Projection de «FARHA» de Darine J. Sallam dans le cadre de «Palestine Cinema Days» au Cinémadart: Une histoire qui se répète !
Tourné en Jordanie, qui compte une importante communauté palestinienne, notamment dans les localités d’Ajloun et de Fuheis, le film s’inspire d’une histoire vraie, celle d’une femme nommée Radiyé. Cette dernière, selon la réalisatrice, avait été enfermée par son père qui craignait pour sa vie, et lorsqu’elle a enfin pu sortir de sa cachette, elle a gagné la Syrie.
En ces temps d’horreur, où l’on assiste impuissants à l’effroyable punition collective et nettoyage ethnique commis par l’entité sioniste à l’encontre des Gazaouis, au su et au vu de la communauté internationale, des mouvements populaires se sont lancés un peu partout dans le monde, pour soutenir le peuple palestinien et pour protester contre la furie et l’hégémonie sioniste qui bafouent les lois internationales en s’attaquant impunément à des femmes et à des enfants, en ciblant des hôpitaux, des écoles et des camps de réfugiés.
Le Cinémadart s’est joint au mouvement en optant pour l’image, sa force et son impact, en lançant une conversation continue avec la scène artistique et culturelle palestinienne et en installant un espace de réflexion sur des images filmiques sur la Palestine.
C’est dans ce cadre que s’est tenue, jeudi dernier, en collaboration avec Filmlab : Palestine, la projection du long-métrage de fiction «Farha” de Darine J. Sallam, programmé dans le Festival « Palestine Cinema Days » qui aurait dû avoir lieu en octobre en Palestine. «A l’heure où de nombreux médias internationaux, réseaux sociaux et dirigeants mondiaux se livrent à la censure et déforment le récit de la Palestine, à l’heure où ceux-là mêmes contribuent à la déshumanisation des Palestiniens et la négation de leur souffrance continue, nous ouvrons notre “espace/ salle” au festival «Palestine Cinema Days» contraint d’annuler sa 10e édition prévue dans 5 villes palestiniennes», notent les organisateurs.
L’événement tombait à pic avec la commémoration de la désastreuse Déclaration Balfour et mettait à l’honneur une fiction inspirée de la Nakba («catastrophe»), celle que représente aux yeux des Palestiniens leur exode massif lors de la création de l’Etat d’Israël en 1948.
La recette était dédiée dans son intégralité au Croissant-Rouge tunisien au profit de sa campagne de solidarité avec les Palestinien-ne-s de Gaza.
Réalisé en 2021, «Farha» est le premier long-métrage de Darine J. Sallam, elle y raconte l’histoire d’une adolescente palestinienne que son père cache dans le garde-manger de leur maison lors de l’attaque par des combattants juifs et britanniques de leur village, d’où elle va assister, impuissante, à un massacre de civils. Les premières images du film dévoilent des scènes de vie quotidiennes dans une bourgade de la Palestine en 1948. Soleil vif, oliviers, figuiers, petites habitations en pierres qui abritent les rêves et les aspirations de leurs habitants. Le rêve de Farha, une jeune adolescente de 14 ans, était de poursuivre ses études. Elle tente avec l’appui de son oncle maternel de convaincre son père, parle mariage avec ses amies, participe à la cueillette des figues… avant l’attaque du village.
Le calme du début est subitement renversé par le chaos qui s’installera dans ce petit village à l’arrivée des soldats britanniques et des «Israéliens». La suite du film se passera dans le cellier de leur maison où la jeune fille s’est réfugiée sur ordre de son père. Elle y est enfermée, sans eau et sans nourriture, une forte image qui nous renvoie automatiquement à la situation actuelle des Gazaouis assiégé-e-s qui font face a un génocide et à la nôtre celle de spectateurs amers et horrifiés face aux images d’horreur qui nous parviennent quotidiennement. Farha est en même temps assiégée et spectatrice, elle assistera impuissante, dans l’angoisse et dans la peur, à la catastrophe qui consume sa maison. Tourné en Jordanie, qui compte une importante communauté palestinienne, notamment dans les localités d’Ajloun et de Fuheis, le film s’inspire d’une histoire vraie, celle d’une femme nommée Radiyé. Cette dernière, selon la réalisatrice, avait été enfermée par son père qui craignait pour sa vie, et lorsqu’elle a enfin pu sortir de sa cachette, elle a gagné la Syrie.
C’est là qu’elle a raconté l’histoire à la mère de la réalisatrice qui est syrienne (son père est originaire de Ramala, dont la plupart des habitants ont dû fuir en 1948). Sa mère lui ayant transmis cette histoire, elle décide de la partager à son tour et d’en faire un film en hommage à cette femme dont elle a perdu tout contact depuis la guerre en Syrie en 2011). L’idée était aussi et surtout d’ouvrir les yeux du monde sur cette étape charnière dans l’histoire de la Palestine, du monde arabe et du monde tout entier, en montrant que cette terre était habitée par des gens qui avaient des attaches, des aspirations et des rêves.
Lors de la Nakba de 48, plus de 760.000 de ces gens ont été forcé.e.s de fuir leurs villes et villages, dont plus de 400 ont été détruits par les forces juives durant la guerre de 1948. Leurs descendants sont notamment répartis entre la Jordanie, la Syrie et le Liban où beaucoup vivent encore dans des camps de réfugiés.
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