Culture

Retour sur le spectacle d’ouverture des JTC «Star returning» de Lemi Ponifasio : Une œuvre saisissante de beauté

La pièce est troublante de justesse par sa mise en scène réglée au millimètre près. Dommage qu’elle ne soit pas sous-titrée, ce qui aurait aidé à sa compréhension et son interprétation.

La pièce s’ouvre sur une scène abstraite en couleurs représentant une sorte de big bang, suivie d’un cri immense porté par la voix d’une femme. S’agit-il d’une réincarnation, d’une renaissance d’un monde nouveau ou bien de la mort imminente d’une planète menacée d’extinction vers une autre terre promise. Ou est-ce cette promise qui est vouée à la disparition ? Autant de questions suscitées par cette création alliant théâtre, danse et chant, présentée en première mondiale —après la Chine— à la Maison de l’Opéra devant une salle pleine.

La pièce est troublante de justesse par sa mise en scène réglée au millimètre près. Dommage qu’elle ne soit pas sous-titrée, ce qui aurait aidé à sa compréhension et son interprétation. Plus d’une vingtaine de comédiens et de comédiennes vêtus de longs costumes sombres se meuvent lentement sur  la scène alors que la voix puissante, instrument essentiel de cette œuvre, s’élève haut dans l’espace métamorphosé en un univers cosmique oppressant et froid.

Après ces invocations, le silence s’installe et on apprécie les silhouettes qui apparaissent puis disparaissent dans le noir comme happées par une main invisible. On ne peut que savourer ces moments d’extase où surviennent, dans ce calme sidérant de nouveau, ces silhouettes pour assister à un rite  sacrificiel. On comprend alors les intentions de l’auteur qui prône la spiritualité. Loin des clichés vulgarisant et vulgaires sur le théâtre chinois tel qu’on l’imagine, mais aussi tel qu’on l’ignore, la pièce nous éclaire sur le travail considérable qui a été entrepris pour arriver à installer cette scénographie et impliquer les comédiens dans cette entreprise mystérieuse.

Dans un autre tableau, un rai de lumière vertical divise l’arrière-plan de la scène en deux. Dans la partie à droite, on peut lire «Land promise» (Terre promise), ce qui nous renvoie immédiatement à des références métaphysiques, voire religieuses. Un personnage presque nu est étendu sur le sol à l’intérieur d’un cercle, les bras en croix à la manière de Jésus Christ. Après le rituel funéraire, il est transféré par  des hommes en dehors de la scène. La longue procession est accompagnée du chant évocateur et déchirant de la cantatrice.

Le danger semble imminent sur la terre. Un ailleurs est envisageable. Deux personnages en tenue blanche de cosmonaute  marchent au ralenti vers une autre destination. Puis l’un d’eux prend de la hauteur. Il s’envole. On retient son souffle tant la scène est saisissante. C’est à la limite du surnaturel.

Ainsi, l’auteur se penche dans son œuvre avant-gardiste sur l’essence de l’existence, l’avenir de l’humanité, l’environnement et la culture. L’idée centrale de «Star returning» consiste à retrouver les liens qui unissent les dimensions de la vie, à savoir la relation de l’homme à l’homme, de son rapport à la nature et au cosmos. L’interconnexion est un thème très fort dans l’œuvre de l’artiste ainsi que la réflexion sur la modernité et ses résonances sur la vie.

«Star returning» est un spectacle épuré, dégagé de toutes sortes de fioritures. Le choix du noir et blanc rehaussé par un clair-obscur lui donne encore davantage de valeur et d’envergure. Difficile à appréhender, la pièce reste un moment fort de cette 25e édition des Journées théâtrales de Carthage.

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