énergie créative a su les captiver.

En première partie «Astride et Bastien», un duo chorégraphié et conçu par Aicha M’barek et Hafiz Dhaou. Sur un univers sonore éclectique, les deux interprètes Aristide Desfreres et Bastien Roux ont fait de ce lieu le leur. L’idée de cette création est née suite à “Fraters”, pièce de groupe pour six danseurs de la formation Hip-Hop du Conservatoire Régional de Chalon sur Saône, puis Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou ont eu envie de créer un duo pour deux danseurs issus de ce groupe. De l’énergie particulière ressentie chez ces deux danseurs jaillit une dualité espiègle. Les corps s’imbriquent, s’attachent, se relâchent, dans un rapport d’attirance et de répulsion. Leur complicité frôle la complémentarité. L’équilibre n’est possible qu’une fois le contact établi. Les corps échouent sur le sol, l’élèvent au ciel, chatouillent les étoiles et créent une poésie unisexe. Deux corps en transe avec des pulsions qui jaillissent et débordent pour atteindre le public sous leur emprise.

La seconde partie de la soirée fut assurée par «sidewalk stories», une création americano-tunisienne de danse et de performance.  Présentée en première mondiale à Carthage dance, ce travail collaboratif réunit des artistes de Tunisie et des USA. En honorant à la fois les deux cultures, cette performance symbolise la beauté de la fusion culturelle et met en avant la force des communautés. 5 chorégraphes américains ont collaboré avec des danseurs des deux pays pour donner vie à cette œuvre qui raconte les histoires d’une danse qui envahit la vie quotidienne. «Sidewalk stories» vient d’une idée de happening dans une urbanité morose, elle injecte du rêve et souligne le vécu avec une grande marge de créativité. D’un tableau à un autre, le slameur Hamdi Majdoub donne le ton. Une parole libre, affranchie et poignante dans sa poésie urbaine vient soutenir une écriture en filigrane. Les danseurs s’attroupent comme des particules pour former un ensemble compact puis s’éparpillent pour libérer une décharge électrique et énergique. Solos, duos, et mouvements de groupe, l’ensemble séduit et entraîne dans un univers à la fois familier et étrange.

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