Présentant l’Initiative citoyenne de la Cgtt : Guiza révèle ses vérités et dévoile son programme
Et maintenant que les dés sont jetés, la Cgtt cherche à mieux se placer, en vue de jouir de ses pleins droits syndicaux. Entre autres, celui de négocier, d’agir et de proposer
Au moment où elle s’apprête à tenir, d’ici la fin de cette année, son 3e congrès post-révolution, la Cgtt, Confédération générale tunisienne du travail, revient de loin. Désormais, elle se place sur le devant de la scène syndicale et réclame son plein droit de négociation et se présente comme une force de proposition. De ce fait, le pluralisme syndical est un droit acquis. Il n’est nullement moins important que celui politique, en consécration du libre choix des travailleurs d’adhérer à n’importe quelle organisation ouvrière de leur choix. Cet appel au respect des clauses de l’OIT, Organisation internationale du travail, émanant de la Cgtt n’a pas, jusqu’ici, trouvé un écho favorable auprès de l’Etat tunisien.
Touche pas à mon droit syndical !
Dans une conférence de presse organisée samedi dernier, son fondateur et secrétaire général, Habib Guiza, légitimement reconduit après un coup de putsch manqué, lors de son 2e congrès électif en décembre 2017, sort de son silence.
D’emblée, l’homme, entouré de son actuel bureau exécutif, n’a pas mâché ses mots pour dire ses quatre vérités, dénonçant «une fausse calomnie» fomentée, il y a six ans ou presque, à son encontre et contre ses lieutenants. Suite à quoi, le tribunal de première instance de Tunis, déclare-t-il, lui avait, le mois dernier, rendu justice. Ce jugement définitif, prononcé en sa faveur, constitue, comme le confirme le communiqué distribué aux médias présents, la preuve irréfutable de la légitimité du bureau de la Cgtt et de son secrétaire général qu’est M. Guiza, démocratiquement élu par les congressistes réunis du 2 au 4 décembre 2017. «Cette même décision met également un terme à la vaine tentative de putsch qui a eu lieu avec la complicité de l’ex-ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, et l’ancien gouvernement Chahed», précise le communiqué.
Projet en quatre axes
Pour Guiza, cet épisode fait partie du passé et nul ne peut le ressusciter. Et maintenant que les dés sont jetés, la Cgtt cherche à mieux se placer, en vue de jouir de ses pleins droits syndicaux. Entre autres, celui de négocier, d’agir et de proposer, pour le grand bonheur de ses adhérents, mais aussi pour l’intérêt supérieur du pays. «Nous sommes une force du bien et de proposition réelle…», réitère M. Guiza, considérant que son syndicat n’est ni ennemi ni allié au pouvoir actuel.
Mais, plutôt, un partenaire actif et agissant, en toute connaissance de cause. Et il doit faire partie des solutions à la crise dans laquelle s’enlise le pays. Et comme l’Ugtt avait lancé un projet d’initiative en cours d’examen dans le cadre du quartet du dialogue national, à savoir la Ltdh, l’Ordre national des avocats et le Ftdes, la Cgtt vient, elle aussi, présenter sa propre «Initiative citoyenne pour une Tunisie meilleure». Elle se veut, juge-t-il, un projet de société d’avenir, fruit d’un think-tank mûrement réfléchi au sein de l’espace Mohamed Ali Hammi, le père fondateur de la Cgtt en 1924.
Sa confédération syndicale se pose, aujourd’hui plus que jamais, en force d’édification inclusive.
Sans exclusion ni division. «Car, ce qui nous intéresse, en cette étape cruciale, c’est bien le vivre-ensemble…», souligne-t-il, en s’adressant au Président de la République et à sa Cheffe du gouvernement, il fait valoir la portée significative de son initiative.
Une initiative qui ambitionne de créer un pacte social citoyen et devra s’appuyer sur quatre axes fondamentaux. Tout d’abord, le respect des libertés publiques et individuelles, en tant que seul acquis gagné de la révolution. Soit «une ligne rouge à ne pas franchir», met-il en garde.
Le pluralisme syndical en fait partie intégrante. Secundo, la réhabilitation du prestige de l’Etat. Un «Etat stratège, prospectiviste qui applique la loi, opère les réformes nécessaires et planifie pour l’avenir…», suggère-t-il. Tertio, l’impératif de la mise en œuvre d’un nouveau modèle de développement partenarial inclusif et productif. «Tel qu’on l’avait déjà pensé, il y a 30 ans, dans l’espace Mohamed Ali Hammi», rappelle le S. G de la Cgtt.
La feuille de route
D’ailleurs, son idée puise dans ce sens, rompant avec toute forme d’économie de rente et donnant priorité à l’emploi et à la digitalisation. Dernier axe majeur évoqué, la préservation de la souveraineté nationale qui s’oppose à toutes les formes d’ingérence et de tutelle extérieure. «Seulement à la mère patrie, on doit allégeance et loyauté. Sans pour autant être enfermé sur soi», s’exprime-t-il, sans exclure tout partenariat avec l’extérieur. Du reste, l’initiative de la Cgtt demeure, à l’en croire, ouverte à toutes les forces vives de la société, y compris l’Ugtt, comme l’a révélé M. Guiza. «On n’est pas contre l’Ugtt, mais contre son unilatéralisme et son dialogue exclusif, ce qui va à l’encontre de nos droits syndicaux respectifs», fustige-t-il, indiquant que toute initiative devrait cibler l’ensemble du peuple tunisien.
Dans la foulée des préparatifs pour son 3e congrès électif attendu, début décembre prochain, Habib Guiza avait dévoilé sa feuille de route, accompagnée d’un calendrier chronologique précis.
Le 8 mars, soit à l’occasion de la Journée mondiale de la femme, une conférence internationale aura lieu, avec pour thème principal « Le droit syndical », et dont les travaux déboucheront sur la conception et l’élaboration d’un guide de bonnes pratiques syndicales. L’art et la manière d’être conforme à l’éthique du travail syndical, pour ainsi dire.
Autre rendez-vous annoncé, le festival de la solidarité qui se tiendra du 29 avril au 1er mai 2023, à l’Ariana, en commémoration de la fête du Travail.
La 30e édition de l’Université d’été sera, cette année, une nouvelle opportunité pour débattre du sujet des élites, comme leaders d’opinion, en faisant appel à des experts en la matière. En toile de fond, s’affiche un plaidoyer mobilisateur en faveur de la Cgtt, afin qu’elle recouvre tous ses droits.
Une année qui s’annonce bien chargée.
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