Rencontre avec Lisette Lombé, élue «poète nationale belge de l’année»: Populariser la poésie par le slam
L’artiste, écrivaine et slameuse belge, Lisette Lombé, a été en Tunisie pour animer des masterclass et des ateliers poétiques orchestrés par la Délégation générale Wallonie-Bruxelle en Belgique avec divers partenaires. Lauréate des Golden Afro Artistic Awards en 2020 et du Grand prix du roman 2023 de l’Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique pour son Roman Eunice, elle est actuellement élue «poétesse nationale de Belgique» pour les années 2024 et 2025. Ce titre l’engage particulièrement à valoriser les échanges littéraires et culturels. Nous l’avons rencontrée à la Faculté des Lettres, des Arts et des Humanités de La Manouba où elle nous a parlé de sa passion pour le slam, un art hybride, entre écriture littéraire et performance.
Le slam est une forme de déclamation poétique populaire et engagée qui a vu le jour aux Etats-Unis dans les années 1980 dans des milieux artistiques alternatifs. Les spectacles et les compétitions se jouent dans des espaces publics comme les rues ou dans un lieu de spectacle. Il diffère du rap, un style musical qui nécessite des rimes et dont le contenu des paroles peut parfois être vulgaire ou entraînant. Le slam, par contre, est moins agressif comme il se concentre davantage sur l’aspect poétique. Il n’a pas besoin de rimes et se joue sur scène avec ou sans accompagnement musical. Il a été introduit en Tunisie depuis des années, suite au succès de grands noms français, à l’instar de Grand Corps Malade et Abdel Malik. Lisette Lombé mène une carrière très réussie de poètesse slameuse et explore les mots et leur rythme sur scène comme sur le papier. «Tout a commencé par une agression raciste dans le métro», nous raconte-t-elle. «J’ai une carte d’identité belge, mais je porte sur mon visage les marques de mes origines congolaises. Mon premier texte est né de cet incident».
En effet, comme elle nous l’a bien expliqué, le slam est intégré dans les concours littéraires en Belgique. «C’est une manière de populariser et dépoussiérer la poésie», ajoute-t-elle. «En Belgique, tous les slameurs connus sont édités. On est loin de l’image de l’artiste maudit qui finit mal. En France, ils sont plus dans l’oralité». Lisette Lombé célèbre ainsi à la fois l’art de l’écriture et l’art de la performance scénique en faisant de la poésie un spectacle vivant. En écrivaine engagée, antiraciste et féministe, elle dénonce l’injustice et le harcèlement. Son énergie rappelle les grandes heures des combats pour les droits civiques de ses ancêtres. Elle collabore avec de nombreuses associations, notamment celles qui soutiennent les femmes victimes de violence, afin de les aider à métamorphoser leurs émotions en textes afin de partager ce qui bouillonne en elles. Et, parce que «un je peut devenir un nous», elle a fondé L-Slam, un collectif de poétesses, multiculturel et intergénérationnel qui organise des ateliers et des podiums de slam, selon le principe du marrainage. Des artistes confirmées accompagnent d’autres femmes dans l’écriture de textes et soutiennent ces dernières pour leur première montée sur scène. Sa démarche d’activiste et d’ambassadrice du slam aux quatre coins de la francophonie lui a valu, en 2017, le titre de Citoyenne d’Honneur de la Ville de Liège.
Lors de sa visite en Tunisie, Lisette Lombé a animé des ateliers d’initiation à l’écriture poétique afin de donner le goût de l’écriture aux participants tout en leur offrant un véritable espace d’expression. C’est dans ce cadre qu’elle a été le 23 septembre dernier à la Médina de Tunis avec l’association tunisienne l’Art Rue. Un séjour édifiant certes, mais bref comme elle doit tourner dans les jours qui suivent un passage à «La Grande librairie», le célèbre magazine littéraire diffusé sur France 5.
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