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Présidentielle 2024 : A qui profitent les campagnes de désinformation sur la Toile ?

 

Écartées du paysage qui a viré, ces dernières années, à la foire d’empoigne, certaines parties comptent sur la manipulation de l’opinion publique pour espérer un come-back sur la scène politique.

A l’approche de la présidentielle fixée au 6 octobre prochain, les réseaux sociaux ont été pris d’assaut aussi bien par les candidats écartés de la course au palais de Carthage que par leurs partisans. Simultanément, des   marionnettistes agissent en toute discrétion par-delà les frontières, là où quelques anciens hommes politiques ont élu domicile et ont décidé de mener campagne. Ils semblent nerveux et sceptiques tandis que la majorité des Tunisiens croient toujours en un avenir meilleur en dépit d’une conjoncture économique difficile.

Refus de se soumettre aux lois électorales

Ainsi, au moment où le pays tend à faire face aux problèmes récurrents liés à la modernisation de l’administration et des services publics, des politicards de la 25e heure se contentent de tailler des croupières à tout projet d’investissement étranger dans le pays. Les partis politiques, évincés du pouvoir et discrédités, ne comptent pas pour autant jeter l’éponge et tentent un come-back forcé, par l’entremise des alliés d’hier qui les avaient propulsés au pouvoir.  Ils refusent aujourd’hui de se soumettre à la loi et jettent l’anathème sur l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie) qui n’a fait qu’appliquer strictement la loi en vigueur vis-à-vis des candidats à la présidentielle, selon les déclarations de son président, Farouk Bouasker.

Justement, il semblerait que l’application de la loi n’était pas appréciée des partis politiques qui dominaient le paysage politique du pays. Ni les rapports de la Cour des comptes ni ceux de la Mission d’observation européenne n’ont pu mettre un terme aux crimes de financement qui avaient entaché chaque campagne électorale.

« Bien que le cadre juridique régissant le financement des campagnes électorales soit relativement complet, son application avait pâti à cause de contrôles publics déficients. Les délais d’examen prévus à cet effet sont longs et inadaptés au calendrier électoral et la vérification des comptes est confiée à des institutions qui ne disposent pas de ressources suffisantes ou de structures appropriées. Le contrôle des comptes annuels des partis politiques est également dysfonctionnel, contribuant à l’opacité du financement politique. Cette situation, où les acteurs politiques ne respectaient pas les règles du jeu, n’a pas permis de garantir la transparence du financement ni l’égalité entre les candidats » avait mis en garde la Mission européenne dans son rapport final publié après les législatives de 2019.

De l’intelligence artificielle à mauvais escient

L’évolution de la campagne de diffamation usant des nouveaux outils de l‘intelligence artificielle (le deepfake), ne ciblait pas seulement manifestement l’Isie, mais plutôt le processus de changement. En témoignent les vidéos truffées de fake-news qui empoisonnent aujourd’hui la Toile, d’autant que « les algorithmes ne sont pas toujours neutres, alerte un spécialiste de l’IA». Ils ont été conçus pour filtrer et cibler aussi bien les informations que les actualités.

Ainsi des propos saugrenus et très graves ont été récemment attribués à l’un des partisans d’un candidat à la présidentielle, incitant à la guerre civile, ce qui a conduit à l’ouverture d’une enquête judiciaire afin de vérifier l’authenticité de la vidéo et le cas échéant arrêter la personne en question.

Tentatives de manipulation de l’opinion publique

Contacté à  ce sujet, le secrétaire général du parti El Massar, l’avocat Mahmoud Ben Mabrouk explique à notre journal, qu’il s’agit, selon lui, d’une vidéo truquée, générée par l’intelligence artificielle. « Son objectif ne prête pas à équivoque.  En effet, certaines parties veulent à tout prix discréditer la présidentielle en colportant de fausses informations sur les réseaux sociaux, après avoir échoué à faire acte de candidature à la magistrature suprême ».

Au lieu de déposer un recours auprès du Tribunal administratif, ceux dont le dossier de candidature a été refusé, soit pour absence du nombre requis de parrainages, défaut de caution financière ou non-satisfaction de conditions inhérentes à la nationalité et au casier judiciaire, se sont lancés dans des campagnes de diffamation contre l’Isie et n’ont pas manqué, par la même occasion, d’échafauder les pires scénarios. Ils ne ratent aucun incident, aussi infime soit-il, à brosser un tableau noir de la situation, loin de la réalité. Coupures d’eau et d’électricité et autres informations sont systématiquement amplifiées sur les réseaux sociaux.

En ces temps de désinformation et de tentatives de manipulation de l’opinion publique, il est bien utile de rafraîchir la mémoire des observateurs et analystes de tous bords, que des partis politiques qui avaient vidé les caisses de l’Etat et avaient été exclus de l’ARP, après avoir fait du pays une foire d’empoigne, sont toujours aux aguets  et espèrent mettre le feu aux poudres au moment opportun.

« Toute tentative d’éliminer une des composantes politiques ne peut mener qu’à la guerre civile », avait présumé le président du parti Ennahdha, en avril de l’année dernière. Aujourd’hui, les dirigeants des partis politiques qui ont cru échapper à la justice se sont trompés, ils sont derrière les barreaux pour plusieurs chefs d’accusation, dont l’atteinte à la sécurité de l’Etat.

Le porte-parole officiel de l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie), Mohammed Tlili Mansri, a tenu à nous confirmer dans une brève déclaration, que tous les travaux de l’Isie sont accessibles au public, comme en témoingne l’application qu’elle a mise à disposition des citoyens pour vérifier les parrainages. Celui qui a des doutes concernant l’usurpation de son identité peut s’y opposer, en contactant directement l’Isie ou en déposant une plainte auprès de la Justice. 

Le porte-parole officiel de l’Isie ajoute que des citoyens ont déjà contacté l’Isie, après avoir constaté que leurs identités avaient été usurpées pour détournement de parrainage. Leurs plaintes ont été déférées au Parquet. Mais il s’agit là de cas isolés, a-t-il tenu à préciser. L’Isie reçoit les parrainages et procède à la vérification de certaines données. Dans le cas où des données obligatoires ne figureraient pas dans le parrainage, ce dernier est systématiquement annulé. A ce titre, l’Isie a reçu 371 484 parrainages pour tous les candidats qui ont déposé leurs candidatures.

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