Produits cosmétiques brésiliens en Tunisie : Ce que l’on vous cache
Les produits cosmétiques brésiliens, autrefois perçus comme le summum de la qualité et de l’innovation, connaissent aujourd’hui un revers inquiétant sur le marché tunisien. Derrière les promesses de beauté et de soins révolutionnaires, une réalité bien plus sombre émerge. Ces produits, souvent importés en masse, suscitent désormais des interrogations de plus en plus pressantes quant à leur efficacité et leur sécurité. Face à cette situation, des révélations choquantes mettent en lumière des pratiques douteuses qui, loin de répondre aux attentes des consommateurs, exposent les risques liés à l’inefficacité de certains traitements et à la circulation de produits non conformes.
À l’heure où les produits cosmétiques brésiliens connaissent une popularité croissante en Tunisie, le secteur est plongé dans une tourmente de défis complexes. Entre accusations de qualité insuffisante et la multiplication de pratiques commerciales douteuses, le marché tunisien s’interroge sur les répercussions de ces produits importés, notamment en termes de sécurité et de santé publique.
Dans ce contexte, et à la lumière du récent communiqué du ministère de la Santé qui met en garde contre certains produits de beauté douteux, à leur tête la marque « Brasil Cacau », Mohamed Ben Hessine, expert en la matière, a pris la parole pour dissiper les zones d’ombre, clarifiant l’impact réel de l’arrivée de ces produits sur le marché local et leur conformité aux normes de santé.
Les dangers sous-estimés des produits capillaires
Ben Hassen, trichologue et fondateur d’une marque locale, critique vivement l’utilisation de l’acide glyoxylatique dans les produits de lissage brésilien, notamment en raison de ses risques pour la santé capillaire. Cet ingrédient est souvent présenté comme une alternative plus sûre au formaldéhyde, mais Ben Hassen met en lumière les dangers potentiels liés à son utilisation, en particulier à des concentrations élevées. Bien que le Brésil ait pris des mesures pour limiter l’usage du formaldéhyde, certains produits contenant cet ingrédient continuent d’être commercialisés à l’international, avec des variations de concentration ou des substances de substitution tout aussi dangereuses.
Le trichologue souligne également les problèmes liés à la réglementation des produits cosmétiques en Tunisie. Bien que des documents de sécurité, comme les formulaires MC1 et MC2, accompagnent les produits, le manque de transparence et de traçabilité dans leur mise sur le marché demeure un problème majeur. Il dénonce la lenteur des autorités tunisiennes, notamment en ce qui concerne les tests de sécurité des produits cosmétiques importés, et l’absence de laboratoires certifiés en Tunisie pour effectuer des analyses chimiques sur des substances telles que les phthalates.
Les tests de sécurité et d’efficacité des produits sont également au cœur de ses préoccupations. Ben Hassen insiste sur la nécessité de disposer d’infrastructures adaptées pour réaliser ces tests en Tunisie, afin de garantir la qualité des produits et la sécurité des consommateurs. Il critique aussi l’aspect marketing de certains produits qui, bien que vantant des ingrédients comme l’huile d’argan, dissimulent les effets nocifs d’autres substances chimiques.
En ce qui concerne l’usage de l’acide glyoxylatique dans les traitements de lissage, il a indiqué que bien que cet acide puisse être bénéfique à des concentrations comprises entre 5 % et 10 %, des concentrations supérieures, couramment utilisées dans les produits importés, sont potentiellement dangereuses. Ben Hassen met en garde contre les effets indésirables liés à l’utilisation de ces produits mal dosés, soulignant que l’absence de contrôle strict et de réglementation rigoureuse dans l’importation de ces produits représente un risque pour la santé des consommateurs.
Une analyse approfondie
Mohamed Ben Hassen se penche aussi sur les effets de l’acide glyoxylatique, en particulier lorsqu’il est utilisé dans des traitements chimiques tels que les lissages capillaires. Il explique que cet acide, présent dans des concentrations, variant entre 20 % et 35 %, interagit avec la structure des cheveux dans des conditions de pH très acides (inférieures à 3 %), ce qui peut entraîner une dénaturation des cheveux. Cette dénaturation affecte principalement le cortex capillaire, l’une des trois couches principales du cheveu.
L’acide glyoxylatique, largement utilisé dans les produits capillaires, joue un rôle clé en modifiant la structure interne des cheveux, notamment au niveau du cortex capillaire. Cette interaction chimique agit sur la cystéine, un acide aminé crucial de la kératine, et peut entraîner des modifications de la forme capillaire, parfois au détriment de la résistance des fibres. Mohamed Ben Hassen souligne que l’efficacité et les effets de cet acide dépendent de sa concentration, de sa formulation et des conditions d’application. Il met également en garde contre les risques liés aux produits mal formulés.
Bien que l’acide glyoxylatique puisse théoriquement libérer du formaldéhyde, une substance toxique, ce phénomène n’intervient que sous des températures extrêmement élevées, bien au-delà des pratiques usuelles de coiffure. Les recherches actuelles ne démontrent pas de danger immédiat pour la santé humaine dans le cadre d’une utilisation conforme. Cependant, une étude brésilienne (2017-2018) a révélé ce potentiel de libération, attirant l’attention des autorités sanitaires, notamment en Europe et en Amérique latine, où des contrôles stricts encadrent l’utilisation de cet ingrédient.
Ben Hassen insiste sur l’importance des interactions chimiques entre ingrédients, qui peuvent engendrer des effets indésirables si les formulations ne sont pas maîtrisées. Par exemple, l’association avec le formol est particulièrement problématique en raison de leur incompatibilité.
“L’acide glyoxylatique, bien que controversé, est considéré comme sûr lorsqu’il est utilisé dans le respect des normes de sécurité. Il reste toutefois essentiel pour l’industrie cosmétique de poursuivre les recherches et d’assurer une vigilance constante afin de garantir la sécurité des consommateurs”, a-t-il assuré.
Sur le plan réglementaire, la situation reste complexe. Des préoccupations persistent concernant certains ingrédients cosmétiques, tels que le cyclopentasiloxane, utilisé fréquemment dans les produits capillaires. Ce silicone, bien qu’efficace pour protéger les cheveux des éléments externes, soulève des inquiétudes en raison de son potentiel polluant et de sa tendance à s’accumuler dans les cheveux. Cette accumulation peut bloquer les pores du cuir chevelu et altérer la croissance capillaire à long terme.
« Les discussions sur ces produits cosmétiques sont donc en constante évolution. Il est crucial de suivre les recherches et régulations internationales pour assurer la sécurité des consommateurs », a-t-il souligné, tout en ajoutant que le marché brésilien, avec ses vastes ressources naturelles et la richesse de la région amazonienne, présente un potentiel élevé dans le secteur des cosmétiques. Le contrôle qualité des produits est essentiel, surtout dans un domaine aussi exigeant. Les produits brésiliens, souvent soumis à des tests rigoureux, respectent généralement les normes de qualité internationales.
*Un trichologue est un expert des cheveux et du cuir chevelu, spécialisé dans le diagnostic et le traitement des problèmes capillaires (comme la chute de cheveux, les infections du cuir chevelu, etc.). Contrairement à un coiffeur, le trichologue a une formation médicale et utilise des outils spécialisés pour analyser la santé capillaire et recommander des traitements adaptés.
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