Rached Ghannouchi décide de boycotter les interrogatoires : L’instruction se poursuivra normalement
L’on se demande comment les choses vont se dérouler, maintenant que Rached Ghannouchi a pris la décision de ne plus répondre aux convocations des juges d’instruction.
La réponse est toute simple: les juges poursuivront leurs enquêtes et auditions et le mandat de dépôt pourrait atteindre 14 mois comme le stipulent les procédures en vigueur
Désormais, les Tunisiens se réveillent quotidiennement en se posant la question suivante: qu’est-ce que Rached Ghannouchi va nous produire aujourd’hui ?
Une deuxième question taraude aussi les esprits des Tunisiens ou, pour être plus précis, ceux qui veulent savoir comment se déroule l’instruction depuis l’arrestation du leader nahdhaoui: qu’est-ce que les avocats Ghannouchi, qui meublent quotidiennement les talk-shows radiophoniques, vont révéler à l’opinion publique à propos de la marche de l’instruction, plus particulièrement pour ce qui est des questions auxquelles il décide de répondre et pour ce qui est des questions auxquelles il décide de ne point répondre ?
Et la nouveauté révélée, mardi 25 avril, par Mokhtar Jemai, l’un des avocats les plus médiatisés du président d’Ennahdha aux côtés de Samir Dilou, consiste dans le fait que Rached Ghannouchi, placé à la prison civile de la Mornaguia depuis le 20 avril, a décidé de ne plus répondre à aucune convocation de la part d’un juge d’instruction. Ce qui revient à dire qu’il a décidé de clore, de sa propre volonté, les interrogatoires menés par le juge d’instruction concernant l’affaire du complot contre la sûreté de l’Etat pour laquelle il a été arrêté et dans laquelle il est présumé coupable jusqu’à ce que le juge d’instruction en charge de l’affaire rende son rapport auprès de la chambre d’accusation.
Donc, à considérer les déclarations de Me Mokhtar Jemai comme reflétant véritablement la décision de Ghannouchi, on peut dire que le juge d’instruction en charge de l’affaire n’aura plus de questions à poser au président d’Ennahdha et se contentera de poursuivre son enquête en interrogeant les deux autres présumés impliqués dans l’affaire en question.
Mais pourquoi Rached Ghannouchi a-t-il décidé de «garder le silence et de ne plus assister aux instructions» ? Me Mokhtar Jemai précise: «Mon client a décidé aujourd’hui (mardi 25 avril) de boycotter toutes les convocations le concernant. Il a refusé d’assister à l’instruction encore une fois après avoir estimé que son procès était politisé et qu’il y avait une forme d’atteinte à son encontre».
Me Jemaï révèle aussi que son client a fait l’objet de «plus de 120 heures d’instructions et d’auditions dans le cadre de 23 dossiers pénaux».
Il ajoute : «La dernière audition à la suite de laquelle il a décidé de ne plus répondre aux convocations du juge d’instruction a trait à la confrontation qui s’est déroulée entre Ghannouchi et l’agent de police assurant être en possession d’une vidéo sur une rencontre entre Ghannouchi et des terroristes. La défense ayant exigé de voir la vidéo en question, l’agent de police a tout simplement répondu qu’il a perdu la vidéo en question».
Ghannouchi peut rester en détention préventive de 14 mois
Maintenant que Rached Ghannouchi a décidé de ne plus rencontrer le juge d’instruction pour répondre à ses questions à propos des soupçons qui pèsent sur sa personne pour ce qui est de sa possible accusation «de complot contre la sûreté nationale» et aussi pour ce qui est des autres affaires le concernant comme celle de l’association «Namaa» ou celle de l’envoi de jihadistes dans les foyers de tension en Syrie et en Libye (Mokhtar Jemai insiste pour dire que le boycott des convocations concerne n’importe quelle affaire parmi les affaires où Ghannouchi est poursuivi et a déjà fait l’objet de plusieurs auditions), l’on se demande comment les choses vont se passer, c’est-à-dire quand Ghannouchi va-t-il être jugé ou relâché par la justice pour insuffisance de preuves ?
Me Mokhtar Jemai n’apporte pas de réponse claire à cette question et tout en répétant que le mandat de dépôt contre son client «était injustifié et qu’il résultait d’une pression extérieure», il se contente de faire remarquer : «D’un point de vue procédural, le mandat de dépôt peut être appliqué durant 14 mois, soit un an et deux mois. C’est pour cela que nous considérons que c’est une mesure dangereuse. Il fait l’objet d’une enquête relevant du droit commun et non d’une affaire terroriste».
Il est à préciser, en outre, que Rached Ghannouchi n’a pas entamé, mardi dernier, une grève de la faim comme répercuté par certains réseaux sociaux «en signe de contestation des conditions de son arrestation».
C’est sa propre fille, Soumaya Khériji, qui a démenti l’information sur sa page Facebook en assurant que son père «a décidé simplement de boycotter tous les interrogations et toutes les convocations de n’importe quel juge d’instruction sur n’importe quelle affaire où il est présumé impliqué».
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