Projections économiques: Impulser la croissance, dynamiser l’investissement
Face aux tensions géopolitiques mondiales et aux incertitudes économiques qu’elles engendrent, la Tunisie continue de démontrer sa capacité à s’adapter à des conjonctures fluctuantes, mettant en avant la solidité de son tissu économique et social.
Aujourd’hui, le contexte international est marqué par de multiples défis : instabilité géopolitique persistante, pressions inflationnistes croissantes, volatilité des cours des matières premières et intensification des aléas climatiques. Face à cette conjoncture complexe, l’exercice des projections économiques en Tunisie s’avère délicat. En effet, les chantiers sont multiples, dont le renforcement de l’Etat social, un chantier ambitieux et socialement nécessaire. En outre, la dynamisation de l’investissement, dont l’enjeu central réside dans la capacité des projets envisagés à générer une croissance économique suffisamment robuste pour assurer le financement pérenne des programmes sociaux. La préservation des équilibres macroéconomiques demeure problématique, notamment en raison d’un déficit budgétaire dont la résorption repose principalement sur le recours à l’endettement extérieur, soulevant des questions sur la soutenabilité à long terme des finances publiques.
L’économie tunisienne est désormais en quête d’un nouveau souffle pour impulser la croissance et résorber le chômage, malgré les difficultés de financement rencontrées, faute de mesures à même d’encourager l’initiative et l’entrepreneuriat.
La loi de finances 2025 comporte des objectifs à atteindre. Selon les chiffres avancés par Mohamed Salah Ayari, xonseiller fiscal et membre du Conseil national de la fiscalité, les ressources de l’Etat ont été estimées à 78,2 milliards de dinars, marquant une légère amélioration par rapport à ce qui était attendu à fin 2024 soit 75,7 milliards de dinars et 69.3 milliards de dinars en 2023. Elles proviennent essentiellement des recettes budgétaires de 50,028 milliards de dinars contre des réalisations probables de 47,311 milliards de dinars en 2024 et 49,160 milliards de dinars en 2023. Les recettes fiscales y contribuent pour 45,249 milliards de dinars, soit une amélioration par rapport à 2024 (3,099 milliards de dinars) et les recettes non fiscales pour 4,429 milliards de dinars contre 4,340 milliards de dinars en 2024.
Le montant prévu des emprunts pour 2025 est estimé à 28,003 milliards de dinars dont 21,872 provenant des emprunts intérieurs et 6,131 milliards de dinars seulement des emprunts extérieurs. D’après l’expert, le volume total des emprunts de l’Etat s’élèvera, ainsi, à 147,402 milliards de dinars, à fin 2025, soit 80,5% du PIB, réparti entre emprunts intérieurs de 85,984 milliards de dinars et emprunts extérieurs de 61,418 milliards de dinars. Cela représente respectivement 58.3% et 41.7%. « Ces emprunts contribueront au financement de la masse salariale et des dépenses courantes de gestion ».
Prévisions des dépenses
Les dépenses de l’Etat pour l’année 2025 sont estimées à 78,231 milliards de dinars, dont les dépenses de fonctionnement évaluées à 59,828 milliards de dinars, les dépenses d’intervention évaluées à 20,518 milliards de dinars, les subventions estimées à 11,593 milliards de dinars, dont 7,112 milliards de dinars pour les hydrocarbures, et 3,801 milliards de dinars pour les produits de base et le reste pour le transport. L’expert n’a pas manqué de rappeler que « les subventions distribuées à fin août ont atteint 561 millions de dinars et celles prévues pour les quatre derniers mois de 2024, atteindraient 3,030 millions de dinars ». Pour ce qui est des dépenses d’investissement estimées à 5,426 milliards de dinars en 2025, elles sont légèrement supérieures à celles de 2024, avec une prévision de 5,274 milliards de dinars. Concernant les dépenses du Trésor, elles sont estimées à 28,203 milliards de dinars, incluant le remboursement du principal de la dette, qui se chiffre à 18,203 milliards de dinars.
Le conseiller fiscal indique que « la structure des dépenses met en évidence une forte proportion allouée aux charges récurrentes, notamment la masse salariale et les subventions, au détriment des investissements productifs et des dépenses de développement. Ce déséquilibre risque de limiter la capacité de l’Etat à stimuler la croissance économique et à répondre aux défis structurels du pays ».
Soutien social
Pour 2025, la feuille de route de l’Etat comprend plusieurs axes, à savoir l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens, le soutien des femmes rurales à travers la création de fonds sociaux couvrant les risques liés aux accidents de travail, à l’accès à une couverture sociale, à des exonérations fiscales sur les revenus. Parmi les mesures figurent aussi la facilitation de l’accès au logement, l’exonération de la TVA sur certains produits, la révision de l’imposition progressive des revenus des particuliers et des entreprises, l’encouragement à la réalisation des projets dans les économies vertes, bleues et circulaires. A ceux-ci s’ajoute l’intégration des micros et petites entreprises dans l’économie formelle à travers le Fonds national pour l’emploi, doté de 10 millions de dinars.
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